Le PLR vend la Suisse pour une bouchée de pain

13. mars 2019, Albert Rösti, conseiller national, Uetendorf

 

En approuvant l’accord-cadre avec l’UE, le PLR a franchi ses propres lignes rouges. Il brade des valeurs centrales de la Suisse – indépendance, souveraineté, propre juridiction et démocratie directe – pour une bouchée de pain. On est aux antipodes d’une politique fiable.

L’accord que le Conseil fédéral a négocié avec Bruxelles est inacceptable aux yeux de l’UDC pour la simple raison qu’il impose une reprise automatique du droit de l’UE. L’UDC n’est certes pas le seul parti qui rejette l’accord institutionnel. En apparence du moins, le PLR, le PS et le PDC en font autant. Ou du moins le faisaient-ils, car le PLR a déjà basculé. Depuis samedi dernier les libéraux-radicaux approuvent l’accord. C’est un changement de cap à 180 degrés : en novembre 2017, Petra Gössi, présidente du PLR, exigeait encore dans une interview à un hebdomadaire alémanique la suppression de la clause de la guillotine. Et en juillet dernier elle déclarait au quotidien « Blick » : « Si l’accord ne correspond pas à nos exigences clairement définies et à nos lignes rouges, dont les mesures d’accompagnement font partie, nous ne participons pas à l’opération. »

Les lignes rouges ne manquaient pas côté PLR. Dans son document de fond «Garantir et développer la voie bilatérale – lignes rouges et exigences du PLR» ce parti rejetait notamment la reprise automatique de droit de l’UE. Il s’opposait aussi à la directive sur la citoyenneté européenne ou à la résiliation automatique d’accords bilatéraux en cas de désaccord politique des parties au contrat, c’est-à-dire en cas de «non-application d’une interprétation de la Cour de justice de l’UE». L’accord-cadre que le PLR a approuvé samedi dernier franchit toutes ces lignes rouges. Pourquoi ce changement d’opinion ? La réponse est aussi simple que navrante : le PLR a tourné sa veste dans le sens voulu par un petit nombre de grands groupes industriels. Le PLR ne se préoccupe ni de la sauvegarde de la démocratie directe, ni du bien-être de la population ou des petites et moyennes entreprises ; son unique souci est de satisfaire aux exigences de quelques grands patrons économiques rassemblés sous le toit de l’association economiesuisse. Le changement de cap du PLR était prévisible dès la fin janvier dernier lorsque l’organisation economiesuisse avait annoncé publiquement son soutien à l’accord institutionnel. Le retournement de veste du PLR n’a donc rien d’étonnant, mais ce qui surprend, c’est le moment choisi pour l’annoncer. S’engager dès à présent à fond pour cet accord est archifaux non seulement au niveau matériel, mais aussi d’un point de vue tactique. Au lieu de soutenir le Conseil fédéral dans d’éventuelles renégociations, le PLR réduit toute pression en faveur d’améliorations de cet accord inacceptable. Les libéraux-radicaux vendent la Suisse pour une bouchée de pain.

Le PDC et le PS s’inclineront aussi
Fort des expériences du passé on peut prédire dès à présent que ce ne sera qu’une question de temps de voir aussi les autres partis s’incliner et soutenir l’accord institutionnel. Mentionnant toujours l’adhésion à l’UE comme un objectif dans son programme politique, le PS avalera sans doute avec délice les appâts en politique intérieure que sont le congé parental, la protection contre les licenciements, le salaire minimal ou encore la semaine des 35 heures comme prix pour son adhésion à l’accord-cadre. Et le PDC a d’ores et déjà prononcé un « oui » assorti d’un petit « mais ».
S’il en va selon la volonté de Bruxelles, l’accord institutionnel coupe non seulement la voie bilatérale, mais enterre par la même occasion notre démocratie directe, donc notre droit de participation politique. Si le Conseil fédéral signe cet accord, la Suisse devra à l’avenir appliquer automatiquement le droit actuel et futur lié aux cinq traités des accords bilatéraux I et aux accords futurs, accepter les jugements de la Cour de justice de l’UE et effectuer régulièrement des versements à l’UE. La reprise de la directive sur la citoyenneté européenne n’est certes pas mentionnée dans l’accord institutionnel, mais l’UE pourra l’imposer sans problème par le biais du prétendu tribunal arbitral.

