Pour autant qu’elle n’excite pas les juges…
Les Observateurs vous en parlaient ici. La directrice du festival du Belluard, Sally De Kunst, claquait un demi-million de fonds publics pour montrer deux intermittents du spectacle s'uriner dans la bouche en poussant des onomatopées gutturales dans un idiome saxon. Si vous n'aimez pas, c'est que vous ne savez pas comprendre et, si vous ne savez pas comprendre, c'est probablement que vous êtes un abominable extrémiste de droite rappelant à coup sûr les-heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire, et l'on vous priera alors de bien vouloir aller vous dénoncer au poste de police de la pensée le plus proche.
Dans le doute abstiens-toi !
Alerté par un riverain, le Ministère public de l'Etat de Fribourg, qui passe comme un pet sur une toile cirée sur les infractions de pornographie non désirée et d'atteinte à la pudeur des mineurs, a considéré que la « représentation » pouvait « se prévaloir d’une valeur culturelle digne de protection » et rendu, de ce fait, une ordonnance de non-entrée en matière en date du 28 septembre.
« Dans le doute », souligne encore la décision, « le juge - auquel une certaine réserve s’imposera dans le rejet de la valeur culturelle et surtout artistique d’une œuvre - tranchera en faveur de l’art ».
Fabien Gasser, procureur général de Fribourg, a donc tranché en faveur de « l’art » aux motifs suivants: Premièrement, la directrice lui a assuré que le « Festival Belluard Bollwerk International, depuis 1983, poursuit la mission d’être une plateforme pour les artistes contemporains qui questionnent l’art et la société d’une façon pertinente »; ce qui, entre nous, ne veut rien dire mais fait tellement sérieux. Le sérieux, tout est là. Fabien Gasser, justement, croit ne pas devoir douter « du sérieux et de la renommée tant de l'organisation que de la programmation » du festival pour une raison, au demeurant, fort curieuse: le soutien reçu de « l’Etat de Fribourg et l’Agglomération de Fribourg ». En langage clair, Mme De Kunst a des amis influents.
Incitation
Le procureur général, pris encore d'un élan lyrique, a assuré que les « artistes Florentina HOLZINGER et Vincent RIEBEEK, avait été invité (sic) dans le but de « montrer le point de vue d’une jeune génération qui fait un mélange entre tous les genres, styles et décennies (...). Mettant en scène leurs corps de manière impressionnante, « Kein Applaus für Scheisse » est une pièce qui flirte avec la parodie et qui détourne les attentes que son titre génère nécessairement, mais aussi une réflexion critique sur les différentes formes d’expression artistique (...). Les œuvres explicites font également parties du théâtre contemporain et les tabous qui y sont relatifs ont déjà été brisés il y a plusieurs dizaines d’années » ». Le tabou du meurtre a bien été brisé depuis Caïn et Abel et, personnellement, je ne sache pas que cela ait changé grand-chose.
On sent le Ministère public très impressionné et même un brin émoustillé, mais pas excité le moins du monde; le défaut d'excitation étant même la raison qui l'emportera. Le Procureur général, considérant que « la pièce et ses scènes incriminées » trouvent une « justification artistique », se dit en effet « convaincu que la représentation [...] ne cherchait pas à provoquer l’excitation sexuelle des artistes et ou des spectateurs mais bien à faire passer un message qu’il réservait d’ailleurs à un public averti »; message que l'on cherche toujours d'ailleurs, celui du Minsitère public étant des plus limpides: il y a de l'argent, alors pas touche !
Moralité, la prochaine que vous voudrez vous soulager sur le domaine public, trouvez le moyen de ne pas vous exciter sexuellement et prétendez à l'oeuvre d'art dès qu'un contractuel vous tapera sur l'épaule.
Quant au Ministère public, l'on pourra tout de même lui répondre que l'argument du défaut de plainte de spectateur, dont un certain nombre a tout de même quitté la salle, n'a d'autre effet que de célébrer les succès de la collusion et de la complicité. Quant à se féliciter que la « représentation » n'ait mêlé « aucun enfant ni comme acteur ni comme spectateur », l'on ne peut découvrir qu'avec effroi l'étendue des limites de la justice fribourgeoise.
Et vous, qu'en pensez vous ?