La presse a beau jeu de s'interroger sur ce que peut bien « chercher » ou « vouloir » le président Poutine dans la formidable opération de communication qui s'est offerte à lui avec l'affaire Depardieu.
Que l'on s'imagine un instant la jouissance subtile de cet ancien officier d'antenne du KGB de Berlin-Est faisant passer le premier dissident de l'après-guerre froide par-dessus le grand rideau de fer fiscal de son côté le plus libre. La revanche sur le destin qu'a pu ressentir ce grand nostalgique de la puissance déchue du soviétisme en accordant l'asile à l'un des plus éminents ressortissants de ces nations du monde libre, si prodigues en leçons de morale, depuis si longtemps.
La Mordovie, la patrie des goulags jusqu'où l'acteur Depardieu a dû se rendre pour atteindre à ses nouvelles libertés, n'est autre que la petite touche sadique en sus, le salaire de la frustration russe devant le grand désamour mondial, la réponse d'un monde qui monte à un autre qui descend.
Et pour que cela se fasse, pour que la Russie, à peine réveillée de la longue nuit du communisme, paraisse plus fraîche et accorte que l'Europe de l'ouest il n'aura fallu que 20 ans, 20 ans de socialisme administratif de l'Union européenne, 20 ans d'excès tels que le rempart du monde libre rappelle aujourd'hui les glacis les plus imperméables aux dissidences. A cette différence près, peut-être, qu'alors la dissidence était d'idées et qu'elle est aujourd'hui d'argent.
Propos d'une blogueuse et manifestante égyptienne exilée en Suède
Extraits d'une interview, Charlie Hebdo, 2 janvier 2013
...Vous semblez pessimiste...
"Les gens doivent comprendre que la justice, l'égalité et la liberté sont la condition sine qua non pour construire une société développée. Le peuple égyptien a intériorisé l'oppression, il trouve normal que l'Etat soit religieux, ou que le moindre représentant de l'ordre l'humilie et se mêle de sa vie privée. Cela vient de la cellule familiale même. Dans chaque foyer, le père est perçu comme un dieu, un monarque absolu, dont les idées, les ordres ne sont pas discutés. C'est cette même mentalité patriarcale que l'on trouve en politique. Beaucoup d'Egyptiens pensent réellement que le chef de l'Etat a tous les droits et que ses opposants sont des insolents. Pour le moment , nous avons fait une révolution, mais je me rends compte que beaucoup se contentent de remplacer un dictateur par un autre dictateur. Ils espèrent juste qu'il ne les pillera pas autant.
Comment sortie du spectre de l'islamisme?
Il est grand temps que les plus complaisants envers cette idéologie sous prétexte de différencialisme culturel prennent conscience qu'il faut lutter contre cette forme d'obscurantisme. Comment peut-on prétendre que la violence, la privation des droits et la haine des autres sont une culture? On ne peut pas accepter qu'il y ait l'islam d'un côté, et les droits humains de l'autre. Cela ne devrait même pas être sujet à discussion..."
La révolution internet
« Internet est donc un moyen de contourner la diabolisation et le silence médiatiques. C’est également un instrument de mobilisation de la majorité silencieuse contre les élites. C’est un outil incomparable de démocratie directe. Cher les Identitaires, nous considérons la rue, mais aussi les réseaux informatiques, comme nos permanences politiques…Pendant longtemps, les médias classiques pouvaient facilement imposer leur conception du monde ; aucune opposition n’était possible. Cette époque est révolue. Le net a ouvert de nouvelles perspectives ...
...Désormais, des dissidents rompus aux techniques de l'ère numérique peuvent mener de véritables guérillas électroniques ; et chaque site Web peut devenir un contre-pouvoir médiatique"
Source: Apéro saucisson-pinard, Entretiens avec André Bercoff, Edition Xenia, Vevey, 2012
Et vous, qu'en pensez vous ?