Dernière nouvelle de Fukushima, aujourd’hui; en fait une bonne nouvelle que beaucoup de journalistes jetteront sans doute à la poubelle…
Dernière nouvelle de Fukushima, aujourd'hui; en fait une bonne nouvelle que beaucoup de journalistes jetteront sans doute à la poubelle. Le 1er avril, certaines restrictions imposées jusqu'à maintenant dans la zone d'évacuation autour des centrales nucléaires avariées de Fukushima ont été relaxées, ce qui permet aux habitants d'y retourner pour accéder à leur maison et réparer celles détruites par le tsunami. La radioactivité ambiante dans ces régions est tombée en dessous de 20 millisieverts par année, le seuil adopté par le gouvernement japonais pour permettre un retour. Le déclin de la radioactivité va se poursuivre vers des niveaux plus compatibles avec des normes à long terme pour le public. C'est ainsi que les habitants de Kawauchi Village et de Tamura City n'ont plus besoin de permis pour se rendre à leur domicile pendant la journée, ni d'habits de protection à porter. Maisons, bâtiments officiels, infrastructure et routes pourront maintenant être restaurés. D'autres localités suivront à la fin avril.
Que quatre fois la dose naturelle
Pour comparaison, ce seuil de 20 millisieverts par année, ce n'est que quatre fois la dose moyenne reçue par la population suisse (selon l'Office fédéral de la santé publique, rapport annuel 2010); c'est le même ordre de grandeur que la dose naturelle reçue par des centaines de milliers d'habitants d'Inde et d'Amazonie (sans conséquence pour leur santé, selon de nombreuses études épidémiologiques internationales) et c'est incidemment la dose maximale légale à respecter par les centaines de milliers de professionnels dans le monde entier exposés aux radiations dans le nucléaire, la recherche et la médecine. Une dose donc acceptable pour accélérer la reconstruction des zones sinistrées par le tremblement de terre et le tsunami.
Autre nouvelle à nuancer. Les agences de presse nous apprennent aujourd'hui que 12 mètres cubes d'eau contaminée ont à nouveau été déversés par erreur dans la mer. On parle de 100'000 becquerels par mètre cube, soit huit fois plus que la radioactivité naturelle de l'eau de mer, de l'eau contaminée rapidement diluée à faible distance des centrales, comme les mesures l'indiquent.
Cette sacrée nature qui nous irradie!
De toute manière, ce n'est qu'une fraction des très grandes quantités relâchées en mer en 2011. Avec quelles conséquences pour le monde marin? La réponse se trouve dans une étude globale publiée il y a trois jours par l'"Académie américaine des sciences" et signée par une quinzaine de scientifiques appartenant à trois instituts de recherche maritime (deux américains et un japonais): "Les risques radiologiques associés à ces radionucléides sont inférieurs à ceux généralement considérés comme nuisibles pour les espèces animales marines et pour les consommateurs humains, et même inférieurs à ceux provenant des radionucléides naturellement présents dans l'eau". De nouveau, cette sacrée nature qui nous irradie! Et ces chercheurs qui nous ramènent sur le plancher des réalités.
Certes, une bonne nouvelle ne fait pas le printemps. La série d'accidents dans ces centrales de Fukushima constitue un événement technologique de premier rang qui laissera son empreinte. Mais pourquoi toujours en rajouter plus qu'il n'en faut! La bien-pensance qui domine le débat nucléaire en Suisse oblige-t-elle les journalistes de tous bords – et qui se targuent volontiers de leur liberté de parole - à passer sous silence toute nouvelle qui flotte à contre-courant?
A écouter la plupart des grands médias sur le nucléaire, et tout spécialement les informations consacrées à l’anniversaire du 11 mars 2011 de Fukushima, on est frappé par le leitmotiv dominant qui se résume à affirmer
1) que le nucléaire est une technologie diabolique, impossible à maîtriser par l’homme et
2) que les ingénieurs nucléaires ne sont pas dignes de confiance parce que corrompus et vendus au lobby.
Affirmations posées a priori et sans analyse des faits.
Certains commentaires à l’analyse de Bruno Pellaud sont de cet ordre.
