Révélations – L’ingérence russe dans la présidentielle US

   
Michel Garroté - "Contre Trump la résistance s’organise" ; "Une myriade de manifestations contre Trump". Voilà les grands titres de la presse, le 20 janvier 2017, jour de l'investiture de Donald Trump. On croit rêver. Trump a été élu dans un pays qui est un Etat de droit, une Nation libre et démocratique. Il a été démocratiquement élu. Et que raconte la presse ? Elle raconte que "la résistance s’organise" et qu'il y a une "myriade de manifestations".
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Le titre le plus hallucinant, c'est "la résistance s’organise". Résistance ? Serions-nous en 1940 ? Le nouveau locataire de la Maison blanche serait-il un "Führer", un "Duce", un "Caudillo", un "Conducator" ? Les Etats-Unis seraient-ils devenu une dictature nationale-socialiste ?
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Mais ce qui m'a le plus "fasciné", ces derniers mois, c'est la thèse fumeuse, selon laquelle, il y aurait eu "ingérence russe" dans la présidentielle US : Trump serait donc le candidat de Poutine, du Kremlin, du FSB (l'héritier du KGB). Et nous serions ainsi en pleine Guerre mondiale (terré dans mon bunker en Suisse, j'entends le bruit assourdissant des obus qui pleuvent ; la fin du monde est proche).
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Or donc, il y aurait eu et il y aurait encore "ingérence russe" (il y a peut-être eu "tentative d'ingérence russe", mais rien de plus...). Et dans la foulée, il n'y aurait pas, il n'y aurait plus, "ingérence américaine" en Europe, en Ukraine, en Syrie ou "ingérence française" en Afrique...
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A ce propos, Rafael Poch (*), journaliste à 'La Vanguardia', écrit notamment, dans une remarquable analyse (extraits adaptés ; voir liens vers sources en bas de page) : Dans les années quatre-vingt-dix, l’ingérence de Washington en Russie a été déterminante pour la ruine et la criminalisation de l’économie russe. Beaucoup de décrets de privatisation et d’autres aspects essentiels ont été rédigés directement à Washington.
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Des gens comme le vice-secrétaire du trésor US Lawrence Summers, donnait directement des instructions en matière de code fiscal, TVA et des concessions d’exploitation de ressources naturelles et les plombiers de l’Harvard Institute for International Development, sous le parrainage de l’USAID, Jeffrey Sachs, Stanley Fisher et Anders Aslund, avaient autant d’influence que les ministres.
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Sous la baguette d’Andrei Kózyriev (1992-1996), la politique extérieure russe était aux mains d’une marionnette de Washington qui a été mise comme récompense à la tête de l’entreprise pharmaceutique étasunienne ICN après être révoqué.
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Le grand projet géopolitique pour la Russie des stratèges de Washington comme de Zbigniew Brzezinski était de dissoudre le pays dans quatre ou cinq républiques géopolitiquement insignifiantes - un scénario que la Russie n’a jamais envisagé pour les Etats-Unis, ni dans les moments les plus forts du pouvoir soviétique et dont le précédent historique le plus proche est le projet de dissolution de l’URSS par le "Reichsministerium für die besetzten Ostgebiete" sous la conduite du nazi Alfred Rosenberg.
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Lors des présidentielles de juin/juillet 1996, la complicité des États-Unis a été la clef pour faciliter le financement illégal de la campagne de Eltsine et la manipulation de renseignements qui l’a accompagnée, ce qui a empêché une probable victoire communiste.
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Que beaucoup de tout cela eut été consenti et même favorisé par la classe politique russe dont le principal souci à cette époque était de se remplir les poches, ne change pas grande chose au sujet : après, quand avec Poutine la priorité a été la stabilisation de l’acquis et la récupération de la Russie, Washington a promu les révolutions de couleurs dans divers pays de l’environnement russe et a toujours appuyé ce scénario en Russie même, en soutenant, d’un point de vue économique et informatif, les organisations non gouvernementales et les défenseurs de droits de l’homme dont l’action était favorable à ses intérêts.
