Par José Castano
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« Tous ceux qui luttent aujourd’hui contre l’intégrisme seront demain les artisans de la démocratie, parce que celle-ci est la seule véritable alternative au programme islamiste » (Alexandre Adler)
Dans son allocution du 18 septembre 2014, François Hollande a refusé toute coopération avec le régime de Bachar el-Assad pour lutter contre le terrorisme en Syrie -c’est-à-dire, l’Etat Islamique- au prétexte « qu’il ne voulait pas soutenir un dictateur » (sic) et le 15 janvier 2015, il déclarait, sans gêne aucune, à l’Institut du Monde Arabe : « L’Islam est compatible avec la démocratie ».
Quelle méconnaissance du sujet pour un Chef d’Etat ! Quelle lacune en géopolitique !
Ainsi, Monsieur Hollande ignore qu’il n’existe actuellement dans le monde arabe aucun régime démocratique. Tous les pays islamiques ont des régimes autoritaires, dictatoriaux, à parti unique, oppressif et tyrannique. Les factions rivales s’entretuent ; les violences entre sunnites et chiites (entretenues par les pays « frères ») sèment les morts par milliers dans d’atroces conditions et le terrorisme tue cent fois plus de musulmans que de non-musulmans. Seul le Liban constituait une démocratie, grâce à une faible majorité de chrétiens. On sait ce qu’il est advenu…
Dans la conjoncture présente, il est clair que le wahhabisme, mouvement extrémiste politico-religieux dont la branche armée est l’Etat Islamique, tire toutes les ficelles. Son objectif est de répandre l’islam fondamentaliste par le fer et le feu en profitant de la désorganisation que les Occidentaux ont introduite dans la plupart des pays musulmans par la suppression des chefs d’États laïques qui tenaient les populations et les religieux musulmans d’une main de fer : Kadhafi, Saddam Hussein et, bientôt, Bachar el-Assad. N’oublions pas que c’est la névrose obsessionnelle de George W.Bush (qui en avait fait une « affaire personnelle ») à l’égard de Saddam Hussein, qui a conduit les Etats-Unis à porter l’Etat Islamique sur les fonts baptismaux de la terreur.
Quelle responsabilité Bush porte-t-il dans la création de ce monstre, de ces milliers de morts, de cette misère humaine et de ces destructions ?
Kadhafi et Hussein éliminés, il reste encore Bachar el-Assad qui ne saurait « narguer » indéfiniment les occidentaux… Sur ce point, un rapport de la Defense Intelligence Agency daté d’août 2012, déclassifié en mai 2015 sur les instances d’un groupe conservateur américain à la suite d’un procès intenté à l’administration fédérale, précise que les Etats-Unis et leurs alliés opposés au régime syrien auraient intérêt à voir apparaître un Etat islamiste de tendance salafiste dans une partie de la Syrie afin d’accentuer la déstabilisation de Bachar El Assad. Cette révélation concorde parfaitement avec le témoignage du général Vincent Desportes, ancien directeur de l’Ecole de Guerre, qui avait déclaré, lors d’une audition devant une commission parlementaire française, « que les Etats-Unis ont joué un rôle actif dans la montée en puissance de Daech »
Quelle responsabilité sera celle de la France et de l’Occident après que l’EI se sera rendu maître de l’Irak et de la Syrie en totalité ? L’armée irakienne n’existe plus et celle de Bachar el-Assad, à bout de souffle, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Après la chute de Palmyre et de Deir Ez Zor, celle d’Idleb et de la base militaire de Mastouma, la route de Damas est grande ouverte aux hordes islamiques.
Depuis le 30 mai 2015, l’Etat Islamique s’efforce d’investir la ville d’Hassaké, capitale éponyme de la province située au nord-est de la Syrie, qui compte plus de Kurdes, d’Assyriens et d’Arméniens que d’Arabes. Sa chute donnerait à l'EI le contrôle d'un troisième chef-lieu de province après Idleb et Raqqa.
Dès lors, doit-on persister dans notre refus d’aider Bachar el-Assad (protecteur des chrétiens) au prétexte qu’il est un dictateur ? Et l’Etat Islamique ne représente-t-il pas un régime de terreur avec son cortège de massacres, de viols, de destruction et de recours à l’esclavage ?
Les frappes aériennes de la coalition n’ayant entamé en rien les velléités hégémoniques de l’EI, ni sa fulgurante progression, seule une intervention au sol pourrait empêcher le fatal processus d’aboutir. Cette hypothèse étant rejetée par l’OTAN et l’ONU, la solution passerait alors par la création d’une brigade internationale… Oui, mais pour quand ? Et quand on sait que bon nombre de pays musulmans qui composent l’actuelle coalition financent et aident ce même EI, on se dit que l’imbroglio qui régit cette partie du monde n’est pas pres de se clarifier…
Dans cette attente, compte tenu de l’urgence de la situation, l’Iran qui s’est imposé comme un interlocuteur indispensable pour l’Occident et entend jouer un rôle toujours plus grand dans le monde arabe, a pris -selon le journal libanais « The Daily Star » du 4 juin 2015- l’initiative d’intervenir « en envoyant 15 000 combattants en Syrie pour contrer les récentes défaites des troupes gouvernementales, et espérer obtenir des résultats d’ici la fin du mois ».
Cependant, si les tergiversations et les atermoiements de l’Occident devaient permettre à l’EI de l’emporter, MM Hollande, Fabius, Bernard-Henry Lévy et autres « moralistes » de la bienpensance, reconnaîtront-ils leur erreur criminelle de diagnostic une fois Damas tombée ? Mais il sera malheureusement trop tard ; le Califat irako-syrien aura absorbé la Mésopotamie et, partant, envahira le Liban puis étendra ses tentacules hégémoniques sur tout le continent africain.
A quelques encablures, la vieille Europe ne représentera dès lors à ses yeux qu’une grappe de raisins mûrs et juteux qu’il lui sera aisé de cueillir et il ne restera plus à nos gouvernants qu’à méditer sur cette citation de Bossuet :
« Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes ».
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José CASTANO
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