Un syndicat étudiant de l'Université de Londres entend supprimer l'enseignement obligatoire des «philosophes blancs» afin de «décoloniser» l'établissement. Certains universitaires estiment que le politiquement correct devient hors de contrôle.
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Des races et du racisme
Des races et du racisme
de Vautrin
L'auteur est docteur d'État et ancien maître de Conférences.
La notion de déterminisme ne fait rien d’autre que de donner une cohérence logique au rapport des choses et au rapport des gens. Néanmoins… Il est constatable et prévisible que des chiens ne donnent pas des chats. Mais des chats – sans parler des bestioles saugrenues inventées par sélection humaine – il y en existe au moins neuf lignées naturelles, par exemple les Singapouriens ou les Européens à poil court. Elles se distinguent par des génotypes et des phénotypes différents, et se sont probablement différenciées d’une lignée ancestrale commune. Bien sûr, appartenant à la même espèce, les sujets d’une quelconque lignée A peuvent s’hybrider avec ceux d’une quelconque lignée B. En raison de la ségrégation indépendante des caractères héréditaires multiples, si les hybrides de première génération sont de même phénotype et de même génotype hétérozygote, la génération suivante obtenue par croisement de ces hybrides avec première génération fait réapparaître dans une certaine proportion (qui dépend du nombre de caractères transmis) les phénotypes et génotypes des grands-parents. Statistiquement, bien sûr.
Sur la base de ces constatations déterministes, on parle de « sous-espèces ». Expression politiquement correcte pour éviter de prononcer le mot « races ». On préfère parler (par abus de mot) de « cultures » pour avoir tout de même un critère de différenciation. Car on aura beau faire, l’humain différencie aussi de l’humain. Les races se différencient d’abord génotypiquement et phénotypiquement, et toutes les arguties de certains « savants » n’y changeront rien. Elles se différencient aussi sociologiquement. Mais on comprend bien pourquoi on ne parle plus de « races » humaines, car on craint les excès du racisme. À juste titre, si l’on s’en réfère à l’Histoire. À notre histoire exclusivement, et pourtant celle des autres n’a rien à envier à la nôtre en la matière, mais il ne faut surtout pas en parler ! Pourtant, l’observation m’a appris qu’à l’exemple du « bon sens » (selon Descartes), le racisme est l’une des choses au monde les mieux partagées. C’est aussi l’une des postures les plus relatives aux points de vue idéologiques.
Bien partagé : chez nous, Guides et illuminés n’attribuent le racisme qu’au Blanc colonisateur, et donc les personnes en butte au racisme, victimes « d’exclusion » et d’«apartheid » comme, prétend-on, ce serait le cas chez nous, ne sauraient être elles-mêmes racistes. Il suffit d’avoir voyagé un peu pour savoir qu’il n’en est rien et que les ethnies non seulement s’opposent mais se hiérarchisent les unes les autres et se massacrent joyeusement en conséquence. La mémoire courte oublie l’affrontement récent des Tutsis et des Hutus, et ce n’est qu’un exemple. De fait, c’est l’exclusion inclusive[1] qui fonctionne de manière excessive, poussant l’anallactique[2] jusqu’à exacerber l’ethnocentrisme et parfois à vouloir détruire ou réduire en esclavage ceux sans qui, pourtant, la frontière n’existerait pas.
Le racisme est donc un rapport humain assez banal (j’entends déjà hurler les bonnes âmes !). Cela se distingue notamment dans le vocabulaire. J’ai été personnellement obroni, muzungu lorsqu’en Afrique les gens du peuple s’adressaient à moi, et les rappeurs de banlieue, reprenant la vulgate de leurs ethnies, parlent de face de craie, babtou (reprise du malinké toubab), ou euphoniquement de souchien. Voilà qui est tout aussi raciste que négro ou bougnoule. Il n’y a que les illuminés pour penser le contraire. Au gringo correspond à rebours le chicano, le flamisch aux « franse raten », le gabacho à l’espingouin, l’ajrad au zouaoua et ainsi de suite. La liste des termes péjoratifs utilisés dans le monde pour flétrir l’étranger-pas-de-chez-nous est infinie. Il y a gros à parier qu’il en va ainsi depuis la nuit des temps et que cela durera tant que perdurera l’espèce humaine. On aura beau faire des lois et des leçons de morale : on peut en interdire la manifestation, mais le fait échappe aux codes.
Lorsque cet affrontement, bataille de frontières, va jusqu’à l’ethnocide, évidemment cela pose des problèmes éthiques, mais là n’est pas mon propos. Je note simplement que dans le racisme se mêlent, pas toujours distinctement, des critères phénotypiques et des critères sociologiques.
