La France mauvais élève !

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

Ce ne sont pas les 60 000 enseignants de plus, ou les heures périscolaires laborieusement mises en place par les Communes qui résoudront le problème. Lorsqu’on regarde les écoliers studieux et souvent en uniforme de Shanghai ou de Singapour, en tête du classement, on se dit qu’une population stable, sinon homogène, des familles solides plutôt qu’éclatées, une autorité reconnue et une discipline exercée sont les véritables causes du succès. Mais dans cette perspective, ce n’est plus de réformes, mais d’une révolution dont la France a besoin.

 

Selon les commentaires d’un sondage CSA, les Français n’auraient pas le moral. Ils sont tout simplement lucides sur le déclin de leur pays. S’ils ne se trompent guère sur le diagnostic, peut-être, en revanche, n’ont-ils pas les idées claires sur la thérapeutique.  73% constatent le déclin. 77% ciblent l’aggravation des inégalités. Ils accusent en premier lieu les politiciens : pour 75% d’entre eux, les partis ont une image négative, pour 50%, le Parlement aussi et 88% considèrent que les gouvernants ne s’intéressent pas à eux. Leur jugement est également défavorable à l’encontre des syndicats (52%) et des médias (49%). Les Français savent très bien que sous les déclarations hypocrites sur l’égalité, la République et la citoyenneté se cache une oligarchie qui en prétendant s’opposer au populisme, méprise le peuple. Or les Français, qui subissent les échecs continus de ceux qui les gouvernent au nom d’un progrès illusoire, sont avec bon sens conservateurs. Ils privilégient la Famille et le Travail, ces deux réalités qui sont aussi des valeurs et dont ils sont de plus en plus privés. J’entends déjà d’ici les remarques perfides : on connaît ! Ajoutez la Patrie et on revient à Vichy ! Oui, revenons-y : jamais autant qu’à cette époque, les Français n’ont été frustrés de leur patrie occupée, de leurs familles, pour le Million de prisonniers dans les camps nazis, et d’un travail réquisitionné et rendu parfois obligatoire par l’occupant et chez lui. Ce paradoxe né de la rencontre cynique entre un slogan et la réalité n’entache en rien ces valeurs et il est légitime que les Français s’y retrouvent. Ils savent qu’une société prospère et solide repose sur des familles stables auxquelles le travail donne l’autonomie nécessaire. Là ou le bât blesse, c’est dans le besoin de protection. Que les Français demandent à ce que les enfants bénéficient de la protection d’une famille, qu’ils exigent la sécurité contre les accidents de la vie et contre la délinquance, qu’ils souhaitent que leur pays soit mieux garanti par des frontières qui le mettent à l’abri d’une immigration excessive ou d’importations destructrices d’emplois : quoi de plus légitime ? Mais il ne faut pas que ce besoin tourne au repli, à une involution suicidaire. A côté de la protection, il faut aussi qu’il y ait la liberté, celle d’entreprendre, celle de créer et d’innover. Pendant longtemps, la France a été pionnière. Elle ne l’est plus parce que la caste qui s’accroche au pouvoir n’a eu ni le courage, ni l’intelligence de procéder aux réformes indispensables.

L’enquête de l’OCDE, « Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves » (PISA) réalisée à nouveau en 2012, sur 65 pays cette fois, fournit un éclairage intéressant sur ce sondage. La France recule à la 25e place. La détérioration de ses résultats en mathématiques (18 ème, 5 places perdues) est alarmante. La comparaison est sévère : la France est le pays qui connaît la plus grande inégalité dans les résultats scolaires. Le niveau se maintient en haut et s’effondre en bas. Elle continue à baisser parce qu’elle n’a pas su procéder aux réformes nécessaires alors que des pays humiliés par les résultats de 2001, comme la Suisse ou l’Allemagne, ont nettement depuis remonté la pente. Vincent Peillon prend ces résultats pour une aubaine, la justification des réformes qu’il souhaite, alors que l’enquête, réalisée en 2012, et qui souligne un décrochage amorcé en 2006, accuse davantage la politique de ses prédécesseurs. Ce n’est pas si simple. D’abord, ce ne sont pas les Ministres, de « droite » ou de gauche, qui pilotent l’Education Nationale, mais les syndicats, qui eux sont toujours de gauche. En second lieu, s’agit-il d’un problème de moyens humains ou matériels ? Pendant des années, ceux-ci ont été accrus sans résultat. La limitation des dépenses, toute relative, sous Sarkozy, ne peut expliquer la baisse des résultats d’élèves de 15 ans en 2012. Un rapport de la Cour des Comptes, publié en Mai 2013 met en cause « la capacité du système scolaire français à assurer la réussite de tous les élèves, médiocre, comparée à celle des autres pays développés »,et constatant l’absence de lien entre dépense et résultat, appelle des mesures qualitatives et non quantitatives. Ce ne sont pas les 60 000 enseignants de plus, ou les heures périscolaires laborieusement mises en place par les Communes qui résoudront le problème. Lorsqu’on regarde les écoliers studieux et souvent en uniforme de Shanghai ou de Singapour, en tête du classement, on se dit qu’une population stable, sinon homogène, des familles solides plutôt qu’éclatées, une autorité reconnue et une discipline exercée sont les véritables causes du succès. Mais dans cette perspective, ce n’est plus de réformes, mais d’une révolution dont la France a besoin.

Christian Vanneste, 4 décembre 2013

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