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La clé de la récupération russe au début du 21ème siècle a été la soumission du complexe énergétique aux intérêts de l’État. C'est alors qu’on s’est aperçu que Poutine mettait fin la « bananisation » de la Russie, alors que Washington avait parié sur le magnat Mijail Jodorkovski.
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Propriétaire de Yukos, la plus grande compagnie pétrolière russe, et principal bénéficiaire de la privatisation énergétique des années quatre-vingt-dix, Jodorkovski se préparait à défier électoralement Poutine. En 2003, il se disposait à tracer pour cela des liens économiques stratégiques avec l’Occident, comme la vente d’un tiers des actions de Yukos à l’Exxon-Mobil, pour 22.000 millions de dollars, la construction d’un oléoduc vers la Chine et d’un terminal pour l’exportation vers l’Occident à Mourmansk, avec lequel il cherchait à déterminer l’exportation de brut.
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Tout cela non seulement cassait le pacte que Poutine avait établi avec les magnats, pour les acquisitions des privatisations en échange de la non ingérence politique et la soumission à l’État, mais privait le Kremlin du principal atout géopolitique pour la récupération de la Russie : l’usage de sa puissance énergétique.
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Jodorkovski, « a adopté des décisions qui affectaient le destin et la souveraineté de l’État et qu’on ne pouvait pas laisser dans les mains d’un seul homme guidé par ses propres intérêts », a expliqué Poutine en son temps. Jodorkovski a été emprisonné et immédiatement soutenu par l’Occident jusqu’à sa remise en liberté.
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Ce type d’ingérence dans les affaires de la Russie fut une constante - tout russe le sait - et remet à sa place le présumé scandale des hackers russes dans la campagne électorale étasunienne. La réalité simple est que, dans l’hypothèse la plus extrême et indémontrable - avec Poutine pilotant personnellement l’opération - toute cette affaire est assez innocente.
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Plus encore : à côté de ce qu'Eduard Snowden a révélé après avoir démontré sur pièces, l’existence du Big Brother et son contrôle mondial des communications par les États-Unis à travers la NSA, cet épisode (de la soi-disant "ingérence russe" dans la présidentielle US) ressemble beaucoup à une mascarade, conclut Rafael Poch (fin des extraits adaptés ; voir liens vers sources en bas de page).
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Introduction & Adaptation de Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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http://blogs.lavanguardia.com/paris-poch/2017/01/07/rusia-riesgos-agravios-74312/
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http://www.elcorreo.eu.org/Rusia-riesgos-y-agravios
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http://www.elcorreo.eu.org/La-Russie-risques-et-offenses
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(*) Rafael Poch a été pendant vingt ans correspondant de 'La Vanguardia' à Moscou et à Pékin. Auparavant, il a étudié l’Histoire contemporaine à Barcelone et à Berlin-Ouest. Il a été correspondant en Espagne de 'Die Tageszeitung', rédacteur de l’agence allemande de presse DPA à Hambourg et correspondant itinérant en Europe Centrale et Orientale de 1983 à 1987. Actuellement, il est le correspondant de 'La Vanguardia' à Paris.
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Cet article a été traduit de l’espagnol vers le français, pour 'El Correo de la diaspora', par Estelle et Carlos Debiasi.
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L’équipe Trump – Retour à la culture judéo-chrétienne

