Publié le 20 septembre 2019 - par Julien Martel
Un enfant éthiopien assis sur les genoux de sa mère au camp de réfugiés de Wad Sherife au Soudan, près de la frontière éthiopienne, sur cette image du 13 mars 1985. Une grande partie de ce qui s’est passé en Éthiopie à cette époque n’a jamais été rapportée dans les médias occidentaux.
Cet article de Kevin Myers, journaliste et éditorialiste irlandais, publié le 22 juillet 2008, n’a pas pris une ride. Voilà pourquoi une petite traduction s’imposait en 2019.
L’Afrique contient une centaine de bombes démographiques qui menacent de provoquer de gigantesques tsunamis migratoires et d’engloutir le monde entier et en premier lieu l’Europe. Les premières déflagrations ont touché le Vieux Continent avec la crise des « réfugiés » qui dure depuis 30 ans, mais a connu une vive accélération en 2015 avec le « Migrants Welcome » et l’ouverture des frontières par Merkel.
Si le flux de tiers-mondistes n’est pas stoppé très vite ET si une remigration n’est pas mise en place, la France et toute l’Europe occidentale bisounours ethnomasochiste deviendront à leur tour des pays du tiers-monde violents et miséreux, incapables de progrès social, scientifique et technique, de beauté architecturale, de douceur de vivre et de grandeur civilisationnelle.
Ce que j’aurais dû écrire des années plus tôt sur l’Afrique
Le 10 juillet, alors que la famine approchait à nouveau, je me suis demandé s’il était sage d’acheminer encore plus d’aide à l’Éthiopie. (Voir l’article « À part le Sida, l’Afrique ne nous apporte rien » reproduit juste après). Depuis la grande famine du milieu des années 80, la population éthiopienne est passée de 33,5 millions à 78 millions.
Mais attention, je n’écris pas de rapports pour les Nations unies ; j’écris une chronique dans un journal et j’ai délibérément fait preuve d’une grande fermeté dans mon langage, comme je l’avais d’ailleurs fait lorsque j’ai rédigé des reportages en Éthiopie au plus fort de cette terrible famine.
J’étais sûr que ma chronique susciterait une certaine hostilité : mes inquiétudes se sont intensifiées quand j’ai vu le gros titre : « L’Afrique n’a donné au monde que le Sida. » Ce qui n’est pas tout à fait ce que j’ai dit – le fait que le mot « presque » a été enlevé a des conséquences ; et de toutes façons, mon article concernait l’aide au développement, pas le Sida.
Comme cette chère vieille Irlande peut assez souvent ressembler une foule prête au lynchage en place publique, je me suis préparé au pire : et bien sûr, les emails sont arrivés. Trois cents le premier jour, et bientôt plus de 800 : mais, étonnamment, plus de 90 % me soutenaient, et surtout de la part de personnes déconcertées, décentes et inquiètes. La minorité qui m’a attaqué était risiblement prévisible, s’exprimant avec une supériorité morale vindicative et sans appel. (Pourquoi tant de ceux qui prétendent aimer l’humanité détestent-ils tant les gens ?)
Il y a un quart de siècle, en Éthiopie, nous avons fait plus que sauver des enfants d’une mort terrible par famine : nous avons aussi sauvé un système social maléfique, misogyne et dysfonctionnel. En supposant que la moitié de la population (disons 17 millions) qui existait au milieu des années 80 soit aujourd’hui morte de causes non liées à la famine, la population ajoutée totale depuis cette époque est d’environ 60 millions, dont environ la moitié de femmes.
Autrement dit, l’Éthiopie a effectivement gagné l’équivalent de toute la population du Royaume-Uni depuis la famine. Mais au moins 80 % des filles éthiopiennes sont circoncises, ce qui signifie que pas moins de 24 millions de filles ont subi ce sort, généralement sans anesthésie ni antiseptique. L’Onu estime que 12 millions de filles meurent de septicémie, de « convulsions rachidiennes », de traumatismes et de pertes de sang après circoncision, ce qui signifie probablement qu’environ trois millions de petites filles éthiopiennes ont été massacrées depuis la famine, soit à peu près le même nombre que les femmes juives mortes pendant la Shoah.
