Le journalisme et l’extrême-gauche

Uli Windisch
Rédacteur en chef
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On sait bien sûr que la très grande partie des journalistes sont à gauche (ils l’ont eux-mêmes prouvé en faisant leur propre enquête) mais on ne savait pas qu’un passé comme celui de Res Strehle du Tages Anzeiger était un passage quasiment obligé pour devenir un « journaliste critique ».
Le grand philosophe K. Popper doit se retourner dans sa tombe, lui qui voulait qu’un journaliste doive obtenir un permis à points comme les automobilistes, avec retrait de points en cas de fautes sérieuses.

 

Quand la Weltwoche, hebdomadaire alémanique, de droite et libéral, s’attaque à un problème ou à une personne, à juste titre,  elle insiste et s’y reprend à plusieurs reprises, sans gêne et avec détermination.

L’hebdomadaire est ainsi revenu sur le passé d’extrême-gauche et les liens supposés avec le terrorisme du rédacteur en chef actuel du Tages Anzeiger, Res Strehle. Cela a déclenché une belle tempête dont la Suisse romande n‘a connu que peu de choses, et pourtant…

Pas question de faire ici une nouvelle enquête sur le sujet. Simplement montrer combien il est enfin temps et important de faire la lumière sur le passé d’extrême-gauche, voire terroriste  de personnalités aujourd’hui dans des fonctions importantes. Cela doit être fait comme les gens  de gauche le font systématiquement avec les personnes ayant eu un passé très à droite et avec certains anciens nazis, à juste titre et avec notre approbation la plus totale. Mais si la gauche adore procéder  à ce genre de rappel, elle ne supporte pas qu’on lui rappelle le passé extrémiste ou communiste de certains des siens. Si l’un est évident, l’autre est interdit ou au moins minimisé, voire excusé. On fera silence sur le passé communiste de ceux qui se sont recyclés dans des partis politiques rebaptisés sans gêne « démocratiques ». On va parfois jusqu’à dénigrer ceux qui fouillent de leur côté.

Dans le cas de Res Strehle, 62 ans, le passé semble lourd. Ce qui ne l’empêche pas  aujourd’hui, dans son journal, de plaider constamment la transparence et de s’en prendre, sur un ton moralisateur, à tous ceux qui lui déplaisent. Cela sans jamais accepter de faire la lumière sur son propre passé. Plus grave, ce n’est pas un passé qui remonte aux fameuses années 1968-70, un péché de jeunesse,  mais aux années  1980, quand il avait entre 30 et 40 ans ! Selon la Weltwoche, il faisait encore l’éloge d’une terroriste suisse (Barbara Kistler). Ce n’était pas que du gauchisme de salon : il aurait même justifié l’action violente,  le terrorisme  et l’exécution de patrons dans le cadre de sa participation à « la lutte anticapitaliste », seulement « théorique » rétorquent ses défenseurs !

Peu importe les détails exacts de ses activités mais il est certain qu’ils ont été d’une gravité extrême. Pourtant la machine à minimiser, voire à dénigrer ceux qui voulaient que la lumière soit faite, s’est très vite mise en marche, à la suite de ce rappel de son passé.

En Suisse romande, on a fini par en parler, mais au second degré si l’on peut dire, en parlant de « sale campagne » et en accusant la Weltwoche de maccarthisme au sujet de la  volonté  de cette dernière de faire la lumière sur ce passé. Et qui a tenu ce genre de propos ?  François Modoux, dans le journal Le Temps ( 2 mars 2013) qui veut bien nous rappeler cette affaire mais sans nous fournir aucune donné concrète. Il se contente de titrer : « Un air de maccarthisme ». Bref ce n’est  pas Res Strehle, qui est mis en cause, mais ceux qui veulent enfin la lumière sur ce passé.

F. Modoux, en plus des propos susmentionnés, perfectionne le système à la fois d’excuse et d’accusation. Il est question de « guérilla » de la Weltwoche. Or, qui prônait la vraie guérilla ? Ceux qui veulent la vérité ne feraient que régler des problèmes personnels ! Il est question de «déchaînement éditorial qui rappelle l’inquisition plus que la noblesse d’un journalisme politique éclairé, la Weltwoche cherche à discréditer le rédacteur en chef du Tages Anzeiger ». Elle aurait « salopé le travail »…, « évacué le contexte ».

Si seulement on le rétablissait ce contexte, et demandait aux acteurs concernés d’admettre les conséquences criminelles de leurs idées de l’époque. F. Modoux reconnaît toutefois qu’il n‘est pas acceptable que Strehle refuse de répondre sur sa trajectoire, quand il avait donc non pas 20 ans mais 35 ans. L’accusé reste toutefois la Weltwoche : « il faut espérer que le Conseil suisse de la presse aura à statuer sur d’éventuelles violations des droits et devoirs de la presse».

Tout en demandant un débat sur ce passé gauchiste en général en Suisse, Modoux absout d’avance son collègue journaliste, qui,  s’il a été influencé par les conséquences de 1968 n’est cependant « ni stalinien, ni maoïste, ennemi du communisme soviétique, il fut plutôt un anarchiste libertaire  et un anticapitaliste dogmatique, comme nombre d’intellectuels marxisants de l’époque ». Modoux veut une expertise mais lui connaît déjà la vérité, alors pourquoi cette expertise ? Que craint donc Modoux ? Quelle lumière ne veut-il pas voir tout en prétendant  la réclamer ?