Un bref rappel de comment fonctionnent les ingénieurs nucléaires, dont Bruno Pellaud a présidé l’association suisse dans les années 80. L’ingénieur nucléaire, comme tout ingénieur, considère qu’une technique est d’abord un outil dont il s’agit de faire un bon usage. La recherche du bon usage passe par deux éléments indispensables et complémentaires: d’une part l’usage doit présenter des avantages du point de vue de l’intérêt général, d’autre part l’usage doit respecter la sécurité publique et l’environnement.
Les avantages principaux attendus d’une énergie sont le prix (bas), l’abondance, la protection de l’environnement et la maîtrise des risques physiques, voire géopolitiques. Les énergies fossiles ont apporté très longtemps tous ces avantages et nous leur devons encore (pour près de 80 %) notre niveau de vie. Mais l’augmentation de l’utilisation des énergies fossiles fait qu’elles sont de moins en moins abondantes et qu’elles posent des problèmes environnementaux (risque climatique et pollution de l’air) qui menacent la planète. A tel point que beaucoup envisagent de renoncer au développement du niveau de vie, voire à son simple maintien. Et les coûts des risques géopolitiques sont abondamment démontrés par les problèmes du moyen orient pour le pétrole ou des régions de l’Oural pour le gaz. Les énergies renouvelables ont le potentiel de fournir un jour une énergie plus durable et écologique. Mais avec une grande incertitude sur le délai et aussi sur la possibilité à tout un chacun de pouvoir payer un jour ce qu’elles coûtent. Dans l’intervalle la seule ressource abondante et bon marché devient la fission nucléaire. Avec un atout supplémentaire: un impact très faible sur l’environnement . La question fondamentale n’est donc pas de savoir si cette énergie est le Bien ou le Mal, c’est l’usage, donc l’homme qui est derrière, qui est déterminant. Il faut aussi se rendre compte que la sécurité passe par des normes bien faites et appliquées avec rigueur. Une interdiction a priori est la pire des solutions en manière de sécurité. Si chaque fois qu’une technologie avait présenté des risques, on l’avait interdite, nous n’aurions pas de feu, pas de ponts, pas de bâtiments, pas de barrages, pas de voitures, pas de médecine, …, bref pas de civilisation.
Les normes de sécurité sont définies par le législateur, donc par le citoyen en dernier ressort et en démocratie. L’ingénieur a le devoir de respecter ces normes. Les normes de santé sont définies avec l’aide de médecins et de biologistes spécialisés dans les effets des radiations. Comparativement ce sont parmi les normes les plus sévères pour une raison toute simple: ce sont des médecins radiologues qui en ont établi les bases pour se protéger… eux même: ils ont été en effet les premières victimes en nombre des effets des radiations au début de leurs applications médicales, à une époque (avant la dernière guerre) où on ne connaissait pas leurs effets négatifs.
Quand Bruno Pellaud essaye de donner les faits tels que les spécialistes médicaux les ont analysés sur les conséquences des niveaux de radiation réellement observés dans la région de Fukushima, il le fait avec sérieux, déontologie professionnelle et au plus près des connaissances établies par les autorités. Or voilà des réactions indignées insinuant en clair que M. Pellaud ne peut-être que malhonnête, puisqu’ingénieur nucléaire. Les partis politiques et les ONG qui tiennent de tels raisonnements, s’ils sont persuadés d’avoir raison, devraient avoir l’honnêteté de dénoncer les autorités sanitaires et de sécurité devant les tribunaux, plutôt que pratiquer le procès sommaire ou le lynchage médiatique.
Après l’anti-communisme primaire et l’anti-capitalisme primaire, ne pourrait-on pas prendre un peu de distance de l’anti-nucléarisme primaire? Merci à lesobservateurs.ch d’y contribuer.
Quelques clarifications ponctuelles sur les commentaires précédents. Mon logiciel fonctionne heureusement très bien, merci.
– Personne ne dit que 2 mSv/an sont inoffensifs. C’est néanmoins de l’ordre de grandeur de ce que la nature nous impose depuis la nuit des temps, sans que l’humanité en souffre trop. Ni l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), ni la Commission internationale de la radioprotection (CIRP) ne nous déconseillent de déménager du Plateau vers les crêtes du Jura ou des Alpes par crainte des 2 mSv supplémentaires. Pour compléter ma pensée: je ne dis pas qu’une cigarette par mois est inoffensive pour la santé; mais entre nous, je m’en fous.