   
Michel Garroté - Les castes politico-médiatiques occidentales vont encore s'étrangler de rage. Elles vont nous raconter que Trump, c'est le retour à "l'obscurantisme". Car en  effet, Donald Trump s'entoure de chrétiens convaincus. Le Site "Aleteia" a fait la liste des personnalités de culture judéo-chrétienne, qui entoureront Trump, dès son entrée à la Maison Blanche le 20 janvier 2017. Ce n'est donc pas le retour à "l'obscurantisme". C'est au contraire le retour à la Lumière, après huit années de présidence ténébreuse avec Barack Hussein et Michelle Obama (extraits adaptés du Site "Aleteia" ; voir lien vers source en bas de page) :
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Mike Pence, Vice-président, numéro 2 du pouvoir exécutif américain : Homme de confiance de Donald Trump, Mike Pence est un chrétien croyant et pratiquant. Né dans une famille irlandaise catholique à Colombus, dans l’Indiana, ancien élève de l’école paroissiale et enfant de chœur dans sa jeunesse, il se convertit au protestantisme évangélique au lycée. La gauche américaine le déteste depuis que, gouverneur de son État natal, il a fait adopter des restrictions à l’accès à l’avortement et une clause de consciences pour les officiers municipaux ne souhaitant pas célébrer de mariages gays. Les chrétiens qui n’y sont pas favorables ne pourront plus être menacés de prison ni accusés de nier les « droits de l’homme ». « I’m a Christian, a conservative and a Republican, in that order » : Je suis chrétien, conservateur et républicain, dans cet ordre, affirmait-il en octobre dernier.
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Steve Bannon, conseiller spécial du Président, l’éminence grise : Le principal stratège de la campagne électorale de Donald Trump est désormais son conseiller politique principal à la Maison Blanche. Steve Bannon, catholique pratiquant, croit fermement que les États-Unis ont une responsabilité dans la défense de la civilisation occidentale. Étant entendu que la civilisation occidentale s’appuie sur l’héritage judéo-chrétien qui lui a offert la primauté du droit et l’égalité devant la loi, le concept de droits de l’homme et les limites au pouvoir du gouvernement. Bannon considère que les démocrates ont bafoué ces règles civilisationnelles essentielles en tentant de dépouiller la sphère publique et politique de toute influence chrétienne. Steve Bannon avait donné une conférence au Vatican en 2014 via Skype, décrivant devant un public de responsables du Saint-Siège la « crise, tant du capitalisme que des fondements de l’Occident judéo-chrétien que nous traversons » appelant à un sursaut « dans nos croyances ».
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Reince Priebus, White House Chief of staff, numéro 1 de l’administration présidentielle : Directeur de cabinet du Président et premier fonctionnaire de la Maison Blanche. Ancien chef du Parti républicain, il est grec-orthodoxe pratiquant. Il anime toujours un cercle d’étude biblique et un groupe de prière pour les jeunes couples mariés.
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Jeff Sessions, Procureur général, 5e homme du gouvernement : United States Attorney General, Jeff Sessions est le ministre de la Justice de Donald Trump. Historiquement le seul membre du cabinet à ne pas porter le nom de Secretary. L’homme de loi, d’origine anglaise, est protestant méthodiste et très actif dans sa paroisse où il donne des cours d’éducation religieuse chaque dimanche. Tel les Castors Juniors Riri, Fifi et Loulou, célèbres neuveux de Balthasar Picsou, Jeff Sessions est Eagle Scout, le rang le plus haut qui soit chez les Boy Scouts américains.