Examinons maintenant quelques excès et abus de la notion même de racisme, liés aux différences de points de vue sur celle-ci. On se souviendra sans doute du débat sur l’opportunité d’interroger des candidats aux concours de catégorie C de la fonction publique sur La Princesse de Clèves. L’argument était que toutes ces références culturelles « discriminent » les candidats issus des « minorités visibles ». C’est-à-dire qu’un banal fait de culture est dégradé au rang d’acte raciste. Le CRAN, Conseil Représentatif des Associations Noires de France, figurait parmi les protestataires ; l’amusant est que cette association (subventionnée) est ouvertement raciste. N’est-ce pas son président qui déplorait que la jolie Miss Bourgogne, devenue Miss France en 2012, fût « blanche comme neige » ? Mais plus fondamentalement, ce genre de démarche supposée lutter contre une forme de racisme, ne fait que flétrir a-contrario ceux qu’il croit défendre : en suivant le raisonnement, ils ne feraient pas le poids dans la compétition culturelle.
On finit par en arriver à une aberration, importée des États-Unis (mais en voie d’abandon là-bas, me dit-on) : la discrimination positive. L’expérience montre qu’elle n’est pas bonne, ni pour les discriminés positifs, que l’on dispense d’efforts, ni pour l’ensemble de la société qui voit s’abaisser le niveau de ses élites.
Lorsque l’idéologie s’empare du racisme, en retour elle nourrit le racisme. Il n’y a pas de discrimination positive, il y a la discrimination tout court, et cela doit être interrogé sociologiquement et éthiquement. Mais pour demeurer dans le domaine de ce qu’on appelle ordinairement « la culture », on remarquera que de nombreux auteurs des siècles passés, encore révérés de mon temps, sont mis à l’index par les illuminés de la « bien-pensance » pour être Blancs, Européens, Mâles, Sexistes. Tout y passe : Villon, Rabelais, Montaigne, Corneille, l’Abbé Prévost, Stendhal, Flaubert et ainsi de suite. Une vraie dévastation culturelle ne livrant plus que des textes expurgés et réécrits aux lycéens d’aujourd’hui. La machine à décerveler du Père Ubu.
C’est que, du racisme au sexisme, il n’y a qu’un pas stupidement franchi par les illuminé(e)s, je reviendrai sur ce point prochainement. Il y en a d’autres, par exemple le pas qui mène à confondre racisme et homophobie etc… Allons plus loin. Il existe un anti-christianisme très fort, qui se manifeste par des caricatures, déprédations, voire des massacres ; personne, chez les Guides et illuminés, n’ira hurler au racisme anti-chrétien. Le fait est qu’une religion n’est pas une race, il n’y a pas de critères phénotypiques, seulement des critères sociologiques internes de différenciation, étant donné que chaque peuple fait sa cuisine particulière de la religion. Il est cependant extrêmement curieux que dès qu’il s’agit de critiquer l’islam, de caricaturer son prophète, de crépir une mosquée avec des lardons, on trouve de nombreux bien-pensants pour hurler au racisme. Or l’islam, pas plus que le catholicisme, ne constitue une race, c’est une évidence qu’il faut rappeler.
Derrière ces attitudes, il y a toujours un projet politique d’uniformisation de l’humanité en transformant les hommes par la contrainte violente. L’antiracisme est à la fois un fonds de commerce et un racisme réel.
Pour finir, différencier de l’humain en races (ou en « cultures ») autorise-t-il à établir une échelle d’humanité ? En fait, on constate des réalisations pratiques extrêmement variées à travers le monde. Pour prendre deux extrêmes : il y a encore aujourd’hui des chasseurs-cueilleurs et ailleurs des astrophysiciens vivant dans des stations spatiales. Il n’y a par ailleurs probablement pas de gènes déterminant le port du pantalon plutôt que du boubou, l’organisation tribale plutôt que la république une et indivisible. Mais toutes ces différences constatées révèlent tout de même à travers la diversité des langues une même faculté de langage, à travers l’hétérogénéité des outils une même faculté technique, à travers les variétés de groupes une même faculté à faire du social, à travers le fatras des morales une même capacité d’éthique. Mais toutes leurs manifestations ethniques se valent-elles ? Je demeure sceptique et suspends (hypocritement) mon jugement (ἐποχή).
Vautrin
(Nom connu de la rédaction)
[1] Ce qui veut dire : un groupe se constitue davantage par exclusion que par intégration.
[2] Le pôle politique anallactique consiste à demander à l’étranger de s’assimiler sans concession ; le pôle synallactique consiste à modifier les lois du groupe pour « s’ouvrir » à l’étranger. C’est à ce pôle que nous en sommes !
