Greenpeace a mené simultanément, mercredi 5 mars, des actions spectaculaires contre les centrales nucléaires du Bugey (Ain) et de Gravelines (Nord) en France ; de Thiange, en Belgique ; Beznau, en Suisse ; Garona, en Espagne ; Borssele, aux Pays-Bas ; et Oskarshamn, en Suède.
En marge de cette actualité il peut être utile de se rappeler les critiques formulées par Patrick Moore à l’encontre des erreurs de Greenpeace. Ses critiques sont d’autant plus importantes qu’il a été lui-même fondateur et leader de Greenpeace. Quelques déclarations de ce militant lucide et repenti.
Greenpeace n’est pas réaliste
« Pendant les dernières décennies, les mouvements écologistes ont combattu les grands projets tant hydrauliques que nucléaires, alors que ce sont clairement les deux sources de substitution aux énergies fossiles les plus réalistes. Nous étions dans l’erreur et je m’efforce aujourd’hui de faire de mon mieux pour la corriger.»
(Cité par J.P. Bommer dans «Revirement pro-nucléaire de grands écologistes », Le Temps 13.05.2009)
Refus du progrès
Moore estime en particulier que les mouvements écologistes actuels refusent le progrès, qui est pourtant la voie la plus efficace pour limiter les effets de l'activité humaine sur son environnement. Il qualifie ainsi les militants de Greenpeace d'individus «aveuglement technophobes », tout en soulignant que, derrière une façade écologiste, c'est l'anticapitalisme et le marxisme qui domine chez beaucoup. Il dénonce le recours aux émotions de ces organisations pour imposer leurs idées par la peur et la désinformation.
Comme si l’humanité ne faisait pas partie de l’environnement
Pour Patrick Moore, Greenpeace «se trompe sur les questions d'énergie» et propage «la panique» à coup d'«affirmations sans fondement». Le Canadien prétend qu'il a claqué la porte en 1986 parce qu'il ne pouvait plus cautionner la politique du mouvement: «En 1982, j 'ai découvert la notion de développement durable à Nairobi et compris qu'il était temps d'abandonner la confrontation. La plupart des positions de Greenpeace consistaient juste à «être contre» et semblaient nier une réalité majeure: 6 milliards d'êtres humains en quête de nourriture, d'énergie et de matériaux pour survivre. La direction de l'organisation se concentrait uniquement sur l'environnement, comme si l'humanité n'en faisait pas partie.»
(«Oui, j'estime que Greenpeace se trompe », interview par Catherine Riva, Le Matin 16.11.2008)
Pour une attitude plus scientifique
Le plaidoyer du Canadien pour un environnementalisme qui tienne compte des besoins de l'humanité passe aussi par l'argumentation scientifique. «Au milieu des années 1980, nous avons commencé à aborder des dossiers très pointus et j'étais le seul cadre au bénéfice d'une formation scientifique, souligne Moore. La campagne pour l'élimination du chlore de tout usage humain a été décidée à cette époque. Je n'en ai pas cru mes oreilles: ils parlaient d'éliminer un élément dit tableau de Mendeleïev et ignoraient délibérément certaines avancées indéniables comme la chloration de l'eau en santé publique ou le rôle de la chimie du chlore en médecine. C'était indéfendable.»
(«Oui, j'estime que Greenpeace se trompe », interview par Catherine Riva, Le Matin 16.11.2008, PDF en annexe)
Armes nucléaires et énergie nucléaire dans le même sac
« Je suis absolument persuadé aujourd'hui que la campagne contre l'énergie nucléaire était stupide. Nous avons fait l'erreur de mettre les armes nucléaires et l'énergie nucléaire dans le même sac comme si tout ce qui est nucléaire serait mauvais. … Nous n'avons pas réussi à faire la distinction entre l'utilisation bénéfique et l'utilisation destructrice de la technologie nucléaire. … Les associations écologiques qui affirment que l'énergie éolienne et l'énergie solaire pourraient remplacer les grosses centrales nucléaires et les centrales thermiques au charbon induisent les citoyens en erreur de manière irresponsable. Il est tout simplement impossible d'alimenter les hôpitaux, les usines, les écoles et les logements avec des techniques d'énergie qui ne peuvent pas fonctionner des jours entiers ». Source
Autre aspect
Poutine s’est montré probablement excessivement sévère à l’égard des militants de Greenpeace lors de leur action contre une plateforme pétrolière russe dans l’Arctique en septembre 2013. Dont un Suisse, libéré depuis et semble-t-il présent à Beznau le 5 mars. À l’inverse, nos Autorités et une partie de la classe politique ne se montrent-t-elle pas trop complaisante à l’égard d’une ONG qui n’est pas très rigoureuse dans ses analyses?
Jean-François Dupont / 6.03.2014
Annexe : «Oui, j'estime que Greenpeace se trompe », interview par Catherine Riva, Le Matin 16.11.2008, PDF
Comme quoi il n’est jamais trop tard pour parler ce qui rassurera de nombreux anti Greenpeace ayant entendu le fondateur de cette OGN s’exprimer il y a déjà quelques années dénonçant ce qui peut se lire aujourd’hui
Ce genre d’organisation (ONG) ne subit aucun contrôle démocratique. Les “croyances” surannées d’une poignée d’excités ont fait peu à peu la loi: Après avoir – grâce à certains journalistes idiots pas encore sortis de l’enfance et croyant que le “sensass” prime tout – ils ont perverti la pensée de la masse, avec un impact lors des élections.
Le mal était fait: Pour être élu, nul ne pouvait ignorer ces balivernes et a fait semblant de les suivre pour caresser l’électorat dans le sens du poil.
Et de là, c’est devenu institutionnalisé, des Lois pro-EnR sont en vigueur. Ensuite leur police de la pensée s’est mis en oeuvre: Quiconque en Allemagne ose nier le global warming est accusé d’égoïste, d’idiot, de ringard, bref d’hérétique: La voilà la Nouvelle Religion.
L’Occident riche est foutu pour encore 30ans – à moins que la Nature ironiquement afflige un cruel démenti comme pourraît l’être un refroidissement prolongé….
Heureusement cet occident dégénéré (oui, j’en fais aussi partie) n’a qu’1 milliards de personnes, d’autres pays 3 fois plus peuplés sont partis sur des idées saines et vont nous ratraper sous peu.
Faut il vraiment donner de mauvaises idées à ceux qui en ont déjà tellement, tous les jours? Avec les drones demain plus besoin de gripen pour faire mouche, même contre une micro mouche!
“Poutine s’est montré probablement excessivement sévère à l’égard des militants de Greenpeace lors de leur action contre une plateforme pétrolière russe dans l’Arctique en septembre 2013.”
Quelle blague`! on a tous vu les images de gens cherchant à s’infiltrer par force sur une plateforme pétrolière, au mépris de tous les risques d’incendies et de dévastations écologiques que cela représente. la pusillanimité et la faiblesse de Poutine face au fascisme écologisant occidental est un scandale. Ces gens auraient dû être condamnés à des dizaines d’années de prison pour leur crime. On verra ce que cela va donner pour la mise en danger de Beznau mais on peut s’attendre à la lâcheté habituelle de nos autorités face aux fachos écolos…