– Malin, malin. “.. certains isotopes rejetés se reconcentrent…”. Imaginez-vous que les quinze auteurs en question en ont tenu compte. Allez voir vous-mêmes – en page 2 de leur article.
– Les séquelles de Tchernobyl encore importantes en Suisse aujourd’hui? Mesurables, oui; importantes, non. L’OFSP parle dans son rapport 2010 d’un impact de l’ordre d’un millième de mSv par an dû à la consommation alimentaire! Trouvez donc de meilleurs arguments pour semer la panique dans le pays.
Des remarques plus générales. Tout d’abord, mes excuses pour oser laisser entendre que je fais confiance à ces deux organismes officiels que sont OFSP et CIRP, ce dernier qui suit les effets sanitaires des rayonnements depuis quelque cent ans. Les commentaires formulés par ces messieurs sont symptomatiques de ce qu’écrit aujourd’hui Uli Windisch (“L’intelligence a-t-elle déserté l’intelligentsia?”), ces gens qui traitent leurs adversaires d’ignorants ou de laquais et qui nient toute crédibilité aux organismes officiels, parce que ceux-ci se voient forcés par la science d’ignorer leur fanatisme militant.
Il est évidemment de bon ton ici de minimiser les risques de l’industrie nucléaire, juste parce que la gauche s’y oppose (plus ou moins..). M. Pellaud, orfèvre en la matière, ne retient comme par hasard que l’irradiation externe, alors que le problème de la contamination des sols et des eaux par des isotopes à demi-vie de l’ordre d’une génération est bien plus grave, rendant pour longtemps impropre à l’agriculture de vastes étendues où les habitants en vivaient. Et ce n’est pas parce que la radioactivité naturelle EXTERNE est de l’ordre de quelques 2 mSv/an qu’elle est inoffensive. De plus la dilution dans l’océan “oublie” que certains isotopes rejetés se reconcentrent fortement dans les chaînes alimentaires.
Il est temps de changer votre logiciel, M. Pellaud…
Quelle géniale nouvelle! Je vous laisse aller y habiter, il y a des tas de maisons à vendre là-bas, pas cher.
Quelle belle référence que la radioactivité en Suisse en 2010… Qui comporte encore aujourd’hui une composante importante de Tchernobyl (pour info on est en dessus du niveau aujourd’hui, auquel on décontamine au Japon…). Pro mémo, à l’époque on aurait dû évacuer la Suisse et la moitié de l’Europe selon les prescriptions en vigueur. Ce qui n’a pas été fait car simplement infaisable. Les gouvernements ont simplement changé les prescriptions (qui sont encore valables aujourd’hui, car les anciennes prescriptions de niveaux maximum nous interdiraient de manger la moitié…).
Il y a suffisamment d’informations disponibles sur Internet sur la sécurité (ou plus exactement du manque de sécurité, et de la composante erreur humaine de celle-ci) de la technologie nucléaire et surtout sur les conséquences pour des millénaires et à l’échelle planétaire d’un accident. Il est aisé de comprendre que la technologie actuelle de réacteurs avec de l’uranium instable sans refroidissement actif en milieu fermé est totalement inadéquate, et devrait être stoppée dans les meilleurs délais.
Encore faut-il s’y intéresser, et se donner le temps et les moyens de comprendre avec le recul. D’excellents documentaires sur l’accident de Tchernobyl existent maintenant. Prenez le temps de les visionner, par exemple les 5 épisodes de “La bataille de Tchernobyl”:
http://www.tagtele.com/videos/voir/32183/1/
Le contexte Fukushima constitue l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand mensonge des Temps modernes : il s’agit d’un crime contre l’humanité savamment camouflé par un gouvernement indigne. Les milliards de litres d’eau hautement contaminée nécessaires au refroidissement des réacteurs endommagés, durant des décennies, sont en train de contaminer la planète. Nous vivons dans le silence imposé la plus grande catastrophe terrienne de tous les temps. Si vous contestez ce point de vue, alors consultez les rapports internationaux unanimes pour confirmer l’extrême gravité de 200 tonnes de “Mox” quasiment à l’air libre. Et alors vous frissonnerez de terreur.