La CEDH victime d’une cyberattaque massive après avoir rendu un arrêt contre la Turquie

La Cour européenne des droits de l'homme a été ciblée après avoir rendu un sévère arrêt condamnant Ankara pour la détention d'un opposant pro-kurde.

La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a été victime d'un piratage informatique massif. Selon ses annonces, mercredi 23 décembre, son site Internet a été la cible d'une « cyberattaque de grande ampleur ». Résultat : le site de la CEDH a été temporairement inaccessible, même si le service de presse de l'organisation a assuré à l'Agence France-Presse qu'« à ce stade, aucune perte de données » n'a été relevée. Cet acte malveillant a été constaté juste après la publication d'un arrêt sévère, mardi 22 décembre, et dans lequel la CEDH condamnait fermement la Turquie pour la détention d'un opposant pro-kurde, a précisé la cour.

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Le Point

 

CYBER DESASTRE : Une nouvelle “ligne Maginot” ?

Par Xavier Raufer

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Des ordinateurs bloqués par centaines de milliers - dont ceux d'administrations ou de sociétés mondiales (Renault en France). "La pire attaque informatique de l'histoire"... Plus de cent pays sont touchés... Voici donc le planétaire piratage opéré par le virus WannaCry - un fort offensif "bébé" (parmi tant d'autres...) de la NSA, le service de renseignement américain, subtilisé à son apprenti - sorcier de maître et récupéré puis utilisé... tiens, mais par qui au fait ?

Là, comme d'usage, nul expert en sécurité informatique, officiel ou privé, ne sait rien du coupable. Et comme toujours, nul de ces experts - si prodigues pourtant en "solutions" - n'a prévu cette attaque dont l'ampleur planétaire même, établit qu'elle ne peut relever de la cyber -
génération - spontanée.
Autre incohérence ressentie au vu des premières réactions. Sempiternellement et mécaniquement, le banc-de-poissons médiatique attribue tout acte international de
piratage informatique à la Russie et aux cyber-sbires de Poutine - or là, la banque
centrale de Russie est fortement affectée par WannaCry. Fourberie moscovite ? Ou
pratique habituelle du bobard par des médias hypnotisés par la Silicon Valley ? Dans
l'intérêt de sa sécurité, l'opinion française aurait intérêt à savoir ça.
La vérité, la voici - l'auteur alerte sur ce point crucial dès 2015 dans son traité de "cyber -
criminologie" (CNRS - Editions) : la jungle du cybermonde est absolument dérégulée - c'est la Banque de France sans les coffres forts ; la circulation automobile sans code dela route. En exergue de ce livre, l'auteur exposait ce qu'il estime être les quatre thèses fondatrices de la cyber-criminologie :
Diagnostic 1 - dans l'ensemble "cyber-crime", crime domine. Scruter le monde cybercriminel révèle que celui-ci n'a rien inventé d'original. Dans leur "monde ambiant" et jusqu'à présent, les cybercriminels se bornent à reproduire les variantes de la criminalité physique.
Diagnostic 2 - La cybercriminalité ne régressera pas, grâce à plus encore de haute-technologie, mais par volonté politique. Une simple fuite en avant type blindage-et-canon provoquerait, dans ce domaine, un désastre analogue à celui de l'inepte guerre high-tech d'Irak.
Traitement, 1 - Il faut au cybermonde un code de la route; comme en son temps, la société de l'automobile suscita le sien. Ce code devra être conçu et imposé par une  coalition de nations puissantes, dans l'espoir raisonnable qu'il s'imposera mondialement. Autre image possible pour l'indispensable superstructure normative : celle de la tour de contrôle.
Traitement, 2 - Le code de la route vaut pour tout véhicule, luxueux ou modeste : de même, seul un code du cybermonde sanctionnera-t-il efficacement les prédateurs, financiers maraudeurs, géants du net, etc. qui, aujourd'hui, le pillent impunément ou exploitent ses usagers.
Au-delà du monde éthéré des principes, en matière de cyber-sécurité, les sombres présages s'amassent depuis des mois sans que le concert des nations (G7 et autre) dépasse le stade des communiqués affligés ou inquiets :
- La banque centrale du Bangladesh subit un "cyber-braquage" de 81 millions de dollars (coupable avéré inconnu à ce jour).
- Toujours plus sophistiqués et vicieux, les cyber-pirates ciblent les distributeurs de billets, les entreprises et même - vive l'"internet des objets" - les ours en peluche de nos bambins.
- En 2016 toujours, des logiciels pirates type WannaCry ont fait en France 250 000 victimes. Logiciels "toujours plus agressifs, destructifs et imprévisibles" (Dark Reading,13/02/2017)
- En Grande-Bretagne, la fraude informatique est devenue l'infraction la plus courante ; un britannique sur 10 en subit une en 2016 (plus de 6 millions de victimes).
Dans les motifs du drame, la culture d'ingénieurs des responsables de la cyber-sécurité. Savants et bons techniciens, Ils ignorent le monde du crime. Or c'est de criminalité dont il s'agit - même,
de criminalité grave, des experts (Dark Reading , 13/03/17) estimant que certaines entités cybercriminelles accèdent désormais à la puissance d'Etats-nations ; voir notamment la préoccupante "mutation" du milieu cybercriminel du Nigeria.
Second souci en matière de cyber-protection et de high-tech : confier les affaires de sécurité à des ingénieurs a ses limites. L'histoire de la fameuse "Ligne Maginot" le prouve. Souvenons-nous : le nez sur leur règle à calcul, de brillants ingénieurs français décidèrent alors que le problème fondamental relevait de hydraulique (du fait de l'aviation en piqué, il fallait permettre la sortie et le repli rapide des canons, depuis les blockhaus) ; ils dotèrent donc de pompes et vérins d’avant-garde une ligne Maginot bien plus high-tech que sa germanique contrepartie, la Ligne Siefgried.
Cette technologique excellence impressionna fort le (futur) maréchal von Rundstedt : plutôt que d’y sacrifier ses troupes, il décida sagement de contourner le chef-d’œuvre...
Or les cyber-pirates font-ils autre chose aujourd'hui ?
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Xavier Raufer

