En Irak, les chrétiens et les yézidies subissent un « nettoyage ethnique »

A noter que notre Conseil fédéral ne s'en préoccupe pas alors que le socialiste Alain Berset courrait ventre à terre lorsqu'il s'agissait des musulmans rohingyas et annonçait une aide suisse.

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Chaque semaine, la rédaction d’Info Chrétienne vous propose un article focus sur la situation des chrétiens dans le monde. Aujourd’hui, l’Irak.

Tim Stanley se tenait devant le Parlement britannique la semaine dernière. De retour d’Irak, dans la plaine de Ninive, l’historien et chroniqueur au Telegraph a tenu à alerter les parlementaires. Pour lui, les yézidies et les chrétiens subissent un « nettoyage ethnique » :

« Si nous ne disons pas ce qui se passe réellement dans la région, à savoir le nettoyage ethnique des chrétiens et des yézidis, nous permettons à l’État islamique et à d’autres criminels de s’en tirer à bon compte. »

Pour leur part, les experts de la Commission de la liberté religieuse internationale n’hésitent pas à parler de « génocide » :

« En outre, les minorités religieuses et ethniques que l’État islamique avait choisies pour génocide, telles que les yézidis et les chrétiens, continuent de faire face à une incertitude extrême quant au fait de savoir si les conditions leur permettraient de retourner dans leurs communautés d’origine. »

Selon leur dernier rapport, le gouvernement irakien n’a pas la « capacité d’assurer une sécurité adéquate aux minorités ethniques et religieuses vulnérables ». Si le groupe État Islamique « évite les affrontements militaires à grande échelle avec les forces irakiennes, kurdes ou internationales », il continue de mener des « attaques à petites échelles ». Pour les experts, il s’agit de préserver le groupe sur le long terme. En 2018, le rapport dénonce « au moins 75 attaques par mois en Irak ».

« En bref, l’État Islamique s’est temporairement retiré dans l’ombre, mais reste une menace grave et imminente, en particulier pour les communautés minoritaires vulnérables du nord de l’Irak, qui sont déjà la cible principale de l’intolérance violente du groupe depuis son apparition en 2014. »

Ces communautés subissent un contexte de violence et de tensions depuis plus de 15 ans. C’est, selon les experts de l’USCIRF, ce climat qui a permis la montée de l’État Islamique en 2014 :

« Et les mêmes conditions persistent en 2018 malgré la défaite du groupe en tant que force d’occupation l’année précédente. »

En terme de démographie, les populations des minorités religieuses avaient déjà été réduites de manière significative, mais le déclin s’est poursuivi dans les 4 dernières années.

« L’Irak risque particulièrement de perdre son ancienne communauté chrétienne, dont le nombre a considérablement diminué au cours des 15 dernières années. Selon les dirigeants chrétiens, il y a maintenant moins de 250 000 chrétiens en Irak, contre une estimation d’avant 2003 de 1,4 million. »

Certains chrétiens des communautés chrétiennes assyrienne et chaldéenne sont retournés dans la plaine de Ninive, notamment à Qaraqosh. Mais ce n’est pas le cas de la majorité.

« La plupart d’entre eux ne sont toutefois pas encore revenus, car l’absence d’infrastructures restaurées, les pièges de l’Etat islamique et les munitions non explosées, et les craintes persistantes d’une résurgence de l’Etat islamique ont empêché de nombreuses personnes déplacées chrétiennes de retourner à Mossoul ou dans des villages de son orbite sociale et économique. »

Autres obstacles à ce retour, la destruction des infrastructures agricoles, des puits, des cultures, qui place les communautés rurales dans une situation délicate, mais aussi la discrimination vécue par les yézidies victimes de viol par les islamistes.

« Des centaines de yézidies libérées sont désormais confrontées à un impossible choix, parce qu’elles ont porté des enfants nés d’agressions sexuelles commises par des membres du personnel de l’État Islamique pendant leur captivité. Elles font face à l’ostracisme des communautés d’origine dont les dirigeants traditionnels insistent pour pouvoir rentrer chez eux, mais leurs enfants, nés de pères génocidaires non-yézidis et potentiellement nombreux, n’auraient aucune place parmi eux. »

Ceux qui ont fait le choix du retour dans leurs terres ancestrales sont également confrontés à l’expropriation illégale, suite à leur déplacement temporaire quand ils fuyaient l’État Islamique. Plus de 300 propriétés chrétiennes sont en cours de réenregistrement auprès des autorités [NDLR : en clair, les musulmans ont exproprié les chrétiens qui fuyaient au lieu de les secourir. Et il y en a encore qui pensent que "l'islam c'est pas ça"].

Reste également le problème de la religion inscrite sur la carte d’identité, qui impose d’identifier comme musulman un enfant dont un des parents est musulman.

« Cela renforce les restrictions existantes, qui empêchent les musulmans de modifier leur identité religieuse sur leurs cartes d’identité après leur conversion vers une autre religion. Les dirigeants chrétiens ont déclaré que, dans certains cas, les familles officiellement enregistrées comme musulmanes mais pratiquant le christianisme se sont enfuies pour éviter d’enregistrer leurs enfants en tant que musulmans ou pour que leurs enfants restent sans papiers. »

Les spécialistes notent cependant quelques « tentatives de progrès » du gouvernement irakien, notamment l’instauration d’une fête nationale, le 25 décembre, « en l’honneur des chrétiens irakiens ».

Infochretienne.com

A propos des deux Yézidies qui ont reçu le prix Sakharov

   
Michel Garroté - Deux jeunes femmes irakiennes, membres de la communauté yézidie, ont reçu le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit, mardi 13 décembre 2016, au Parlement européen. Elles s'appellent Nadia Murad et Lamia Haji Bachar. Toutes deux ont été enlevées et utilisées comme esclaves sexuelles par l'Etat islamique avant de parvenir à s‘échapper. Elles ont appelé à traduire les chefs de l'EI devant la Cour pénale internationale. C'est une très bonne idée : la CPI devrait, en effet, s'occuper, plus souvent, des dictateurs et tortionnaires musulmans, plutôt que de se concentrer essentiellement sur des Africains et des Balkaniques.
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A ce propos j'aimerais revenir ici sur la vie du père Patrick Desbois, vie qui ressemble à un « long rendez-vous » avec la mémoire, rendez-vous qui l’a mené sur les traces de la Shoah et le conduit à enquêter sur la persécution des Yézidis par le groupe jihadiste Etat islamique (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Ce prêtre catholique de 61 ans au verbe direct et chaleureux, peu à cheval sur l’étiquette, troque volontiers le col romain pour l’habit civil. Son quotidien n’est pas commun pour un ecclésiastique, avec des séjours répétés dans les camps de réfugiés du Kurdistan irakien. Là, avec un ex-policier rom, Nastasie Costel, il a interviewé 110 rescapés des exactions visant les Yézidis, minorité kurdophone confessant une foi préislamique.
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Les deux enquêteurs viennent d’en tirer la substance d’un livre, « La Fabrique des terroristes » (Fayard), écho au sort tragique d’hommes assassinés, de femmes réduites à l’esclavage sexuel, d’enfants drogués et enrôlés comme futurs soldats. L’Onu estime qu’environ 3'200 Yézidis restent aux mains de l’EI. Apprenant l’hébreu, sensibilisé à la lutte contre l’antisémitisme, le prêtre devient en 1999 – et jusqu’à l’été dernier – directeur du service de l’Eglise de France pour les relations avec le judaïsme. Cinq ans plus tard, avec la bénédiction du cardinal Lustiger et de responsables juifs, il fonde l’association Yahad In Unum (ensemble, en hébreu comme en latin) pour mieux faire connaître la « Shoah par balles » menée par les Einsatzgruppen nazis en Union soviétique.
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Depuis, le collectif international, qui compte aujourd’hui 25 collaborateurs (chercheurs, traducteurs, vidéastes…), a répertorié plus de 1'900 sites d’exécutions et filmé près de 5'000 témoignages. « Je pense que le modèle des Einsatzgruppen est le prototype des massacres actuels », dit le père Desbois. « Avec Auschwitz, on croyait que les génocides étaient entrés dans l’ère de la modernité industrielle. Mais qui dit camp dit traces, mémoire, photos. L’archaïsme est redevenu la norme pour échapper à la justice, à la mémoire martyre ». Ainsi de la persécution des Yézidis, que le prêtre a en ligne de mire depuis une rencontre, là encore presque fortuite. Quelques mots échangés dans un salon de Molenbeek (Belgique) avec un jeune barbier issu de cette minorité.
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Le père Desbois pressent qu’il tient là un nouveau terrain d’enquête, après les tueries de l’Est européen et les massacres au Guatemala. L’EI a appliqué début août 2014 « une méthodologie particulière, disloquant les familles dès l’arrestation », et s’abattant sur femmes, hommes, enfants. « On focalise sur les filles, mais tout le monde est martyr », souligne le père Desbois. Son équipe réunit une matière « disponible pour la justice » internationale. « Nous sommes dans une démarche scientifique. Le père Desbois du début, avec ses petites caméras, c’est fini », assure le prêtre, même s’il dit être resté l’enfant né dans une « famille simple, sans grande théorie », qu’il était.
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Critiqué hier par certains historiens pour sa méthodologie et sa communication sur la « Shoah par balles », le président de Yahad in Unum ne rejette pas les polémiques : « parfois elles nous aident à être plus précis ». Comment tenir face à des témoignages éprouvants ? « Par la prière et la solitude », répond le père Desbois. Et la contemplation des petites victoires, au contact d’évadés « qui ne sont pas les esclaves » voulus par l’EI, mais des « êtres humains » pleins de dignité (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction et adaptation de Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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http://www.ladepeche.fr/article/2016/11/04/2452287-shoah-yezidis-pere-desbois-pretre-combat-memoire.html
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© 2016 AFP
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Comment violer et battre des femmes : l’ignoble guide de l’Etat Islamique

Publié par le "Département des prisonniers et des affaires de la femme" de Daech, un document énonce les règles en matière d'esclavage sexuel, le sort réservé par les djihadistes aux femmes chrétiennes et yézidies du territoire. Parmi ces règles : le viol répété, même sur des jeunes filles vierges, et les coups.

Suite

Etat islamique : «Le but de Daech était de ne laisser aucune fille vierge»

A Dohouk, au Kurdistan irakien, «Libération» a rencontré deux femmes yézidies qui ont fui la captivité et les abominations des hommes de l’Etat islamique. Il resterait encore entre 2 000 et 3 000 yézidis esclaves du califat.

Dans une culture où la virginité des filles est considérée comme l’honneur d’une famille, les fanatiques s’acharnent sur les jeunes yézidies. «C’est simple, ils ont violé quasiment toutes les femmes, raconte une jeune activiste de Dohouk. Leur but était de ne laisser aucune fille vierge, et ils ont pris aussi les femmes mariées qui leur plaisaient.»

«Les hommes du califat ? Ce ne sont pas des êtres humains, ce sont des bêtes !» s’écrie Adar (les prénoms ont été changés) en tordant nerveusement ses doigts sur sa robe de velours noir. La petite maison délabrée de Dohouk, au Kurdistan irakien où elle est réfugiée, donne sur une cour de terre battue, avec quelques poules déplumées, où les gamins jouent pieds nus, le visage couvert de mouches. C’est au moins un toit sur leur tête, avec l’hiver mordant qui est déjà là. Et surtout, c’est la liberté.

Encerclés dans leurs villages, ceux qui n’ont pu s’échapper à temps seront exécutés ou capturés comme «butin de guerre». Adar raconte : «Les hommes de Daech ont entassé tous les habitants de mon village dans des bus à destination de la Syrie. J’étais enceinte de neuf mois, j’étais avec mon mari et mes cinq enfants. Nous sommes arrivés près d’Alep, et là-bas, ils nous ont enfermés dans une école, ils ont pris tous nos bijoux, notre argent, nos pièces d’identité. On nous donnait à manger du riz moisi et de l’eau sale à boire. Les hommes de Daech, avec parmi eux des étrangers aux cheveux longs, menaçaient de nous tuer si nous ne nous convertissions pas à l’islam. Terrorisée, j’ai accepté. Mais dans mon for intérieur, je récitais mes prières yézidies.»

En captivité, Adar accouche d’une petite fille. «Je l’ai baptisée d’un prénom kurde qui signifie « celle qui s’est enfuie »», sourit-elle. Le septième jour, les hommes et les femmes sont séparés, «ils ont emmené mon mari et mes fils aînés». Les femmes sont envoyées à Mossoul, dans une maison derrière une grande mosquée. «Nous avons demandé où étaient nos hommes, les geôliers nous ont répondu qu’ils les avaient tués et enterrés au bulldozer. Puis ils nous ont à nouveau triées, les femmes mariées d’un côté et les jeunes filles de l’autre. J’ai donné mon bébé à ma nièce, pour faire croire que c’était le sien. Mais cela n’a pas marché. Ils avaient fait venir une docteur de Tal Afar pour vérifier que les filles étaient vierges [...]

«Des hommes venaient par groupe de dix ou quinze pour choisir des filles, ils disaient qu’ils allaient les garder pour eux et ensuite les revendre. Leurs chefs sont passés les premiers et ont choisi les plus belles. Les femmes se frottaient le visage avec du charbon pour cacher leur beauté et elles ne prenaient pas de bains pour être sales. Mais cela ne servait à rien. Ils emmenaient même des fillettes de dix ans.» Adar raconte, en larmes, comment, le quatrième jour, on lui a arraché sa fille aînée : «Elle s’agrippait à ma robe en pleurant… Ils l’ont emmenée de force… Les filles qui avaient été choisies hurlaient, ils les traînaient par les cheveux, certaines appuyaient l’arme de leurs geôliers sur leur front en demandant qu’on les tue… L’une d’elle a demandé la permission d’aller aux toilettes. Là, elle s’est pendue avec son voile à un crochet de métal.» Quelques jours plus tard, deux adolescentes sont ramenées dans le bâtiment, «elles nous ont dit ce qu’ils leur avaient fait, que c’était des monstres, elles voulaient se tuer dès qu’elles en auraient l’occasion». [...]

Liberation via Fdesouche