Nihilisme, dissidence et désobéissance civile
Face au techno-nihilisme : la dissidence et la désobéissance civile. Philippe Darantière, ancien officier, est consultant en relations sociales. Militant engagé, il publie un essai dénonçant Le techno-nihilisme (éd. Presses de la Délivrance). Il répond à Louis Lorphelin dans Présent. Extraits :
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Philippe Darantière : Le techno-nihilisme est le nom de cette idéologie qui étend aujourd’hui sa domination à mesure que s’étend la mondialisation. Il s’agit d’un nihilisme qui professe que la vie n’a ni sens ni cause, mais que la seule réalité se trouve dans le désir humain. La technique a pour mission de satisfaire ce désir, quel qu’il soit. Le techno-nihilisme s’est imposé depuis la chute du communisme comme la synthèse des deux doctrines : le libéralisme et le socialisme. Il revendique l’application de la loi libérale de l’offre et de la demande à toutes les relations humaines, tout en empruntant au socialisme le culte de la puissance publique pour faire advenir la société nouvelle. Nous sommes donc face à une idéologie qui étend, par les lois de l’Etat, les règles du marché à toute notre existence.
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Quels sont les origines anciennes, les racines profondes de ce mal ?
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Philippe Darantière : La source de ce courant de pensée se situe à la fin de la période médiévale, lorsque s’efface la doctrine politique fondée sur la notion de bien commun théorisée par saint Thomas d’Aquin. Le grand schisme d’Occident, puis la Réforme, ont mis à mal la conception d’un pouvoir ayant sa source en Dieu (« Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir s’il ne te l’avait été donné d’en haut » dit le Christ à Pilate dans saint Jean 19,11). A partir de Machiavel, de Grotius, puis de Hobbes, Locke et Rousseau, l’autonomie de l’individu est revendiquée comme la seule source du pouvoir souverain. Mais il s’agit encore du pouvoir politique. Puis, Marx va professer que le pouvoir n’est qu’un jeu de forces antagonistes entre les mains des acteurs économiques, ce que le colonialisme du XIXe siècle confirme pour partie. L’esprit mercantile est l’inspirateur direct de la société de consommation, qui va triompher du socialisme après la chute du mur de Berlin : 1989 marque la victoire du marché sur la propriété collective des moyens de production. La loi de l’offre et de la demande est devenue LA Loi. De simple méthode de gestion, le libéralisme est devenu une norme de pouvoir qui s’impose aux états eux-mêmes. Le techno-nihilisme est un régime de profit maximum, où le marché est chargé d’organiser toute la société.
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Quel espace, quel domaine est encore préservé de ce système ?
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Philippe Darantière : Il n’en existe aucun. Le techno-nihilisme assure la marchandisation de tout, et même la vie humaine ne peut y échapper. Avec le gender, le désir d’une paire d’individus prime sur les droits découlant de la nature humaine : un enfant peut avoir deux papas ou deux mamans, il peut être acheté sur internet à une mère porteuse ou produit dans un laboratoire pour un couple de lesbiennes... Déjà, le transhumanisme ajoute à ce panorama la perspective d’un homme « augmenté » par la technique selon son désir, avec la promesse d’une vie de plusieurs siècles. Raymond Kurzweil, directeur de l’ingénierie chez Google, prétend que l’homme qui vivra mille ans est déjà né.
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Est-il possible d’endiguer aujourd’hui cette idéologie libérale-libertaire qui semble invincible ?
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Philippe Darantière : Il me semble que c’est encore possible, mais il est urgent de réagir. J’ai appris à combattre le communisme dans ma jeunesse grâce à la formation reçue de mes aînés. Nous disposions alors de quantité d’ouvrages décryptant les erreurs du marxisme. Notre génération était armée intellectuellement. Il est essentiel que la jeune génération apprenne à dénoncer le techno-nihilisme à partir d’un effort de formation et de réflexion. Je souhaite que s’établisse une critique de cette idéologie qui puisse la combattre intellectuellement en même temps qu’elle permette de l’affronter sur le terrain. Comme Alexandre Soljenitsyne, dont le mot d’ordre a été repris par Philippe de Villiers, vous appelez, en guise de conclusion, à la dissidence et à la désobéissance civile. Pensez-vous que cet appel sera entendu alors qu’une grande partie de nos concitoyens semblent inconscients de leur état de servitude ?
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Philippe Darantière : Le techno-nihilisme est impuissant face à celui qui ne se soumet pas à l’absolu du marché. Mais pour échapper à sa domination, il faut choisir de vivre en dehors du système qu’il impose. Cette forme de dissidence est bien connue de vos lecteurs. Comme elle est odieuse aux gardiens de l’idéologie, ils usent contre nous de la violence symbolique des médias de masse, et quand cela ne suffit pas, de la violence policière des forces du régime. Chaque dissident doit donc se préparer à la désobéissance civile qui est véritablement « le pouvoir des sans-pouvoir » décrit par Vaclav Havel, conclut Philippe Darantière.
