No Billag: En 2014, la SRF envoyait 340 collaborateurs aux JO de Sotchi à nos frais. 3 fois plus que le nombre de sportifs suisses.

La liberté de la presse est garantie.» La Constitution fédérale de 1848 n'en dit laconiquement pas plus. Les pères de cette constitution libérale se retourneraient probablement dans leur tombe s'ils savaient que les Suisses sont aujourd'hui contraints de financer des programmes de télévision et de radio par des taxes obligatoires. Et qu'aujourd'hui 6000 collaborateurs sont déployés et 1,6 milliard de francs est dépensé pour bourrer le crâne des citoyens dans les trois langues nationales de justes convictions de gauche, le tout financé par des impôts quel que soit l’appareil utilisé.

Selon le mandat de prestation du Conseil fédéral, la SSR a, par exemple, l'obligation, comme le dit la NZZ en tournant autour du pot, de promouvoir «auprès du grand public une compréhension de la réalité de la vie» des «personnes issues de la migration». Cela ne relève plus d'une mission d'information objective et factuelle, mais plutôt d'une directive politique. Inversement, la SSR peut toujours se fonder sur l'ordre du Conseil fédéral pour polémiquer contre les personnes qui ne font pas en premier lieu preuve de «compréhension», mais d'une incompréhension face à l'afflux, aussi et surtout, de criminels étrangers qui abusent du droit d'asile.

Certes, l'article 17 de la Constitution fédérale, actuellement en vigueur, continue d'exiger la liberté des médias. Or, il s'applique à la presse écrite et électronique, mais pas à la radio et à la télévision. La position monopolistique de la SSR et/ou de la SRF, qui peuvent bénéficier de la redevance pour les programmes, recouvrée par l’État (et qui, par conséquent, n'ont pas à défendre leur position sur le marché), constitue une intervention qui n’est plus justifiable dans l'ordre économique suisse basé sur la libre concurrence et sur la propriété privée.

L'ancien conseiller fédéral Moritz Leuenberger qualifie les gens qui pensent ainsi de membres d'une «secte ésotérique capitaliste». Je n'ai rien contre le capitalisme. Les piques arrogantes et maussades de l'ancien conseiller fédéral sont l'expression d'un professionnel de la politique, financé toute sa vie par des taxes imposées, qui n'arrive même plus à s'imaginer que le capitalisme constitue le fondement de la prospérité de la Suisse.

Jadis, les médias suisses étaient complètement libres. Ils étaient indépendants du doux poison des subventions et pouvaient donc critiquer en toute indépendance la classe politique. Depuis 1922 – l'année de la fondation de la Radio suisse –, on entendait les vociférations de Mussolini au Sud, auxquelles se sont ajoutées en 1933 celles d'Hitler au Nord. Dans ces circonstances, on peut comprendre dans une certaine mesure que le gouvernement suisse ait voulu avoir sa propre entreprise publique de radiodiffusion pour la défense intellectuelle du pays. Mais aujourd'hui, alors que nous sommes entourés de démocraties et, soi-disant, seulement d'amis, on n'a plus besoin de médias d'opinion financés et contrôlés par l'État.

La SSR est trop puissante. Elle abuse régulièrement de son énorme pouvoir en clouant au pilori des personnes ou des entreprises gênantes. Les erreurs ne sont pas l'exception. Les journalistes de la SSR peuvent même maintenant, à l'instar de la Stasi, fouiner partout avec une caméra cachée aux termes d'un terrible arrêt rendu par la Cour européenne de justice. 340 collaborateurs de la SRF étaient à Sotchi pour les Jeux Olympiques – trois fois plus que les sportifs suisses. 107 collaborateurs de la SSR ont assisté aux projections du Festival du film de Locarno. Les fake news n'ont pas été inventées par Donald Trump. L'émission «Rundschau» joue le juge dans les procès et falsifie des pièces. Elle pratique à nos frais une chasse à l'homme journalistique.

La presse privée et les médias électroniques peuvent, de nos jours, facilement couvrir dans tout le pays les besoins d'information dans toutes les langues nationales. Des opérateurs de médias qui travaillent à niveau local ou régional sont beaucoup mieux à même qu'un radiodiffuseur national de couvrir les besoins de communication concernant l'environnement immédiat des consommateurs.

Le déséquilibre économique de la SSR privilégiée par rapport aux opérateurs suisses financés par la publicité est injuste et choquant. La redevance répartie à des diffuseurs privés est aussi une solution insatisfaisante car elle ne fait qu'accroître le rôle de l'État dans le secteur de la radiodiffusion. En outre, l'idée qui sous-tend ladite répartition – contrairement aux pratiques du marché – n'est pas le succès financier, mais l'échec.

Il est grand temps de nous libérer de la «mission éducative» de l’audiovisuel public SSR qui fait office d'«éducateur de la nation». Le système audiovisuel public en Suisse est l'émanation d'une vision archaïque, patriarcale et paternaliste de l'État. Dans l'histoire, les sociétés libres ont toujours eu des médias libres. Ce sont, au premier chef, les pays autoritaires qui ont jalousement défendu l'hégémonie de l'État dans le secteur de la radiodiffusion. Il suffit de penser au «Volksempfänger», la Radio du peuple du ministre de la propagande Goebbels dans l'Allemagne nazie. Ou à des pays socialistes totalitaires, comme l'ex-Union soviétique ou la RDA, où le gouvernement a régulièrement abusé de son monopole médiatique pour manipuler l'opinion publique. La suppression du service public de la radiodiffusion financé par l'impôt est dans une communauté de citoyennes et de citoyens libres un impératif de notre temps.

Pour ces raisons, la SSR n'a plus sa place dans notre économie de marché moderne et prospère et doit être libérée de toute influence de l'État sur la programmation. Il n'est plus justifiable de restreindre la concurrence dans le secteur de la radiodiffusion par des contraintes arbitraires et de soustraire au libre marché de l'opinion une SSR à but non lucratif qui serait l'unique diffuseur de programmes. Une économie libre remplace, en effet, le contrôle d'une autorité publique par celui de consommateurs avertis. Qui plus est, un diffuseur de programmes privilégié par l’État est toujours exposé au risque d'ingérences politiques et étatiques, ce qui est incompatible avec la liberté des médias.

Les consommateurs avertis seront les seuls à décider du succès ou de l'échec. Une véritable concurrence entre les multiples diffuseurs proches des consommateurs et ayant la souplesse nécessaire assurerait ledit service public à bien moindres frais et nettement plus efficacement qu'un diffuseur public chouchouté par l'État. (Lire également l'opinion divergente de Jürg Altwegg page 32.)

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