Quelle est donc la justification morale pour sauver un bébé de la mort par la faim, afin de lui donner une mort encore plus douloureuse, presque sacrificielle, à huit ou treize ans ? Cette pratique aurait pu être éradiquée, avec une volonté politique suffisante, comme l’a déjà été le sati en Inde. Et les féministes occidentales n’auraient jamais permis qu’une telle aide inconditionnelle soit apportée à une société aussi méchante et brutale si elle avait été dirigée par des hommes blancs.
Mais, au lieu de cela, l’État était dirigé par des hommes noirs, auxquels s’applique apparemment une dispense spéciale de race et de sexe : ainsi les deux péchés les plus politiquement incorrects de notre époque – le sexisme et le racisme – par un processus moral mystérieux, semblable aux mathématiques du double négatif, s’annulent mutuellement, et produisent une vertu positive incontestée, appelée Éthiopie.
Je ne suis pas innocent dans tout ça. Le peuple irlandais est resté dans l’ignorance de la réalité africaine à cause de journalistes lâches comme moi. Lorsque je suis allé en Éthiopie il y a un peu plus de 20 ans, j’ai vu beaucoup de choses que je n’ai jamais rapportées, comme l’effet menaçant des gangs de jeunes hommes avec des Kalachnikovs partout, alors que les femmes faisaient tout le travail. Au milieu de la famine et de la mort, les hommes passaient leur temps à boire la gnôle locale dans des bistrots en tôle. À côté se trouvaient des bordels miteux, où les buveurs se rendaient de temps en temps, pour se soulager brièvement dans l’orifice cicatrisé d’une misérable prostituée (que Dieu préserve et protège).
J’ai vu tout cela et je ne l’ai pas rapporté, ni la colère des travailleurs humanitaires irlandais face à l’incontinence sexuelle et à l’insensibilité des hommes éthiopiens. Pourquoi ? Parce que je voulais écrire une prose violette, acclamée et tirant des larmes, sur des enfants aux yeux larges et infestés de mouches, et non des accusations froides, impopulaires et même « racistes » de culpabilité des hommes africains.
Suis-je capable de réfuter des gens bons et honorables comme John O’Shea, qui nous avertit maintenant qu’une fois de plus, nous devons nourrir les enfants éthiopiens affamés ? Non, bien sûr que non. Mais je suis émerveillé par les terribles options qui s’offrent à nous. C’est le plus grand dilemme moral auquel le monde est confronté. Nous ne pouvons pas laisser mourir les enfants affamés d’Éthiopie.
Pourtant, les enfants aux yeux écarquillés de 1984-1986, sauvés par les médicaments et les produits alimentaires occidentaux, ont contribué à déclencher la plus grande explosion démographique de l’histoire de l’humanité, qui portera la population éthiopienne à 170 millions en 2050. D’ici là, le Nigeria comptera 340 millions d’habitants (contre seulement 19 millions en 1930). Il en va de même pour une grande partie de l’Afrique.
Nous nous dirigeons donc vers un holocauste démographique, avec un potentiel de pertes en vies humaines prématurées dépassant de loin celui de toutes les guerres du XXe siècle. Cette terrible vérité ne peut être ignorée.
Mais de retour en Irlande, il y a des groupes d’activistes moralisateurs qui aspirent à empêcher la discussion, et même à emprisonner ceux d’entre nous qui tentent, même imparfaitement, d’exposer la vérité sur l’Afrique.
Traduction : Julien Martel
https://www.independent.ie/opinion/columnists/kevin-myers/writing-what-i-should-have-written-so-many-years-ago-26463692.html
source: