Attaque chimique en Syrie – Chercher le vrai coupable

Michel Garroté
Politologue, blogueur
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Michel Garroté  --  "Le régime syrien à nouveau accusé d’être responsable d’une attaque chimique", titre, avec objectivité, Les Observateurs, le mercredi 5 avril 2017, au matin ("à nouveau accusé d’être responsable" écrivent Les Observateurs, et non pas "sont à nouveau responsables").
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J'aimerais, quant moi, revenir sur cette affaire. Premièrement, il faut noter que cette attaque chimique a été commise alors que l’administration américaine a fait savoir qu’elle ne faisait plus du départ de Bachar al-Assad une condition pour obtenir un accord de paix en Syrie (ce que Les Observateurs ont pris la peine de signaler).
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Deuxièmement, il faut également noter que l'opposition islamiste au régime syrien, tente visiblement de remporter une victoire médiatique, après avoir échoué à remporter une victoire sur le terrain (ce que Les Observateurs ont également pris la peine signaler).
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De ces faits-là, il est  hautement suspect, qu'une fois de plus, les médias occidentaux se soient - aussitôt - acharnés contre Bachar al-Assad et contre la Russie, avant même qu'une enquête ait été menée sur  cette "attaque chimique" et sur ses éventuels commanditaires.
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C'est d'autant plus suspect que dans ce conflit, les médias occidentaux se sont rangés - et se rangent encore - du côté des terroristes islamistes, et, s'opposent, farouchement, au régime laïc syrien (de ce fait on se demande d'ailleurs en quoi les médias russes seraient moins fiables que les médias occidentaux).
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Du reste, la Russie pointe du doigt les récentes allégations, notamment celles de l’agence de presse britannique Reuters, sur l’attaque chimique perpétrée près de Khan Cheikhoun, dans la province syrienne d'Idlib. Selon le ministère russe de la Défense, Reuters déforme les premières informations propagées (par l'OSDH) après la frappe.
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Le ministère russe de la Défense a communiqué, mardi 4 avril 2017, n'avoir porté aucune frappe aérienne dans la zone du village de Khan Cheikhoun, dans la province d'Idlib, où une attaque chimique a été perpétrée, selon les islamistes du soi-disant "Observatoire" syrien des "droits de l'homme" (OSDH) : contrairement aux allégations de Reuters, "les avions russes n'ont mené aucune frappe dans la zone de Khan Cheikhoun, dans la province d'Idlib", précise toutefois l'OSDH.
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Dès lors, en annonçant l'implication des avions russes dans le bombardement de Khan Cheikhoun avec des armes chimiques, l'agence britannique Reuters a donc réussi à déformer les premières informations propagées par la source - en clair par l'Observatoire syrien des droits de l'homme - qui n'avait rien dit à ce sujet, comme l'a déclaré le ministère russe de la Défense, le mardi 4 avril 2017.
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Auparavant, l'agence Reuters, citant l'Observatoire syrien des droits de l'homme, avait donc rapporté que « des avions appartenant au gouvernement russe ou syrien » ont attaqué avec des armes chimiques la ville de Khan Cheikhoun, dans la province d'Idlib. Pourtant, comme signalé plus haut, dans son message d'origine, l'OSDH a seulement supposé l'existence des frappes aériennes sans indiquer leur appartenance.
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Mardi 4 avril 2017 au matin, l'Observatoire syrien des droits de l'homme a précisé qu'au moins 58 personnes, dont onze enfants, avaient été tuées dans la province d'Idlib, par les frappes aériennes. Le même jour, Damas a rejeté les accusations concernant l'attaque.
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Selon une source au sein des forces armées syriennes, Damas ne détient plus d'armes chimiques [elles ont effectivement été livrées, il y a quelques années, aux occidentaux, aux termes d'un accord américano-russe], et les déclarations au sujet de l'attaque perpétrée dans la province d'Idlib pourraient faire partie d'une campagne de propagande contre l'armée syrienne.
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Rappelons que l'un des premiers cas d'utilisation d'armes chimiques par l'Etat Islamique (EI) en Syrie remonte au printemps 2013. Une attaque terroriste au sarin avait fait de nombreux morts en été 2013 dans la Ghouta orientale.
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Plusieurs pays avaient alors essayé de rejeter la responsabilité (de l'attaque chimique de l'EI) sur le président syrien Bachar al-Assad. Les terroristes de l'EI ont également utilisé des obus chargés de gaz toxique, au cours d'une attaque contre une base aérienne de la province syrienne de Deir ez-Zor, en avril 2016.
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Note de dernière minute (mercredi 5 avril 2017 à 14h00) : selon le ministère russe de la Défense, l’aviation syrienne est bien à l’origine de la frappe, mais Moscou dément la nature chimique de l’attaque qui visait un entrepôt terroriste islamique contenant des substances toxiques.
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Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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6 commentaires

  1. Posté par Pouliquen hervé le

    Donald Trump avait besoin de se refaire une certaine crédibilité au niveau national et international , d’une part par rapport à son prédécesseur B.Obama qui n’est pas intervenu en Syrie , D.Trump l’a fait, lui , et , d’autre part , de montrer qu’il n’est pas l’allié de la Russie , soi-disant impliquée dans son élection récente. Tout ça est fait pour lui donner une image crédible respectée et faire semblant de reprendre la main. Quand à la véracité des infos des médias , ha ha ha la propagande habituelle. Les russes et les syriens étaient prévenus , la base syrienne bombardée était vide de militaires , quelques épaves ont été détruites…

  2. Posté par kiki le

    J’ai pleure. Insoutenable. Je suis une mere. Je connais les douleurs de l’enfantement. Tous nos enfants qu’on assassassine partout ou il y a des guerres. la mort d’enfant n’a rien d’esthetique. Ojrdui,on ne peut pas dire qu’on vit ds l’ignorance. Avec internet c’est comme si ns tenions le monde entre nos mains. Mais n’est pas “Salvator Mundi” qui veut.

  3. Posté par Marcassin le

    Bachar serait-il aussi stupide pour se mettre dans cette situation alors que la communauté internationale semble prête à négocier avec lui ?
    Cela me paraît peu probable.

  4. Posté par Pierre Lamontagne le

    Je crois que la folie des hommes aura une fin quand ils auront compris que seul l’amour peu unir les gens et que les religions sont l’opium des peuples.

  5. Posté par aldo le

    C’est en droite ligne des précédentes tentatives de cautionner cette supercherie sans fondements. Toujours les mêmes mécanismes qui instrumentalisent des enfants, comme avec le p’tit Aylan. A croire que les ONG qui triturent la propagande pour continuer leur business à perpétuité, n’ont que ces choix sournois à disposition. Lors des précédentes accusations, ils auraient au moins pu éviter de présenter plusieurs fois les mêmes victimes dans des endroits différents. Le petit Aylan a cartonné dans le médias parce que sa photo était un montage et avait été tronquée pour qu’on ne voit pas les pêcheurs à la ligne à proximité. Mais là aussi les médias ont sérieusement occulté la vérité. Alors comment peut-on encore leur faire confiance à ces suppôts de satan ?

  6. Posté par conrad hausmann le

    Quand les alliés anglo-américains tuent des civils (par centaines) ce sont des “bavures” et autres accidents inévitables dans une guerre…Quand ce sont les russes ce sont des “crimes de guerre”. et cet”observatoire des droits de l’homme” qui est derrière ? Dans beaucoup de villes il n’y a plus une maison debout , comment cet observatoire peut-il fonctionner? C’est une machine de propagande occidentale totalement BIDON.

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