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Mike Pompeo, le directeur de la CIA, les grandes oreilles de Trump : Le profil qui contraste le plus avec les fonctionnaires sortants de l’administration Obama. Plusieurs universitaires et observateurs politiques américains soutiennent que le prédécesseur et ancien patron du principal service d’espionnage américain d’Obama, John Brennan, se serait converti à l’islam pendant son service en Arabie Saoudite dans les années 90. Nombre d’experts ont dénoncé ces dernières années la naïveté d’un personnage clef du dispositif antiterroriste de l’administration sortante, pointant tour à tour la perméabilité de son entourage aux idées des Frères musulmans, son soutien aux rebelles syriens ou son bellicisme forcené, visant à engager l’armée US en Syrie. Le nouveau directeur de la CIA, Mike Pompeo, est pour sa part un protestant presbytérien, qui enseigne à l’école du dimanche de sa paroisse du Kansas (lui aussi !), il est membre du conseil diaconal de son église.
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Nikki Haley, ambassadrice auprès de l’Organisation des Nations unies, la bonne-parole de Trump : Gouverneure d’origine indienne de la Caroline du Sud, Sikh convertie au christianisme, son site internet annonce la couleur : « Ma foi au Christ a un impact profond sur ma vie quotidienne et je me tourne vers Lui pour obtenir les conseils nécessaires à chaque décision que je dois prendre ».
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Tom Price, ministre de la santé, numéro 10 de l’exécutif : Secretary of Health and Human Services, Tom Price est un protestant évangélique, réputé gros bosseur, fervent partisan au Congrès d’une politique chrétienne en matière d’avortement et de mariage.
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Le Docteur Ben Carson, ministre du logement, l’expert ès pauvreté : Le futur Secretary of Housing and Urban Development, chrétien protestant évangélique fervent, a grandi dans la ville économiquement sinistrée de Detroit (ancienne capitale d’une industrie automobile en lambeaux). Il est aujourd’hui l’un des neurochirurgiens les plus célèbres du monde. Carson place sa foi au centre de sa vie et lui prête sa capacité à s’élever au-dessus des circonstances douloureuses qu’il a traversées au long de son existence. Il sera en charge de la réduction de la pauvreté, particulièrement de la communauté noire-américaine et, par dessus tout, de redonner une vie économique et culturelle aux villes sinistrées américaines.
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Le général Michael Flynn, conseiller en sécurité nationale, le bras armé : Spécialiste du renseignement militaire, impétueux, viré par l’administration démocrate pour avoir dénoncé les lacunes de l’appareil sécuritaire américain face au terrorisme islamiste. D’ordinaire critique envers Moscou, il a rencontré Vladimir Poutine et déclaré vouloir travailler avec les Russes pour gagner la guerre contre le terrorisme. Il est catholique pratiquant.
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Betsy DeVos, ministre de l’éducation, l’atout social de Trump : La Secretary of Education Betsy DeVos, protestante calviniste, bénéficiera d’un pouvoir étendu pour remanier le système d’enseignement public américain. Sa foi chrétienne est au cœur de sa compréhension de l’identité nationale américaine. Elle soutient tout d’abord Marco Rubio, candidat catholique malheureux à la primaire républicaine avant de rejoindre le clan Trump. Soulevant régulièrement la question du monopole sur l’éducation des enfants américains des écoles gouvernementales (« les écoles publiques » en France), Betsy DeVos défend aussi l’idée d’un crédit d’impôt offert aux familles pauvres, en particulier aux minorités ethniques dans les centres-villes, où les écoles publiques sont délabrées, en sous-performance et fournissent de mauvaises conditions d’éducation, afin que les parents pauvres puissent envoyer leurs enfants dans de meilleures écoles en dehors de leur quartier (fin des extraits adaptés du Site "Aleteia" ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction & Adaptation de Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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http://fr.aleteia.org/2016/12/21/diaporama-le-gouvernement-tres-chretien-de-donald-trump/
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Mais qui est donc Stephen Bannon ?

