Elle avait 33 ans. Artiste conceptuelle milanaise, elle s’était embarquée dans un projet insensé qui a tourné au drame : Giuseppina Pasqualino di Marineo a été retrouvée morte en Turquie, violée et assassinée. La police a arrêté celui qu’elle soupçonne d’être son meurtrier, un Turc qui l’avait prise en autostop dans la ville industrielle de Gebze, à une heure de route d’Istanbul.
La jeune femme, plus connue sous le nom de Pippa Bacca, était partie avec une amie, toutes deux vêtues d’une robe de mariée, pour traverser les zones de conflit des Balkans et du Proche-Orient, afin de démontrer les valeurs communes de la Méditerranée, et de donner un signe de « confiance entre êtres humains ». Elles devaient se rendre en autostop de Milan à Jérusalem, en passant par les pays de l’ex-Yougoslavie, la Turquie, le Liban, la Syrie, la Palestine et Israël.
Pour ce projet intitulé « Brides on Tour », elles devaient porter la même robe blanche du début à la fin, et celle-ci, avec toutes les tâches de ce long périple, devait figurer au coeur d’une exposition à leur retour en Italie, avec toute la documentation filmée et écrite de ce voyage symbolique. Pippa Bacca portait effectivement cette robe lorsque son corps a été retrouvé vendredi près de Gebze, étranglée.
Les deux jeunes femmes s’étaient séparées à Istanbul et Silvia Moro devait la retrouver au Liban. Mais Pippa Bacca a cessé de donner tout signe de vie il y a une dizaine de jours, suscitant des appels angoissés (« Pippa Bacca dove sei ? “ ‘Pippa Bacca, où es tu ? ) de ses amis sur le blog du projet, en italien, en anglais et en turc. En vain. L’attente se termine en tragédie’, indique le blog samedi, soulignant que le but de Pippa Bacca avait été de porter un ‘message de paix et de solidarité’, mais se terminait d’une manière ‘aussi terrible qu’absurde’.
Sa famille et ses amis ont décidé d’organiser malgré tout l’exposition autour de cette robe de mariée maculée. Mais le symbole sera différent, celui de la défiance entre êtres humains. Et peut-être aussi des limites de l’art face à l’horreur humaine.
Source