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Adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2016/04/face-au-techno-nihilisme-la-dissidence-et-la-d%C3%A9sob%C3%A9issance-civile.html
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http://www.causeur.fr/sens-existence-civilisation-europeenne-islam-37840.html
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Un prof de philo démissionne du lycée musulman Averroès
Antisémitisme, sectarisme... : un prof de philo démissionne du lycée musulman Averroès, qui porte plainte pour diffamation
Un professeur de philosophie du lycée Averroès a décidé d'expliquer pourquoi il a décidé de démissionner. L'établissement a annoncé qu'il portait plainte pour diffamation.
Soufiane Zitouni, n'est plus professeur de philosophie au lycée Averroès de Lille. Il a démissionné, cinq mois seulement après avoir commencé à enseigner dans cet établissement musulman, reconnu par l'Etat. Ce vendredi matin, il explique pourquoi dans une longue tribune écrite pour le quotidien Libération.
L’ecopopulation, ou comment retrouver le sens du « chez-soi »
L'initiative suisse baptisée « Ecopop » est extrêmement intéressante pour nous, français. D'une part parce que nous nous considérons comme bien plus affectés par les remous de l'immigration massive qu'en Suisse (à tel point qu'on utilise désormais le concept de « grand remplacement ») ; d'autre part parce que ce concept fait référence à l'expression « écologie humaine » (de S.S Jean-Paul II), qui est devenue un slogan et un mouvement à part entière à la suite des grandes manifestations contre la loi Taubira, qui a institué le Mariage pour tous.
On se retrouve là face aux deux grands défis de nos sociétés Occidentales - et en cela, cette initiative suisse intéresse tout européen : celui du remplacement de population par l'immigration massive, et celui, corrélatif, du remplacement d'une certaine éthique de civilisation qui a pu caractériser l'Occident chrétien. Il s'agit pour nous de déceler en quoi le remplacement de population et le remplacement de civilisation sont corrélatifs, et comment lutter contre ce que d'aucuns ont pu appeler un « génocide » (Bernard Antony) ou encore un « suicide » (Eric Zemmour), pour qualifier ce qui se passe en France.
L'idée d'une « écologie des populations » vise à lutter contre ce double danger. « Eco » vient du grec οἶκος, oîkos (la « maison »). L'éco-logie est donc la science ou la logique de l'habitation. L'éco-population désigne donc la « maison de la population ». De même que l'économie, (οἰκονομία, oikonomía) désigne la « gestion de la maison ». Rien de plus écologique et économique, donc, qu'une « écologie des populations ».
On ne saurait résister au double déracinement de l'immigration massive et du basculement de civilisations sans comprendre et exploiter cette référence à la « maison », à l'habitation et au concept fondamental du « chez-soi ». Le chez-soi, c'est le lieu où l'on vit, où l'on mange, où l'on dort. C'est un lieu que nous connaissons, et, surtout, que nous reconnaissons. La déconstruction des normes morales, dans laquelle l'européen se reconnait, fait qu'il ne peut plus être « chez-soi », chez lui : il ne s'y reconnait plus. De même que l'importation de nouvelles normes, de nouvelles religions et de nouvelles modalités de vivre, à cause de l'immigration, nous fait perdre le sens du « chez-soi ».
Voilà pourquoi il faut entreprendre une grande action sur le ré-enracinement. L'enracinement, écrivait la grande philosophe Simone Weil, est « le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine » (L'enracinement, Gallimard, Paris, 1943). Le philosophe Jan Patockà a définit l'homme Européen comme « celui qui a le souci de son âme » (Platon et l'Europe) : l'âme est effectivement ce qui nous est le plus intime, là où nous sommes le plus enraciné, et là où l'on est le plus « chez-soi ».
L'écopopulation est cette manière intelligente de dire deux choses : nous sommes chez nous, et notre pays a une âme. Donc nous avons le droit de nous soucier de l'âme de notre pays. Un pays qui a une âme, a une conscience et une mémoire : il est une patrie, c'est-à-dire la terre des pères. La grande phénoménologie du XXe siècle a pu ainsi avoir conscience de ce lieu fondamental qu'est la patrie : « Toute chose essentielle et grande a pu seulement naître du fait que l'homme avait une patrie (Heimat), et qu'il était enraciné dans une tradition », écrit le philosophe Martin Heidegger (réponses et questions sur l'histoire et la politique, Paris, Mercure de France, 1977, p.68). Patrie, tradition, enracinement, exactement ce que l'on veut nous enlever, et donc exactement ce sur quoi il faut insister, pour résister...
Vivien Hoch, 12 novembre 2014