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Michel Garroté - A propos de Donald Trump et de Stephen Bannon, j'avais publié, sur Les Observateurs, l'excellente analyse de Gilles William Goldnadel, intitulée "Trump et Bannon – Procès en sorcellerie" (voir premier lien vers source en bas de page). Ci-dessous, je publie les extraits d'une chronique publiée par Thomas Renaud sur le site catholique français 'Aleteia'.
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Cette chronique détaille le parcours professionnel et personnel de Stephen Bannon. Je n'approuve qu'en partie ce qu'écrit Thomas Renaud et cependant je publie sa chronique (serais-je "démocrate", moi le "facho" de service ?) car elle fournit des éléments intéressants sur Bannon, éléments que je n'ai trouvé nulle part ailleurs (et ce serait moi le "facho" ?...).
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Or donc, le chroniqueur - un brin progressiste et un brin anti-libéral - Thomas Renaud écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Il fut le premier membre de la future équipe du président Trump à être titularisé le 13 novembre dernier. Stephen Bannon sera l’un des hommes forts de la Maison-Blanche. Nommé « chef de la stratégie », il sera le plus proche conseiller de Donald Trump pour les quatre années à venir.
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Rares sont pourtant ceux qui savent qui il est réellement. Les grands médias français, qui ne se sont pas distingués par leur sens de la mesure durant la campagne présidentielle américaine, ne prennent pas de gants pour qualifier ce spin doctor atypique : « Idéologue incendiaire » pour Le Monde, « sulfureux stratège » pour France Info, le JDD titrant clairement « un raciste à la Maison-Blanche ».
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Comme cela est assez naturel pour les « conseillers de l’ombre », la biographie de Stephen Bannon est relativement méconnue. Quelques repères succincts permettent cependant de mieux comprendre son parcours. Né en Virginie, dans la ville de Norfolk, il a grandi dans une famille modeste d’origine irlandaise et a donc assez naturellement été élevé dans la religion catholique. Passé par la prestigieuse Virginia Tech, il obtint ensuite un master à l’université de Georgetown puis en 1983 un MBA de la Harvard Business School.
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Stephen Bannon débute sa carrière dans la finance, au sein de  la banque Goldman Sachs (ndmg - c'était à ses débuts et puis personne n'est parfait), avant de lancer sa propre banque d’investissement. C’est en misant sur des sociétés de production audiovisuelle qu’il découvre le monde médiatique. En 2012 il prend la tête de Breitbart News, fer de lance du Tea-Party aux États-Unis. Ce site d’information jouera un rôle de premier plan, notamment à travers les réseaux sociaux pour appuyer la candidature de Donald Trump et concentrer les tirs sur sa rivale Hillary Clinton. Stephen Bannon ne rejoindra officiellement l’équipe Trump que tardivement, le 17 août 2016.
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Stephen Bannon oriente son propos autour de deux grandes crises des sociétés occidentales. D’un côté, une crise du capitalisme qui a vu un « capitalisme éclairé » remplacé dans certains pays par le capitalisme d’État et dans d’autres par une vision ultralibérale débridée (ndmg - en France, dès que quelqu'un se dit 'libéral', on le dénonce comme 'ultralibéral'). De l’autre, une crise morale, celle de la sécularisation de masse, dont « la marche irrésistible de la pop culture » est l’incarnation. Cette double crise voit ses conséquences néfastes amplifiées par le jihadisme islamique qui profite de ces faiblesses.
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Si les positions de Stephen Bannon peuvent sembler particulièrement déroutantes à de nombreux catholiques, elles n’en ont pas moins rencontré un large échos auprès de la majorité chrétienne américaine. Il assume en effet clairement la théorie du choc des civilisations développée par Samuel Huntington. Il appelle à un front international des pays chrétiens pour défendre les chrétiens d’Orient et contrer la barbarie islamique.
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Et pour cela, les chrétiens doivent selon lui se mobiliser : « Que faisons-nous de notre argent ? Que faisons-nous de ce que la Providence nous a donné comme dons pour créer de la richesse et des emplois », demande-t-il. Avant de répondre : « Nous devons réinvestir tout cela pour des causes vertueuses ». comprendre : dans une résistance massive des chrétiens en Occident comme en Orient.
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Bannon appelle à un populisme chrétien — thème popularisé par un autre spin doctor, Français celui-ci : Patrick Buisson — contre le « parti de Davos », celui des super-élites mondialisées. En 2014, Stephen Bannon appelait à un « Tea-Party mondial », nom qu’il donnait au mouvement de fond qui voie l’émergence des partis populistes (ndmg - populaires, pas "populistes"...) en de très nombreux pays, ajoute Thomas Renaud (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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https://lesobservateurs.ch/2016/11/22/trump-bannon-proces-sorcellerie/
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http://fr.aleteia.org/2016/11/23/etats-unis-qui-est-vraiment-stephen-bannon/
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Un barbare à la Maison Blanche

