Cette votation du 9 février 2014 fait peur à tout le monde, sauf bien sûr aux initiants? Raison de cette peur ? Evidemment, le risque, réel, que l’initiative soit acceptée. Donc va pour une MOB-G ! Les arguments des opposants sont-ils pour autant bons et susceptibles de convaincre. Pas sûr !
Ce qui frappe c’est l’accent mis sur les aspects quantitatifs et économiques. Comme lors de la campagne relative à l’initiative prônant le refus de l‘adhésion à l’EEE en 1992. Peindre la catastrophe économique sur toutes les murailles n’avait pas suffi.
Les électeurs ne sont pas aussi dupes que certains ne l’imaginent.
Les aspects économiques et les menaces d’effondrement de pans entiers de notre bien-être ne suffiront pas pour faire refuser cette initiative.
Il s’agit en réalité d’un choix politique fondamental, même d’un choix de société, comme on dit maintenant, en ce sens que certains éléments constitutifs du pays sont de plus en plus remis en cause, de manière implicite, encore peu visibles, mais déjà ressentis comme tels par une grande partie de la population, et pourraient créer un effet boomerang. Oui, beaucoup de Suisses sentent le pays leur échapper, sans toujours pouvoir formuler et conceptualiser cela. Il s’agit d’un sentiment diffus, qui se répand rapidement et largement depuis plusieurs années, sentiment fondé sur de nombreux cas et très divers, que la souveraineté du pays et la démocratie directe sont de plus en plus mises en cause.
Les opposants peuvent certes penser que les menaces économiques constituent le filon le plus payant mais nous en sommes à un stade nettement plus fondamental. Cette votation touche aux éléments les plus essentiels de notre Identité. L’impression est diffuse mais son ancrage profond, affectif et donc d’autant plus puissant.
Des symboles et des mythes historiques et fondateurs sont aussi en cause : l’indépendance du pays, l’intervention de « baillis étrangers », certes différents aujourd’hui mais toujours ressentis comme tels. Ces dimensions subjectives qu’on le veuille ou non seront déterminantes quant à l’issue du vote.
Un bref exemple : le fait que la justice nationale doive en dernière instance obéir à une justice extérieure, internationale, européenne, ne peut être acceptée sans autres puisque cela touche précisément à l’une de ces dimensions identitaires historiques et profondes. Cela n’est nullement propre à la Suisse ( la libération récente d’un criminel dangereux espagnol ordonnée par le CEDH - Cour européenne des droits de l’homme - a créé une immense vague de révolte dans ce pays). De tels cas sont de plus en plus fréquents et se produisent dans bien des pays ; également en Suisse, très chatouilleuse sur son indépendance. Pour les juristes, pas de problème, cela va de soi, mais tel n’est pas le cas pour la population dans son ensemble.
L’initiative touche bien sûr à la « libre circulation » des personnes puisqu’elle revient à la limiter. Sacrée pour certains, elle est considérée comme la cause de tous les maux par d’autres, bien d’autres.
Schengen, qui devait résoudre bien des problèmes, limiter la criminalité, ne tient pas ses promesses. Bien au contraire, et cela pour beaucoup de gens. Rien de pire que des promesses assurées et non tenues. Cela est ressenti comme une tromperie. Sentiment doublé de l’impression de ne plus pouvoir faire confiance aux autorités, ce qui n’est pas rien !
Si la libre circulation est remise en cause, les autres accords bilatéraux tomberont automatiquement, nous dit-on. Mais qui peut le prouver et qui y croit vraiment ? D’autant plus que certains acteurs, qui ne sont pas des amateurs, nous disent déjà que ce ne serait pas grave. Pire, les autorités, en penchant pour l’inéluctabilité de la catastrophe, donnent l’image d’un manque de volonté de ne pas se battre inconditionnellement pour le pays.
Image aussi d’autorités qui se courbent bien bas à la moindre pression internationale. Très mauvais.
Ensuite, le fait que de plus en plus d’initiatives populaires sont considérées comme incompatibles avec le droit international, et que les autorités refusent ou tardent à appliquer, a un effet dévastateur. Le terme de « traîtrise nationale » de plus en plus avancé doit être pris au sérieux plutôt que ridiculisé.
La démocratie directe, un autre fondement essentiel de notre identité est mis en cause ; le mot est faible pour beaucoup. On ne peut se contenter d’ignorer cela et de persévérer dans ce sens. Le pire ici est évidemment de vouloir passer en force pour contrer un vote populaire.
Si la démocratie devient impossible, voire inexistante dans l’UE, en Suisse la volonté de la relativiser, et cela au nom d’exigences internationales, comporte des risques insoupçonnés, ravageurs sans doute
C’est cet ensemble et ce cumul de sentiments subjectifs, mais en partie fondés empiriquement, de frustration, de tromperie, de perte d’identité, qui vont être déterminants dans l’issue d’une votation comme celle-là, et non quelques chiffres et statistiques visant à affoler.
Oui, l’UE de son côté, doit d’urgence chercher à retrouver le moyen de concilier les souverainetés nationales et les nécessités de certaines coordinations, si elle veut, elle aussi, retrouver une image plus positive auprès des populations nationales, dans la mesure où cela est encore possible. Au risque d’un effondrement brutal et de nouvelles tensions et conflits interétatiques.
