Nous n’avons pas encore les résultats cantonaux des tests PISA effectués en 2012 - dont les résultats internationaux sont tombés l’an passé - mais la comparaison faite en maths et en lecture par « The Economist » (cf. schéma) entre 2006 à 2012 laisse pantois. La Suisse a encore reculé, après avoir déjà dégringolé lors des années qui ont précédé celles-là.Conclusion : l’affaiblissement de l’assimilation par les élèves d’une culture scolaire traditionnelle ne peut s’expliquer par la seule évolution de la société.
Ce qui surprend le plus à l’annonce de ces résultats, après bien d’autres, c’est le silence pesant de ceux qui depuis deux décennies hurlent dans leur officine (HEP et IUFE) pour réfuter avec aplomb les rabat-joies et les réactionnaires s’inquiétant de la dégradation des performances du système éducatif. Où sont donc passé les chevaliers du vide pédagogique, les plumassiers du concept qui non seulement niaient toute dégradation, mais expliquaient souvent que l’on ne comprenait rien et qu’au contraire le niveau ne cessait de monter. Le niveau monte, nous assuraient les garde-rouges de la sous-culture. La difficulté de l’enseignement s’expliquait par la « lourdeur des programmes », « l’absence de moyens suffisants accordés à l’école », la « violence des notes » à laquelle s’ajoutait « l’obsession du classement qui stigmatise des élèves qu’il enferme dans une spirale d’échec » et provoque la « fissuration de l’estime de soi et la souffrance scolaire ».
Alors que cette baisse du niveau provoqué par trente ans de réformes hallucinantes qui ont obéi à des lubies n’est plus vraiment contestée, alors qu’elle laisse les Départements passablement impuissants et les professeurs à leurs douloureux bilans d’une profession qui s’est dégradée, nos pédagogos ne disent rien. Silence assourdissant. D’autant que bon nombre d’entre eux se sont livrés en France à de salutaires palinodies : ils ont admis leur erreur, comme Antoine Prost qui vient de reconnaître subitement le désastre scolaire qu’il niait jusqu’ici.
On aimerait que chez nous, les thuriféraires du « niveau qui monte » sortent pareillement de leur silence. L’autocritique n’est-elle pas une des bases de la (vraie) pédagogie ?
Jean Romain
Jean Romain, vous nous faites rêver. Ah si seulement l’autocritique était l’une des bases de la pédagogie! Hélas, nos malheureux pédagogues sont prisonniers de leur doctrine, et il leur est aussi difficile d’en sortir que d’autres du concept de la lutte des classes.
Je ne suis pas certains que l’instruction (je ne parle pas ici de l’éducation M. Houlemann) soit tellement orientée vers la performance et la productivité. On annonce en Suisse 17 % d’illettrisme, pas très productif ni performant que cela ! Savoir lire n’a rien à voir avec le technocratisme, mais plus avec la dignité de l’homme et avec sa liberté,
Mais on n’entend plus tous ceux qui ont organisé l’échec. Où sont donc passé les Perrenoud, Mérieu, Baudelot, Establet, Dubet, Wierviorka, Pennac (dont l’éloge des cancres a ravi les beaux quartiers)?
Tant que l’éducation sera orientée vers la performance, la productivité, le technocratisme de la société, la société de consommation,
rien ne changera, cela ne pourra qu’empirer.
D’un côté on fait semblant de s’ébahir devant ces petits, et par ailleurs on les enferme dans un étau (Harmos) … et puis on fait semblant de s’étonner !
Pourquoi nous en faire Monsieur Romain? Si les Suisses deviennent des ignares, quelle importance puisque nous importons ce qu’il nous faut en matière de cerveaux,de main- d’oeuvre et de tout -ou presque -ce dont nous avons besoin ?!!!! ce sera d’ailleurs ainsi plus facile pour les faire voter “comme il faut” !!
Avons-nous moyen de vérifier la correlation entre l’évolution du nombre de Pédagogues et régression des résultats?
Ma peur est de voir un cercle vicieux s’installer…