Je n’ai pas sous la main les statistiques pour les villes de Valparaiso ni de Vladivostok, mais il me semble bien que Genève doit être au monde la ville où prospèrent, au mètre carré, le plus grand nombre d’associations. Il y en a de toutes les sortes et pour tous les goûts. Protectrices de peuples lointains, de toutes les minorités possibles et imaginables. Il y a les caritatives, les amicales, celles qui défendent les quartiers, les sous-quartiers, les groupements d’immeubles, de locataires, de propriétaires, de sous-locataires, d’aide-concierges. Il y a les groupements d’intérêts, les lobbies, les usagers du tram, les fous du volant, les partisans des Bains et ceux du vélocipède. Les associations sont comme les pains et les poissons : elles se multiplient à l’infini.
Créer une association ne doit pas être très difficile, à en juger par le nombre d’hurluberlus qui s’en réclament, et aussitôt s’en vont quémander aux pouvoirs publics – la Ville, notamment – une aide financière. Au point que nos édiles municipaux, ces fameux cinq conseillers administratifs que nous allons élire le 10 mai, sont devenus de véritables machines à distribuer des sous aux associations. Et il faut les voir, les lobbyistes de ces groupements, faire le siège du Conseil municipal, chaque décembre, pour aller rappeler, sans la moindre vergogne, à nos 80 élus délibératifs de ne surtout pas les oublier, lorsqu’ils votent le budget. Et ça marche ! Parce que les élus, justement, ils ont besoin d’être un jour réélus. Alors, ils se font une clientèle. Et c’est ainsi qu’à Genève, par pléthore, l’associatif, tout doucement, prend la place du politique.
Pascal Décaillet, Première parution : GHI, 29 avril 2015
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