Elections fédérales et composition du gouvernement : collégialité et arithmétique

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La population suisse a élu les représentants du Conseil national et (en partie) du Conseil des Etats. Le résultat des élections ne laisse aucun doute : la droite a gagné sur toute la longueur, le centre et la gauche ont réduit leur influence au sein du parlement.

Collégialité et arithmétique

 

La population suisse a élu les représentants du Conseil national et (en partie) du Conseil des Etats. Le résultat des élections ne laisse aucun doute : la droite a gagné sur toute la longueur, le centre et la gauche ont réduit leur influence au sein du parlement.

 

Avec près de 30% des voix – un record historique – et le gain de 11 sièges, l’UDC a su convaincre le plus d’électeurs (plus de 700'000). Après plus de trois décennies de défaites à répétition, le PLR a lui aussi pu inverser la tendance et glaner trois sièges supplémentaires. De l’autre côté, la gauche et le centre perdent 14 sièges. L’UDC (avec leurs alliés de la Lega et du MCG) et le PLR ont obtenu la majorité absolue au Conseil national.

 

Toute l’attention se porte maintenant sur l’élection du Conseil fédéral du 9 décembre prochain. La composition du collège est sujette à de nombreuses discussions. Actuellement la composition du collège est la suivante :

  • 1 UDC pour 29.4% des voix (Ueli Maurer)
  • 2 PS pour 18.8% des voix (Alain Berset et Simonetta Sommaruga)
  • 2 PLR pour 16.4% des voix (Didier Burkhalter et Johann Schneider-Ammann)
  • 1 PDC pour 11.6% des voix (Doris Leuthard)
  • 1 PBD pour 4.1% des voix (Evelyne Widmer-Schlumpf)

 

Arithmétiquement, cette composition du Conseil fédéral ne tient pas la route. Le seul parti à disposer d’une réelle légitimité à occuper deux sièges est l’UDC. Un micro-parti comme le PBD qui pèse moins que les Verts’libéraux et les Verts occupe un siège, alors que ce parti ne compte plus que sept représentants sous la coupole (ce chiffre pourrait encore augmenter à huit suite au deuxième tour pour la course aux Etats).

 

Le Double-standard de Christian Levrat

Pourtant, la représentante du PBD, Madame Widmer-Schlumpf jouit d’un soutien non négligeable de la gauche. Le président du PS ne se fatigue pas d’affirmer que « le bloc UDC-PLR ne représente que 45% [48.2% en réalité] des voix » et n’a donc pas droit à une majorité au gouvernement. Mais qu’en est-il du reste ? Si l’on additionne les voix du PS, des verts, du PDC et du PBD, on obtient 41.6%. Même en comptant les verts’libéraux, on arrive à seulement 46.2% des voix. Comment peut-on alors justifier que ce groupe hétéroclite puisse revendiquer une majorité au gouvernement ? Rien ne légitime cette position.

 

Une autre exigence du président du PS est celle d’un profil-type d’un éventuel Conseiller fédéral UDC. Pour Levrat, « le candidat UDC doit soutenir la voie bilatérale et accepter la primauté du droit international ». En bref, on peut affirmer, que pour le socialiste, la condition pour l’élection d’un UDC est qu’il ne défende pas les idées de son parti. Une telle déclaration laisse songeur. Comment le président du PS peut-il prononcer de telles exigences, alors que lui-même dirige un parti qui veut dépasser le capitalisme, abolir l’armée et adhérer à l’UE ? Ces points sont tous inscrits dans le programme politique du parti socialiste. Ils sont en contradiction flagrante avec la collégialité si souvent citée par le chef du PS.

 

  1. Levrat fait également une pirouette lorsqu’il prétend que la grisonne jouit d’une large popularité. Si la popularité des ministres serait décisive, M. Levrat devrait exiger l’élection du Conseil fédéral par le peuple. Mais pour cet adepte des messes basses et des intrigues de palais (qui ont permis l’ascension de Mme Widmer-Schlumpf au Conseil fédéral pour remplacer M. Blocher) ce n’est pas envisageable. M. Levrat n’est donc pas à une contradiction près.

 

Quelles sont les scénarios possibles pour la future composition du Conseil fédéral ?

Le parlement élira le 9 décembre prochain l’exécutif. Actuellement plusieurs scénarios sont envisageables :

  1. Evelyne Widmer-Schlumpf se retire, un UDC sera élu à sa place

Ce scénario est assez probable, malgré le soutien affiché de la gauche et du centre à la grisonne. Car au sein du PDC, de plus en plus de voix s'expriment clairement pour un deuxième siège UDC, puisque le  PBD n’a plus de légitimité.

  1. Evelyne Widmer-Schlumpf se représente, mais un UDC sera élu à sa place

Ce scénario est également probable, mais la ministre des finances est connue pour calculer ses chances. Il est peu probable qu’elle se présente si elle juge ses chances trop minces.

  1. Le parlement élit les sept sortants

Ce scénario n’est possible que si tous les partis du centre-gauche font bloc derrière la ministre sortante. Mais certaines déclarations de représentants du centre indiquent que le soutien à Widmer-Schlumpf s’érode.

  1. Le siège de Widmer-Schlumpf revient à un représentant du PDC

Ce scénario est assez peu probable, car le PDC devrait proposer un candidat pour remplacer la grisonne qui est une alliée politique et du coup mettrait en danger le remplacement de Doris Leuthard, attendu pour après 2017.

  1. Widmer-Schlumpf est réélue, mais un des deux représentants du PLR est remplacé par un UDC

Ce scénario tourne certainement dans la tête de certains représentants de la gauche, mais il est peu probable qu’il réunisse une majorité suffisante au parlement.

 

En réalité, beaucoup dépendra du choix que fera madame Widmer-Schlumpf. Elle seule peut décider de son départ ou non. Il faut néanmoins relever, qu’une démission de la ministre des finances serait bénéfique pour la stabilité politique du pays et pour le respect de la volonté exprimée par les électeurs le 18 octobre dernier.

Albert Leimgruber, 22 0ctobre 2015

 

 

 

 

 

 

 

 

5 commentaires

  1. Posté par Pougnier Christian le

    Si il doit être collégial, le deuxième UDC doit clairement affirmer la ligne du parti! Au risque de voir les électeurs nouvellement arrivés, déserter l’UDC.
    Nous voulons un parti fort et intransigeant. Seul rempart pour affronter les années à venir.

  2. Posté par François le

    Cette composition du CF :
    1 UDC pour 29.4% des voix (Ueli Maurer)
    2 PS pour 18.8% des voix (Alain Berset et Simonetta Sommaruga)
    2 PLR pour 16.4% des voix (Didier Burkhalter et Johann Schneider-Ammann)
    1 PDC pour 11.6% des voix (Doris Leuthard)
    1 PBD pour 4.1% des voix (Evelyne Widmer-Schlumpf)
    est totalement anti-démocratique, par conséquent, le système d’élection présente un défaut important qui doit être corrigé dans les meilleurs délais.

  3. Posté par Andrea le

    EWS doit dégager!
    Non seulement elle ne represente même pas 5% des électeurs, mais elle cause les mêmes torts à la Conféderation que la gauche.
    En particulier ews et ss devraient être traînées devant un tribunal pour Haute trahison (cf. CP art. 266)!!!

  4. Posté par aline le

    Fergile: excellente idée, selon d’autant plus que EWS ne va pas céder son siège

  5. Posté par fergile le

    En réalité si l’UDC n’a pas de second siège au CF ce parti doit quitter le gouvernement et gouverner avec le peuple par l’initiative et le référendum.

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