Par Guy Millière

Dois-je le dire ? Presque tout ce que je lis dans la presse française sur la situation au Proche-Orient m’est insupportable.

Des gens censés être rationnels semblent incapables de voir que le Hamas est une organisation djihadiste aux buts génocidaires et que l’Etat Islamique proclamé par Abou Bakr al Bagdadi est lui aussi un groupe djihadiste génocidaire.

Ils semblent ne pas voir que le Hamas entend d’abord exterminer les Juifs israéliens avant d’aller plus loin, et que l’Etat Islamique proclamé par Abou Bakr al Bagdadi commence par s’efforcer d’exterminer les Chrétiens en Irak et en Syrie avant d’aller plus loin.

Ils semblent ne pas voir que le Hamas est un Etat Islamique qui n’a pas réussi, alors que l’Etat Islamique, lui, réussit mieux en termes de massacres et de meurtres de masse.

Ils semblent ne pas voir que ce qui différencie les Juifs israéliens des Chrétiens d’Irak et de Syrie est que les Juifs Israéliens ont une armée puissante, des moyens d’endiguer le Hamas et de limiter fortement les dégâts que peuvent provoquer les tirs de missiles.

Les Chrétiens d’Irak peuvent compter sur le monde occidental, qui leur enverra de quoi mourir après avoir bu l’eau de l’aide humanitaire et absorbé quelques rations alimentaires, les Chrétiens de Syrie ne peuvent pas même compter sur quelques bouteilles d’eau, et quelques rations alimentaires.

Je parcours ici ou là des articles de sodomiseurs de mouches sur la « contestation du modèle occidental » et sur un « modèle islamique » qui se cherche et qui, à l’évidence, ne se trouve pas.

Je ne vois nulle part posée l’équation fondamentale, qu’il est tabou de poser en cette ère de relativisme culturel où tout vaut tout, où rien ne vaut rien, et où, à force de réduire les idées en purée, il ne reste plus dans les têtes que du brouillard, de l’impuissance et de l’incapacité à comprendre.

L’équation est simple : civilisation ou barbarie

La civilisation n’est pas seulement la civilisation occidentale : elle est ce que le monde occidental a apporté de plus fécond au monde, à savoir le respect de l’être humain en tant qu’être humain, la tolérance envers les minorités, le droit d’avoir des droits fondé sur le droit naturel de l’être humain, l’esprit de création et d’entreprise. Tout cela existe ou a existé hors du monde occidental, sur tous les continents. Tout cela existe, à des degrés divers, en Australie ou au Japon, au Chili, en Pologne. Tout cela a existé en Turquie avant le glissement vers l’islamisme opéré par Erdogan, au Liban avant la guerre civile provoquée par les exactions des factions « palestiniennes ». Des sociétés dictatoriales ont été des sociétés civilisées et le sont encore : un régime autoritaire suspend la liberté de choix politique et entrave la liberté de parole, mais pas toutes les formes de liberté, et c’est ce qui le distingue d’un régime totalitaire.

La barbarie, elle, a existé au sein du monde occidental : elle a été, précisément, les régimes totalitaires, fascisme et national-socialisme, communisme. Quand bien même il existe des vestiges de totalitarisme (Cuba, Corée du Nord), la barbarie est aujourd’hui sur terre incarnée essentiellement par l’islam radical. Elle est le Hamas. Elle est l’Etat Islamique.

Si on savait encore en Europe ce qu’est la civilisation, on verrait que la civilisation est en Israël et la barbarie du côté du Hamas. On verrait qu’en Irak et en Syrie, la civilisation est dans le cœur de minorités broyées et qu’on laisse broyer, et la barbarie du côté de ceux qui broient ces minorités, mais on semble ne rien voir.

Mais en Europe, parce que le relativisme règne, on ne voit plus, on ne comprend plus. On dissocie les conflits et on émiette.