“Avec une attaque informatique, le chaos est théoriquement possible”

Merci à Flavien pour l'info

L'experte en cybersécurité Solange Ghernaouti évoque l'association des actes de terrorisme classique avec le cyberterrorisme. Elle explique comment des outils de communications peuvent déstabiliser la population.

Invitée du Journal du Matin à l'occasion de la "Journée stratégique 2016" de l'Association suisse de la sécurité de l'information (Clusis), Solange Ghernaouti explique de quelle manière des systèmes informatiques complexes peuvent déstabiliser le monde réel. Surtout lorsqu'ils tombent dans de mauvaises mains, comme celles de terroristes.

"Le groupe Etat islamique est en train de monter en puissance dans ce domaine. Ils sont très forts dans l'usage de l'internet, notamment dans la communication." La spécialiste en cybersécurité à l'Université de Lausanne cite l'exemple d'applications sur android pour téléphones portables, développés par l'EI pour communiquer de manière sécurisée.

"Cologne était délibéré"

Selon elle, les agressions sexuelles de Cologne étaient d'ailleurs organisées et aidées par des outils de communication sophistiqués. "Le viol est une arme de guerre", rappelle-t-elle. Or, ces événements étaient une volonté délibérée de déstabiliser la population.

"Nous n'avons pas encore pris la mesure de ce que pouvaient faire les outils de communication pour donner du pouvoir à des terroristes", souligne-t-elle.

Attaquer de gros ouvrages

Au-delà des outils de communication, Solange Ghernaouti évoque aussi les attaques informatiques sur des infrastructures critiques. "Le chaos est théoriquement possible", affirme-t-elle. Par exemple, la Suisse pourrait être privée d'électricité durant plusieurs jours.

Il est également possible, explique-t-elle, de prendre le contrôle des systèmes qui gèrent des barrages, pouvant engendrer des catastrophes naturelles. Pire: en manipulant des données informatiques servant à réguler la qualité de l'eau, il est possible d'infecter des réseaux de distribution.

"Le groupe Etat islamique n'a pas encore les moyens de pirater de grands ouvrages, mais c'est l'étape d'après", alerte Solange Ghernaouti.

Sous-effectifs en Suisse

Si la Confédération a déjà pris conscience des risques et des menaces informatiques possibles, le problème se situe ailleurs, estime-t-elle. "Il y a un décalage entre le conceptuel et les moyens à dégager pour mettre ces risques sous contrôle."

L'effectif de la cyberdéfense en Suisse se compterait sur les doigts d'une main, selon l'experte, qui appelle le nouveau conseiller fédéral Guy Parmelin à "porter ce débat au niveau le plus haut du pays".

Source RTS