Les clapotis du marécage

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

Comme si la tension entre les roses et les verts ne suffisait pas, les presque rouges en ont remis une couche. Réunis dans le fief d’Emmanuelli, Montebourg, Taubira ont écouté Hamon s’en prendre également au Ministre de l’Intérieur. C’était au cours d’une réunion du courant « Un Monde d’Avance ». On ne résiste pas à la tentation de traduire le langage orwellien de ces adversaires de la liberté.

Mélenchon évoque sa nostalgie des dimanches au bord de l’eau, qu’il n’a connus qu’à travers les films « front populaire » vus à la cinémathèque. Comme d’habitude, il fait son cinéma. Cependant les Français ont passé ce dimanche au bord d’un marécage, celui de leur politique nationale, dont la médiocrité devient chaque jour plus nauséabonde. Certes, si on se situe à droite, les vaguelettes avaient de quoi réjouir. Deux empoignades le même jour, quel plaisir ! Attention, toutefois !  A force de se diviser et de s’écharper sur tous les sujets, les Ministres et élus de gauche finissent par occuper tout l’espace du jeu politique en cantonnant la « droite » au rôle de spectatrice.

La première phase de la bataille oppose Valls à Duflot. Fort des sondages qui le soutiennent à 77%, le premier juge la référence de la seconde au pacte républicain insupportable. On ne peut que l’approuver. La sottise profonde des propos de la Ministre a franchi une triple ligne. D’abord, celle du bon sens, effacée par des réflexes idéologiques qui nient la réalité. Le lien entre immigration roumaine et délinquance est un fait, non un fantasme. Ensuite, celle de la solidarité ministérielle qui interdit à un Ministre d’en critiquer un autre, et ici, de façon gravissime, un collègue sur une question de sa compétence, alors qu’on est en charge d’un autre domaine. Cette entorse à la règle souligne une nouvelle fois la faiblesse d’une Présidence dont le titulaire ne possède pas l’autorité indispensable. Enfin, les Français attendent de l’exécutif de la Nation qu’il privilégie l’intérêt national et les écoute. Manifestement les gauchistes repeints en vert leur préfèrent leurs vieux préjugés. La logique institutionnelle exige à l’évidence le départ de Duflot. Si cela n’a pas lieu, on saura que les intérêts du parti, en vue notamment des municipales passent avant ceux du pays. Ce ne serait malheureusement pas une découverte.

Comme si la tension entre les roses et les verts ne suffisait pas, les presque rouges en ont remis une couche. Réunis dans le fief d’Emmanuelli, Montebourg, Taubira ont écouté Hamon s’en prendre également au Ministre de l’Intérieur. C’était au cours d’une réunion du courant « Un Monde d’Avance ». On ne résiste pas à la tentation de traduire le langage orwellien de ces adversaires de la liberté. C’était une réunion d’ »Un Train de Retard », avec le colbertiste du redressement peu productif et la Pasionaria des prisons. Mais Hamon, qui rivalise certes avec Duflot, sur le plan intellectuel, est aussi intervenu sur son propre terrain, celui de la Consommation et de la question de l’ouverture dominicale. Il faut noter que le commerce dépend d’un autre ministre, Mme Pinel. Chacun est de son côté du comptoir pour satisfaire les courants et un peu moins les deniers publics. Avec son sens aigu des nuances, il a jugé inadmissible l’attitude des enseignes de bricolage qui entendent ouvrir le dimanche malgré une décision du Tribunal de Commerce de Bobigny. Celles-ci sont bien contentes lorsqu’on traduit leurs voleurs en justice… Il a sans doute échappé au Ministre que les voleurs sont rarement approuvés par une majorité de la population et qu’ils n’offrent pas des emplois mieux payés qu’en semaine à des étudiants qui en ont besoin. Nombre de responsables socialistes ont donc pensé que cette révolte commerciale avait au moins le mérite de pointer l’absurdité de la loi actuelle qui crée des disparités géographiques et corporatives engendrées par notre « bricolage » législatif et son empilement de mesurettes clientélistes, la dernière, que je n’ai pas votée, datant de 2009. Restons positifs : ça prouve au moins que nos politiciens, le commerce, ils connaissent ! Depuis qu’Hamonix, le barde du temps des cerises bien rouges est allé de son couplet, dans le village socialiste, c’est la mêlée : il y a ceux qui veulent revoir la loi, ceux qui sont pour le rappel à la loi… et ceux qui pensent à la clientèle… électorale.

Dieu merci, si à gauche la guerre fait rage, le centre se réunifie. On sent l’amour pour Borloo poindre chez Bayrou. La gauche se divise. L’UMP se livre au combat des chefs. Le centre se reconstitue. Et notre coeur d’artichaut, qui n’aimait pas Sarkozy au point de voter Hollande va jusqu’à comparer ces retrouvailles avec celles d’Obama et de Rohani. N’allons surtout pas y voir un nombrilisme excessif. Il n’y a pas de doute que la renaissance de l’UDF a été le grand événement du Week-End ! Un événement historique ! Il y a 40 ans, l’UDF, cette union formée par les libéraux et les démocrates-chrétiens, dans laquelle s’était aussi logé cet intéressant fossile de la IIIe République, le parti radical valoisien, prenait l’Elysée avec l’appui d’une partie des « gaullistes ». Ceux-ci, après avoir fondé le RPR, reprenaient l’avantage. En 2002, à l’occasion de la réélection de Chirac, les quatre familles s’unissait dans l’UMP qui a manqué de peu d’être « La Maison Bleue ». Mais la mode était au bipartisme, à l’Europe et à ses « populaires », un nom inespéré pour une droite bourgeoise qui n’avait plus les moyens d’être divisée au premier tour face au Front National. On a donc aujourd’hui retrouvé la situation d’antan : une UMP, c’est-à-dire le RPR, le gaullisme en moins ; une UDI-Modem, c’est-à-dire une UDF qui ne serait ni libérale, ni démocrate-chrétienne. Dans le fond, il ne reste que deux partis radicaux, c’est-à-dire deux partis incapables l’un et l’autre d’affronter radicalement aucun des problèmes du pays, deux déserts idéologiques où ne poussent que les cactus des « ego » gorgés d’ambition et de calculs. On peut même y ajouter celui de gauche qui vient de s’opposer au non-cumul des mandats. Cela nous fait trois syndicats de professionnels de la politique peu attachés aux idées, mais accrochés au pouvoir, évitant celles-là pour être toujours proche de celui-ci, quel qu’il soit.. Le grand retour de l’esprit des défuntes Républiques, ça se fête.

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