Patrick Pelloux : "On risque de se retrouver avec des gens radicalisés travaillant à l’hôpital"
Propos recueillis par Jean-Loup Adenor
4.03.2022
Alors que le gouvernement d'Emmanuel Macron multiplie les actions contre les mosquées fondamentalistes, certains secteurs échappent encore à la vigilance de l'État. À l'hôpital, notamment, les alertes se multiplient. L'urgentiste Patrick Pelloux, ex-chroniqueur à « Charlie Hebdo », a remis au gouvernement un rapport sur le sujet. […]
Et qu'a fait apparaître ce travail ?
D'abord et c'est vraiment important de l'entendre :oui, le radicalisme et le prosélytisme religieux à l'hôpital sont un vrai sujet en France. Tous les interlocuteurs qu'on a eus nous disent que jusqu'aux années 1980-1990, c'était un phénomène inexistant. […]
[…] aujourd'hui, parler de ces problèmes, c'est être raciste. Or, ce rapport souligne les dérives religieuses, il n'a rien à voir avec les « races ».
Certains territoires sont-ils plus touchés que d'autres ?
Les territoires où l'on manque de mixité sociale, dans le nord et le sud du pays. On y trouve un certain entrisme, notamment d'un islam conservateur. […]
La première expression de ces radicalisations dans le personnel hospitalier, extérieur ou chez les aumôniers, c'est le sexisme et l’homophobie, avant l’antisémitisme, qui n'est jamais très loin derrière. Ce genre de problèmes conduit des médecins à refuser de soigner ou d'utiliser certaines techniques, un phénomène heureusement encore très marginal. On a notamment eu le cas d'un médecin qui a refusé de faire une transplantation d'organe car c'était haram. […]
Il y a aussi la question des médecins étrangers appelés en renfort pour travailler en France.
Ces prochaines années, on va faire venir des milliers de médecins étrangers pour répondre à la crise du personnel à l'hôpital. Je regrette qu'on n'augmente pas le numerus clausus pour former des jeunes ici et qu'on préfère piller les ressources humaines de l'étranger. Mais cette décision interroge surtout le rapport de ces médecins, dont certains viennent de pays où l'islam est la religion officielle, à la laïcité française.
Diriez-vous que l'hôpital est une cible aujourd'hui pour les groupes religieux fondamentalistes ou prosélytes ?
Oui, évidemment que l'hôpital est une cible ! Regardez Baraka City, une association humanitaire dissoute par le gouvernement pour sa proximité avec des milieux islamistes, ils avaient pignon sur rue à l'hôpital ! N'oubliez jamais que le principal moyen d'action de Daech en Syrie, c'était l’accès aux soins gratuits pour les populations. La santé gratuite, ce n’est pas rien ! Zineb El Rhazoui, qui a traduit des lettres politiques des Frères musulmans, a montré que leur objectif, surtout en France, était d'utiliser le système de protection sociale et de conquérir le système hospitalier.
[…] Il faut une mobilisation pour garantir aux malades l'accès aux soins dans un environnement protégé du prosélytisme, du fondamentalisme et des dérives sectaires. […]
Voir aussi : «Il y a une montée du radicalisme religieux à l'hôpital», estime Patrick Pelloux dans un rapport – Le Figaro