Tirs obligatoires, du folklore vraiment ?

Denis Froidevaux
Brigadier, Président de la Société suisse des officiers
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Cette initiative est le premier acte de ce parti sur la scène sécuritaire, et l’on est raisonnablement en droit de s’interroger sur la vision qu’entend défendre ce nouvel acteur au sujet de notre politique de sécurité.

La récente initiative parlementaire des Verts libéraux demandant la suppression des tirs obligatoires et, en conséquence, le dépôt de l’arme personnelle à l’arsenal, aura le mérite de mettre en lumière deux réalités: A savoir, d’une part, que la milice est un système hautement complexe mal compris, même au niveau des élites politiques et, d’autre part, que la volonté du peuple peut être remise en question quelques mois après l’ouverture des urnes (votation sur l’arme personnelle en 2011), ce qui, en soi, constitue un réel défi vis-à-vis de notre démocratie directe.

Cette initiative est le premier acte de ce parti sur la scène sécuritaire, et l’on est raisonnablement en droit de s’interroger sur la vision qu’entend défendre ce nouvel acteur au sujet de notre politique de sécurité.

Objectifs

Au-delà de l’objectif camouflé visé par cette initiative (dépôt de l’arme personnelle à l’arsenal), se pose la question de la valeur ajoutée effective du tir obligatoire annuel.

Cela relève-t-il réellement du « folklore », et ceux qui le défendent sont-ils, comme un journaliste l’a affirmé, des « casques à boulons » ? Au risque de passer pour l’un d’entre eux, je demeure convaincu que cette pratique fait sens et qu’elle doit être maintenue, moyennant certaines adaptations.

Les derniers enseignements tirés par l’armée française lors de son engagement en Afghanistan, tout comme ceux de l’OTAN, démontrent l’impérieuse nécessité de maîtriser aussi le tir à moyenne et longue distance, dans le but d’éviter à tout prix les dommages collatéraux. Or c’est précisément le but du tir à 300 m, être en mesure de neutraliser l’adversaire sans causer de dommages à ses propres troupes !

Nécessité

Subsiste alors la question de fonds: est- il est raisonnable d’envisager, dans une armée de milice, que le citoyen soldat, incorporé 365 jours/an, mais théoriquement en service 20 jours/an, pratique le tir une fois par an à moyenne distance, hors service, avec son instrument principal, son arme personnelle ?

En se basant sur une appréciation froide et dénuée d’émotion, force est de constater que cette pratique garde tout son sens dans une armée fondée sur l’obligation de servir, appelée à remplir, le cas échéant, après une courte préparation, une tâche régalienne, celle de l’usage de la force au profit de notre collectivité.

Coût

Pour les aspects organisationnels de ces tirs, il est très raisonnable d’impliquer les sociétés de tir, lesquelles organisent, encadrent, surveillent, sécurisent ces exercices. De là à affirmer, comme le font certains, que l’armée subventionne les sociétés de tir, il y a un pas que le bon sens empêche de franchir. En effet si l’armée devait elle-même mettre sur pied ces répétitorium, il y a fort à parier que cela coûterait beaucoup plus cher que le système actuel.

Alors, sauf à remettre en question l’existence de l’armée sous sa forme actuelle (milice), sous réserve de modifier de fond en comble les missions constitutionnelles qui sont siennes, force est d’admettre que cette pratique n’est pas dénuée de sens et que ses détracteurs ne font qu'appliquer le bon vieil adage: « Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage ».

2 commentaires

  1. Posté par Mathieu Fardel le

    Monsieur Froidevaux,
    Sans rentrer dans le débat de la nécessité des tirs obligatoires, ce serait un débat stérile et nous ne serions toujours pas d’accord, je vais vous démontrer que le système actuel des tirs obligatoires est couteux et inutile.
    Je pars donc de l’hypothèse qu’il est nécessaire qu’un soldat astreint au service effectue une fois par année un programme de tir. Je suppose que vous serez d’accord avec cette hypothèse.
    Depuis les nombreuses années que je connais cette obligation, je me suis toujours demandé pourquoi il n’était pas possible d’effectuer les tirs obligatoires pendant un cours de répétition et non pendant la durée de sa vie civile. Je n’ai jamais trouvé de réponse satisfaisante à cette question. Mais, 2 éléments ont changé depuis que j’ai effectué mon école de recrue (en 2000). Les cours de répétition sont dorénavant annuels. De plus, depuis une année ou deux, l’armée oblige tous les soldats en cours de répétition à effectuer un programme de tir (300 mètres ou sur une place de tir). Ainsi, en 2011, j’ai effectué 2 fois le programme de tirs à 300m. Selon l’hypothèse précédemment exposée, une fois aurait été suffisante. Donc, les tirs obligatoires que j’ai effectués en dehors du service étaient superflus et couteux par rapport aux exigences fixées par l’armée depuis des années. Dès lors, effectuer des tirs obligatoires en dehors du service, exception faites des soldats n’effectuant pas de cours de répétition durant l’année, est une dépense inutile pour l’armée. CQFD !

    Si pendant les 3 semaines que durent un cours de répétition, un soldat n’a pas suffisamment de l’occasion de s’entraîner à tirer, il faudra m’expliquer à quoi servent ces cours (j’en ai une petite idée, mais cela est un autre débat…).

  2. Posté par Julien Fonjallaz le

    Très curieuse opération des Verts libéraux qui s’écartent de leur pré habituel. Avec quel objectif? Reprendre les manies de la gauche! On attend de plus amples informations!

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