Il ajoute encore à propos de Strehle (qui est également accusé d'avoir tenu des propos antisémites) quelque chose de plus grave à notre avis : « Ce passé n’a, en soi, rien de honteux: il contribua à la formation critique du journaliste ».

On sait bien sûr que la très grande partie des journalistes sont à gauche (ils l’ont eux-mêmes prouvé en faisant leur propre enquête) mais on ne savait pas qu’un passé comme celui de Strehle était un passage quasiment obligé pour devenir un « journaliste critique ».

Décidément, le mot critique est vraiment l’un des plus galvaudés, et donc aussi récupéré et recyclé par les journalistes de gauche, sans la moindre autocritique.

Il se trouve pourtant que la critique est l’une des activités les plus difficiles et exigeantes, et ne nécessite aucun passage par des sympathies affirmées, voire davantage, pour une conception marxiste ou terroriste de la politique.

Le grand philosophe K. Popper doit se retourner dans sa tombe, lui qui voulait qu’un journaliste  doive obtenir un permis à points comme les automobilistes, avec retrait de points en cas de fautes sérieuses.

Que pense-t-on au journal Le Temps des propositions de ce philosophe?

 

 

 

 

 

4 commentaires

  1. Posté par Antonio Giovanni le

    « Maccarthisme?.. » de gôche ? pourquoi pas; à l’époque on parlait de purges sans fausse pudeur et l’on affirmait que c’était pour le bien du peuple; alors si l’on devait offrir des purgations à notre presse pour qu’elle pense enfin librement et non plus l’intelligence corsetée dans les schémas marxistes d’un autre âge, d’accord; or, c’est aux journaux eux-même de travailler du clystère, « ..en toute transparence.. » bien entendu, propriété qui est en général mal partagée par la gôche, du moment que cela contribue à dévoiler ses propres brebis galeuses; est-ce là encore une presse libre? Et que feraient les lecteurs de ces journaux s’ils connaissaient le passé peccamineux des rédacteurs ? On en revient donc encore aux Évangiles de Matthieu (7. 3-5) et de Luc (6. 41-42); mais à gauche ces auteurs sont-ils connus aussi bien que Marx?

  2. Posté par Claude le

    Il manque effectivement de presse écrite, radio et TV un peu plus impartiale, moins donneuse de leçon et plus centrée sur les faits et non sur l’endoctrinement des lecteurs, auditeurs ou spectateurs. Heureusement, que les web-magasines sont en plein essors.

  3. Posté par Ueli Davel le

    Excellent article. Ce même personnage et aussi rédacteur en chef de NEWSNET (http://www.tamedia.ch/fr/medias/digital/media/newsnet). Newsnet fait partie de Tamedia divisions Médias régionaux Suisse alémanique et Publications romandes avec 1’648’000 Unique User per Month (netmetrix profile, 2012-2) et dessert: 24heures.ch, bazonline.ch, bernerzeitung.ch, derbund.ch, lematin.ch, tdg.ch, Tagesanzeiger.ch, et autres sites partenaires selon 20 Minutes Online: 20 Minuten | 20 Minuten Friday | 20 minutes | 24 heures | alpha.ch | annabelle | Bantiger Post | BümplizWoche | Berner Oberländer | Berner Zeitung | Bernerbär | BILAN | car4you.ch | Centre d’impression Lausanne | Das Magazin | Der Bund | doodle.com | Druckzentrum Bern | Druckzentrum Zürich | fashionfriends.ch | Femina | Finanz und Wirtschaft | Furttaler | GHI | Glattaler | Guide TV Cinéma | homegate.ch | hommages.ch | immostreet.ch | jobsuchmaschine.ch | jobup.ch | jobwinner.ch | Journal de Morges | La Broye | Langenthaler Tagblatt | Lausanne Cités | Le Matin | Le Matin Dimanche | Le Régional | Le Temps | lesquotidiennes.com | L’essentiel | Neues Bülacher Tagblatt | Newsnet | olmero.ch | piazza.ch | Rümlanger | renovero.ch | Schaer Thun | Schweizer Familie | search.ch | Sihltaler | SonntagsZeitung | swissfriends.ch | Tagblatt der Stadt Zürich | Tages-Anzeiger | Télétop Matin | Terre & Nature | Thalwiler Anzeiger | Thuner Tagblatt | Ticinonline | tilllate.com | Tribune de Genève | Tribune des Arts | TVtäglich | zattoo.com | Zürcher Unterländer | Zürichsee-Zeitung | Züritipp.
    Donc NEWSNET fournit objectivement une grande partie de la presse Suisse. On ne s’étonnera guère, vu le passé du rédacteur en chef que les nombreux et éminents journalistes ne sont pas particulièrement ni à droite, ni au milieu bien contraire comme dirait Pierre Dac. On ne les identifies souvent pas car ils signent NEWSNET, mais le wording et la substantifique moelle/doctrine ne laissent aucun doute sur le journaleux et la gargantuesque faim de l’éditeur multimillionnaire de bâbord.
    Je ne peux m’empêcher de penser à l’agence TASS aujourd’hui ITAR-TASS. Wikipedia nous dit: « Durant l’ère soviétique, TASS est la seule source d’informations de tous les médias présents en Union soviétique ». Cela fait froid au dos avec un tel rédacteur en chef!

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