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10 commentaires

  1. Posté par Socrate@LasVega le

    L’accord cadre est une honte et signera la fin de notre démocratie. Le peuple si il accepte de se faire déposséder de ses droits acquis et défendus par nos Pères, n’aura que ce qu’il mérite. L’ue fera de la Suisse un pays pauvre comme elle l’a fait avec la France…et bientôt l’Allemagne.
    Quant à ceux qui parlent de “petits inconvénients mineurs” en contre-partie, ce sont des traîtres! Un simple exemple: l’ue EXIGE comme pré-requis à l’accord-cadre la libéralisation du marché électrique car elle a besoin de notre réseau de distribution…Mais le peuple l’a déjà refusé dans les urnes. Cet accord n’est qu’à l’avantage de l’ue. Nos politiciens aussi couards que vénaux se couchent devant une commission européenne NON ELUE qu’il rêvent de rejoindre et c’est la seule raison pour laquelle ils trahissent leur serment de défendre notre Constitution!

  2. Posté par Trudy Bolt le

    Le PLR est le parti de l’emploi et de l’économie, c’est lui qui a fondé la Suisse moderne et qui continue de la réformer. C’est le PLR qui a bâti la prospérité de la Suisse et qui continue son travail. L’accord-cadre offre de nombreux avantages économiques en contre-parties de petits inconvients mineurs. Le soutenir est la seule options possible.

  3. Posté par MEIERS le

    Le PLR vent la Suisse pour une bouchée de pain? A mon avis l’estimation est tout de même un peu faible. Il doit au moins y avoir la contrevaleur de trente Talents!

  4. Posté par Yolande C.H. le

    Un accord avec un pistolet dans le dos en cas de refus, jen’appelle pas ça un accord!

    Si cet”accord-cadre” est refusé, L’UE refusera-telle le “1,3 MIA de cohésion” (entre les pays de l’UE, s’entend) que la chambre du peuple vient d’approuver ? On devrait poser cette question aux caciques de Bruxelles.

  5. Posté par Gub le

    La traîtrise est la palme du PLR. Des malades qui ne pensent qu’au fric et à leur confort (pour leurs élus) preuve de leur manque d’intelligence. A la distribution de la connerie ils sont passé 5 ou 6 fois… et a la distribution du courtage pas du tout…

  6. Posté par leone le

    Si les dirigeants du PLR avaient une once de courage ils fusionneraient avec le PS. Ça aurait l’avantage d’être clair pour ceux qui croient encore qu’ils votent à droite en votant PLR.

  7. Posté par Michel Vasionchi le

    @Antoine , je salue votre lucidité et votre courage de dire la vérité…!

  8. Posté par Michel Vasionchi le

    Les traitres qui vendent , sans vergogne , les traditions démocrates de leurs pays , au profit des technocrates lobotomisés de l’UE, ( ce n’est pas un pléonasme) ,devront tôt ou tard être traduit devant le tribunal du peuple pour rendre des comptes….!

  9. Posté par Antoine le

    Si l’accord-cadre est accepté, la démocratie suisse sera enterrée définitivement !
    NON à l’accord-cadre !
    Nous serons noyés, broyés par l’UE.
    NON au diktat de l’UE !
    Nous avons une Constitution bien plus solide que celle de l’UE !
    Nous allons connaître : hausse du chômage, hausse de la TVA, hausse des marchandises, baisse de notre niveau de vie, baisse des salaires, dumping salarial, désordres sociaux, etc …
    NON à l’accord-cadre !

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