Monsieur Poggia un habitant vous a interpellé sur le fait que ces mineurs non-accompagnés se trouvent dans l’âge de la prédation sexuelle et sont, pour la plupart, issus de sociétés conservatrices, peu au fait avec nos moeurs libérales. Que répondez vous à cette préoccupation?
Je crois qu’il ne faut pas peindre le diable sur la muraille. Il s’agit d’être attentif, il ne faut pas être naïf non plus. C’est pour cela qu’il est important d’assurer un encadrement mais aussi une intégration. Quand je parle d’intégration, c’est aussi un apprentissage de notre mode de vie parce que c’est vrai que nous avons affaire à des personnes qui viennent de cultures différentes. De là à venir dire qu’il s’agit de personnes qui sont à un âge de prédation sexuelle, je pense qu’il ne faut pas exagérer. Des mineurs non-accompagnés se trouvent partout en Suisse et je n’ai vu aucun fait divers de ce type là, fort heureusement. Il n’y a donc aucune raison de penser que ces jeunes, qui sont en train de se reconstruire une vie, qui sont passés par des épreuves difficiles, vont se mettre dans des situations mettant en péril leur liberté. Il faut faire preuve de mesure et être attentif à toute caricature réductrice, respecter les craintes qui sont exprimées, essayer d’apporter des solutions et surtout des réponses rassurantes.
Qu’en est-il des dévaluations de terrain que pourraient subir les propriétaires de villa à côté du centre?
Des constructions sur des parcelles voisines sont un risque pour tout propriétaire. On est toujours tributaire de ce qui peut se construire à côté de chez soi. Lorsque l’on achète une villa qui est entourée de villas, on sait qu’en principe on restera avec des villas à côté. Lorsque l’on a un terrain qui n’est pas construit et qui est constructible, on sait qu’on peut avoir un bâtiment. De là à penser que ce bâtiment va déprécier la villa elle-même, je pense qu’il y a un pas à ne pas franchir. Mais je suis conscient aussi que les propriétaires d’une villa peuvent avoir ce type de préoccupation.
Ne pensez-vous pas que les familles qui viennent d’Erythrée, d’Afghanistan et de Syrie envoient leurs enfants chez nous uniquement pour qu’ils bénéficient d’un niveau de vie supérieur?
C’est possible, et cela doit nous inciter à davantage de respect encore. Je pense que si un père et une mère se séparent de leur enfant pour l’envoyer de l’autre côté de la Méditerranée, en Europe, cela doit être d’abord un déchirement.
Je pense que si certains le font, souvent en s’endettant eux-même pour payer ces passeurs qui profitent de la détresse humaine, c’est aussi pour essayer d’offrir à leurs enfants un avenir meilleur que celui dans le pays dévasté dont ils viennent souvent. Il ne s’agit pas de se dire que ces gens viennent chez nous uniquement pour essayer de trouver un meilleur avenir économique. Cette situation est la résultante d’une détresse de populations qui vivent dans des conditions telles, qu’ils ne peuvent pas envisager un avenir pour leurs enfants, au point de se séparer d’eux et de les envoyer à l’autre bout du monde. Nous ne sommes donc pas dans une stratégie machiavélique, comme certains veulent le prétendre.
Source: La Pravda.ch