Ohé camarades de Fresnes, entendez les bruits des chaînes, les matons qui nous emmènent, loin de nos villas, hôtels et avions. Nous qui sommes les milliardaires de l’outrance, les suceurs de la France. Nous qui sommes les pieuvres étouffant la Liberté.
Nous sommes les égorgeurs de la démocratie, nous noyons ce que les réfractaires au nouvel ordre appellent la Patrie, en faisant pleurer dans les chaumières tous les abrutis de la socia-lie.
Nous sommes les rois de la finance, les cancrelats des cuisines politiciennes. Nous sommes partout et nous avons tous le même sang, celui de l’euro et des dollars. Nous aimons l’or, l’argent, les comptes en banque, ceux planqués en Suisse, au Luxembourg, à la city londonienne et dans tous les paradis fiscaux.
Nous sommes les laboureurs d’usines, les cultivateurs de betteraves citoyennes, les cueilleurs de poires électorales. Nous semons le désordre et récoltons le soutien politique. Nous récupérons toutes les déprédations, les perversités, les aléas politiques, les dérives judiciaires et faisons notre beurre de toutes les manigances sous le regard ébahi d’une population en admiration devant nos acquis, devant nos yachts, nos châteaux, nos propriétés, notre train de vie.
Sachez-le camarades de la finance, nous donnons aux plus humbles, aux plus modestes, aux smicards, aux laborieux, aux peigne-culs, aux sans dents, nous leur donnons du rêve, des histoires de Princes charmants, des idoles à vénérer. Nous sommes pour eux, des demi-dieux, y compris lorsque nous rions entre nous de cette bêtise profonde des peuples de tous les horizons, sur tous les continents. Plus nous brillons, plus ils nous prennent pour des étoiles. Nous pourrions vendre nos étrons, les coter en bourse, les mettre dans des rubans et les envoyer aux pieds des sapins de nos admirateurs, de nos serviteurs, de nos sujets, ils les achèteraient.
Ohé compagnon de Fresnes et d’ailleurs, lorsque nous sommes par hasard, dans nos prisons dorés, servi par un personnel d’état aux ordres, mis à part de la plèbe et du tout-venant, souriez ! Prenez cela comme une distraction, comme un jeu qui, de toutes les façons ne durera pas. Le petit peuple a besoin de rêves et les politiciens sont à nos bottes. Eux aussi ont besoin de ces rêves pour continuer à vivre en millionnaires sur le dos des misérables socialo-républicains qui les élisent.
Entendez ces misérables faisant des commentaires à Marseille, trouvant injuste le sort d’un ancien Président de club de foot et oublier les magouilles de Valenciennes, oublier les reprises d’usines achetées trois francs six sous, avec les promesses d’embauches qui se sont terminées par des licenciements et la vente des acquis immobiliers et autres valeurs financières. Même Victor Hugo serait outré !
Ohé chers camarades, n’ayez qu’un credo: épongez, nettoyez, prenez tout. Le petit peuple aime être fouetté, marqué, pour peu qu’on le fasse avec le sourire et des excuses, mais point trop… Le soumis aime rester à genoux.
Vous n’avez en fait qu’un seul ennemi: le politicien, celui qui vit comme vous, mais ne supporte pas qu’il ne soit que locataire de son train de vie. Le politicien prend vite goût à vivre parmi les grandes fortunes. Il commet souvent si ce n’est toujours l’erreur signalée par Stendhal à propos de Napoléon 1er: il commit l’erreur d’estimer la classe à laquelle il était parvenu. Erreur funeste, car après le mandat, après l’élection, il ne reste pas grand-chose, y compris après les magouilles diverses et variées offertes par les différents postes aux sommets d’institutions et qui leur permirent aussi de côtoyer les vrais riches, les vrais seigneurs (saigneurs?) du monde.
Le politicien est un chien qui peut devenir enragé s’il se trouve dos au mur, dans la certitude qu’il ne saura plus grand-chose et surtout plus invité aux banquets des grands. Lorsqu’il va comprendre pour les plus petits, qu’il n’est qu’un outil, un chien de garde. Pour les plus grands, une gouvernante, un majordome servant à ouvrir des portes. L’illusion s’évaporant, il devient souvent acerbe et haineux. Vendez-lui de l’impression, du sentiment, de l’indéfectible amitié et dès que possible, jetez-le dans une chasse d’eau. Le vivier de ce type de personnage est riche et les volontaires ne manqueront pas.
Méfiez-vous aussi de ces journalistes et autres animateurs qui vous font les poches dès qu’ils vous serrent la main. C’est des piranhas, ils vivent sur la bête. Sur toutes les bêtes passant à portée: millionnaires, politiques, associations, artistes et autres.
Moi, Bernard Tapie, je suis l’exemple même de cette démonstration. J’ai tout acheté et tout vendu, même la poussière et en échange, j’ai eu l’admiration y compris des types que j’ai envoyé à l’ANPE de l’époque.
Napoléon III disait, lors d’un discours aux sénateurs, « n’ayez pas peur du peuple, il est bien plus conservateur que vous« ! Napoléon III était lui un génie politique, un homme de progrès dans le sens noble du mot, un grand homme, un grand souverain, le dernier de grande valeur. Il a été l’homme qui fit de la France attardée industriellement, un des plus grand pays moderne de la planète. Le contraire de ces millionnaires de la République, de ces Bernard Tapie prêts à déplier leur tapis de prières devant toutes les idoles qui pourraient leur rapporter de l’argent. De la Mecque à Londres en passant par Doha et New-York.
Alors quoi ? Devant un petit peuple qui trouve que « Nanard « est un mec bien, il ne me vient qu’un seul mot: affligeant. Un petit peuple qui hier encore, aurait pu affirmer sa force face à la volonté de tuer la Nation et ne l’a pas fait !
Un peuple de la gauche dit-on, qui aux ordres s’est couché, oublieux de ses obligations, de son libre arbitre de citoyen libre, de ses convictions sociales. Ce petit peuple imbécile s’est aplati ! Il s’est couché devant les marchands et les suceurs du sang patriotes, devant ceux qui tirent véritablement les ficelles. Pauvre France !
Gérard Brazon