On regarde ceux qui saignent sans voir qui les fait saigner : on ne voit pas que le Hamas et l’Etat Islamique aiment tous deux les charniers et ce qui saigne parce que la barbarie aime les charniers et ce qui saigne. Le Hamas ne peut tuer les Juifs, alors il tue et fait tuer la population du territoire qu’il régit : il sait quelle confusion mentale existe en Occident. Il sait, de surcroît, que dans les neurones d’un relativiste occidental, il y a toujours de l’antisémitisme qui sommeille, et il compte sur l’antisémitisme qui sommeille. L’Etat Islamique peut tuer les Chrétiens, alors il les tue : il sait lui aussi la confusion mentale qui existe en Occident. Il sait que le relativisme conduira à une réaction de compassion passagère.

J’ai beau parcourir de nombreux articles publiés en France, je ne vois rien sur la doctrine Obama et sur les amitiés islamiques d’Obama. Alors que c’est pourtant, au delà du relativisme, la clé pour comprendre.

Il semblerait que l’offensive israélienne à Gaza a été stoppée parce que le Hamas a un allié à la Maison Blanche, et que cet allié peut décider de freiner ou d’arrêter la livraison de certaines armes, et exercer d’autres chantages. Comme l’a écrit David Horovitz dans The Times of Israel, le Hamas a beaucoup de chance, Israël en a beaucoup moins.

Il est évident, pour qui n’est pas totalement analphabète ou irrémédiablement abruti, que la situation en Irak est le fruit de la décision de retrait total des troupes américaines, prise par Barack Obama fin 2011. Il est évident que Barack Obama entend laisser le champ libre à l’Etat Islamique, pourvu qu’il s’oriente vers des tâches acceptables par la Maison Blanche, tout comme il est évident que Barack Obama voulait seulement endiguer l’Etat Islamique, pas protéger les Chrétiens : il a d’ailleurs prononcé vendredi un discours parlant de « mission accomplie ».

Nouri al Maliki a quitté le pouvoir à Bagdad : la décision est présentée en France comme une « victoire » d’Obama, alors que le remplacement de Maliki a été décidé à Téhéran et qu’Obama se conduit en supplétif de Téhéran.

Quasiment toute la presse française incrimine la doctrine Bush et la décision de renverser Saddam Hussein. Il semble qu’il faille le répéter : l’Irak, fin 2008, était un pays stabilisé, et revenu, largement, du côté de la civilisation, après les années barbares du règne de Saddam Hussein. Parce qu’un barbare est à la Maison Blanche, l’Irak est retourné à la barbarie. Parce que des suppôts des barbares appelés Chirac, Villepin, Schröder étaient là en Europe et ont suscité une alliance de soutien à la barbarie, vaincre la barbarie en Irak a pris cinq ans et a coûté plus de vies que cela n’aurait dû être le cas. Grâce aux suppôts des barbares, des régimes barbares ont pu rester en place : en Iran, tout particulièrement. Parce que des journalistes sont eux-même suppôts des barbares, les décisions des politiciens suppôts des barbares n’apparaissent toujours pas en leur infamie et en leurs conséquences criminelles.

Quelques dirigeants en Europe semblaient savoir encore en 2003 ce qui sépare la civilisation de la barbarie. Aujourd’hui, plus aucun dirigeant en Europe ne semble savoir quoi que ce soit. En 2003, il y avait un Président à la Maison Blanche qui savait ce qui sépare la civilisation de la barbarie. Aujourd’hui, je l’ai dit, un barbare est à la Maison Blanche.

Aucun analyste en France ne semble discerner encore ce qui sépare la civilisation de la barbarie. Aucun ne semble voir dans quelle situation nous sommes.

Je pourrais faire ce qui doit l’être et dire ce qui doit l’être, mais on ne m’invite plus à la télévision. Je risquerais de dire du mal des barbares et de rappeler ce qu’est la civilisation. Et je pourrais dire la vérité sur Obama. Imaginez ! Je suis le seul en France à avoir dit dès le départ qui était Obama, et ce qu’il allait faire. Je ne me suis pas trompé. C’est impardonnable.

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