Phil Shiver, 17 juin 2021
Mardi soir sur Fox News, Tucker Carlson a affirmé que des agents fédéraux des forces de l’ordre pourraient avoir, sinon organisé, du moins contribué à organiser l'émeute du 6 janvier au Capitole des États-Unis. Si c'est vrai, cela soulève de graves questions sur la réaction du gouvernement fédéral ce jour-là.
Carlson a entamé son monologue en demandant abruptement : "A propos du 6 janvier, pourquoi y a-t-il tant d’éléments, factuels, fondamentaux, que nous ignorons encore ? Pourquoi l'administration cache-t-elle plus de 10'000 heures d'enregistrements de vidéosurveillance du Capitole ? Il faut aller au fond des choses. Ils pourraient publier ces bandes aujourd'hui, mais ils ne le font pas. Pourquoi ?"
S'appuyant sur des informations de Revolver.news, un média de droite, Carlson a parlé de la présence de plusieurs "co-conspirateurs non inculpés" dans les documents d'accusation du ministère de la Justice. Ces personnes, souvent désignées comme "Personne un", "Personne deux", etc., semblent avoir joué un rôle important dans l'orchestration des agressions de ce jour-là, mais n'ont été inculpées d'aucun délit.
Concernant ces individus - "plus de 20" selon Revolver - Carlson affirme : "Le gouvernement sait qui ils sont, mais ne les a pas inculpés. Pourquoi ? Vous savez pourquoi. Ils travaillaient presque certainement pour le FBI. Donc des agents du FBI ont participé à l’organisation de l'attaque du Capitole le 6 janvier, selon des documents gouvernementaux. Et ces deux-là ne sont pas les seuls."
(Le passage correspondant commence à 5:10 sur la vidéo insérée ici dans l’article original.)
Noter, cependant, que l'affirmation de Carlson selon laquelle les "co-conspirateurs non inculpés" seraient "presque certainement" des agents du FBI est une pure conjecture à ce stade, puisque le gouvernement a choisi de ne pas donner leurs noms.
En outre, dans un article de réfutation, le Washington Post a cité des experts juridiques disant que "le gouvernement ne peut littéralement pas nommer un agent infiltré comme co-conspirateur non inculpé".
Le Washington Post ajoute qu'il existe plusieurs raisons pour lesquelles une personne peut figurer sur la liste des co-conspirateurs non inculpés - mais qu'aucune de ces raisons n'implique des actions qu'elle effectuerait en tant qu'agent fédéral. Ce peut être parce que son identité est inconnue, ou parce que les preuves contre cette personne sont insuffisantes, ou il peut s'agir d'une clémence du gouvernement en échange de sa coopération dans la poursuite d'autres personnes.
Quoi qu'il en soit, Carlson et Revolver.news tentent d'étayer leurs allégations en évoquant un échange intéressant qui a eu lieu entre la sénatrice démocrate Amy Klobuchar (Minnesota) et le directeur du FBI Christopher Wray en mars, échange au cours duquel Wray a semblé confirmer que ses agents s'employaient à infiltrer autant de groupes dissidents que possible.
Bien que les questions posées lors de l'audition du Congrès aient été hypothétiques et quelque peu indirectes, la conclusion est claire, selon Carlson : le FBI était probablement impliqué dans les trois groupes dissidents reconnus comme les principaux instigateurs du siège du Capitole - les Proud Boys, les Oath Keepers et les Three Percenters.
Dans son argumentation, Carlson a clairement distingué deux situations : celle où le FBI s'engage dans des activités d'infiltration pour observer des comportements criminels - ce qui est nécessaire - et celle où le FBI organise réellement des actions violentes :
"Il y a une énorme différence entre utiliser un informateur pour savoir ce qu'un groupe jugé menaçant pourrait faire, et payer des gens pour organiser une action violente - et c’est apparemment ce qui s'est passé le 6 janvier, selon les documents gouvernementaux," a dit Carlson.
Il a ajouté que ce second comportement revient à franchir une ligne rouge, que le FBI avait d’ailleurs déjà franchie à d'autres occasions, ainsi lors du récent projet déjoué d'enlèvement de la gouverneure Démocate du Michigan, Gretchen Whitmer.
Les accusations incendiaires de Carlson ont immédiatement suscité des réactions de la part des médias de gauche, qui les ont qualifiées de "délirantes", "sans fondement" et de "théorie du complot".
D'autres les ont dites "juridiquement impossibles" et "complètement fausses".
Le blog juridique Law & Crime a souligné qu'"il n'est pas courant que les documents des tribunaux fédéraux parlent des agents infiltrés ou des informateurs criminels simplement en tant que 'personnes'. Dans le langage courant du ministère de la Justice, les informateurs sont appelés 'sources humaines confidentielles' ('CHS') et les agents sont appelés 'employés sous couverture' ('UCE'), comme le souligne l'article du Revolver."
Néanmoins, même après ces importantes critiques, Carlson a réitéré ses affirmations mercredi soir.
Source (avec liens) : https://www.theblaze.com/news/tucker-carlson-fbi-agents-helped-plan-capitol-siege
Traduction libre Albert Coroz pour LesObservateurs.ch
voir aussi: https://www.businessinsider.fr/us/tucker-carlson-baselessly-claims-the-fbi-organized-jan-6-video-2021-6?op=1