Les nouveaux défis auxquels est confronté la Suisse et qui touchent donc aux fondements les plus essentiels de notre culture politique et identité doivent être explicités et non refoulés, et des voies indiquées pour les surmonter avec courage, dignité et une détermination patriotique digne de nos ancêtres. Négocier ferme et croire en soi n’est pas une illusion. C’est même une condition pour ne pas donner l’impression de céder à la moindre pression et au premier chantage venu.
Il en va de notre climat politique national fait notamment de démocratie directe et de souveraineté, qui sans être absolues et définitivement rigidifiées sont néanmoins constitutives. Mais trop c’est trop !
La votation du 9 février « contre l’immigration de masse » ne représente qu’un angle d’attaque très partiel mais très efficace parce qu’il convoque et touche à la totalité culturelle, politique et identitaire de la Suisse, tout en constituant un révélateur privilégié de cette dernière. Gare à ceux qui ne le comprennent pas !
Uli Windisch, 2 décembre 2013
ce besoin de peindre le diable sur la muraille deviendrait-il un jeu obsessionnel? depuis le temps qu’on nous bassine avec ce qui pour certains représente un problème,remettons des gardes frontières comme au bon vieux temps.Simple rapide et cela offre des emplois
Je crois qu’on s’emmêle les pinceaux dans cette votation !….le patronat craignent des complications à l’arrivée de travailleurs européens et de ce fait conseillent de voter non…..les politiques n’ayant aucune volonté de suivre le peuple, prétextant avec aveuglement que l’arrivée de travailleurs européens est un bienfait pour notre économie (encore) et surtout manquent totalement de ce que j’appellerai…d’attributs viriles, font littéralement caca au culotte quant il s’agit d’affronter Bruxelle !……et il y a le peuple….aaaaaaah le peuple…ce peuple idiot qui ne comprend rien, gouverné par des aveugles qui ne veulent rien voir !……ben le peuple lui, en a plus que ras la patate de ces hordes de noirs, de magrébins et autres profiteurs sociaux exotiques que l’on croise continuellement tous les jours par centaines dans nos rues……..et le peuple lui….votera oui
@Petit fils : Vous avez citez 3 et je pense que sur les 28 pays l’UE actuellement, seuls 5 : l’Allemagne, le Danemark, la Suède, la Finlande et les Pays-Bas s’en tirent bien. Alors que les 23 autres rament ou coulent. Et avant de faire la morale aux autres intervenants, sachez que la Norvège ne fait pas partie de l’UE, comme la Suisse…. C’est pour ça peut-être qu’elle s’en sort mieux aussi ? A méditer.
Mais pourquoi regardez vous sur vos voisins et non pas sur les peuples du Nord Scandinave la Norvège par exemple vient de publier son salaire moyen journal du net plus de 5000 euros et le Danemarq qui se porte à merveille, la qualité de vie est bien meilleure dans les pays émergents en croissance qu’en Suisse également et se mettre a son compte là bas bien plus facile avec les facilités de crédits privés-étatique, quel snobisme dans ces commentaires abject !
Non mais franchement la suisse devrais mieux c occupé de ces compatriotes helvétique au lieux de repredre encore plus d immigrants.
Vous voulez plus de vole plus de criminalité moin de travaille et tout ce qui c en suivra ,mais accepter et vous verrez bien ce qui arrivera a notre suisse . Les politiciens c est comme l imigration ca sert a rien alors stop a la stupidité.
2% de croissance pour un solde migratoire de 8 pour 1000 habitant, l’un des plus élevé de l’Europe de l’Ouest, hors frontalier. Quelle est la stratégie pour l’avenir des Suisses? Toujours plus d’immigration? Plus d’impôt, pour plus de dépense publique? Il n’y a qu’à voir où la France a été avec cette politique! Vous avez vraiment envie de ce modèle pour votre pays?
Le peuple dira oui. La gauche si prompt à s’en prendre aux grands patrons de multinationales ou des grandes entreprises ou contre Economisuisse qui est le Capitalisme à combattre, soudain, la voilà qui les soutient quand il s’agit d’engager des employés à moindre coût et d’autres contrées, surtout. Ce n’est plus du tout des anti-capitalistes tout à coup, étrange revirement de situation.
La libre-circulation et l’ouverture des frontières à été une erreur. L’erreur est humaine. Hausse croissante du chômage depuis 2008, hausse de la délinquance, dumping salarial, etc… Il ne reste plus qu’à admettre que cela est désormais voué à l’échec et que ce n’est pas “plus de sécurité économique et sociale” comme le prétendait Calmy-Rey, la gauche et une partie de la droite. C’est même tout le contraire. Donc, rectifions le tire.
Et pour ceux qui imaginent que cela va affecter l’économie, que l’argent disparaîtra, comme dans le film “we’re all gonna die !”. Rassurez-vous, non, tout ira bien. Même mieux. Comme avant 2008, ou la courbe du chômage et de la délinquance même si elle s’élevait un petit peu avant d’exploser après l’acceptation de Schengen montait sensiblement. Les 30 glorieuses c’est bel et bien fini, tout ne sera pas parfait, mais limitons les dégâts. Si ce n’est pas pour nous, faisons-le pour nos enfants, la prochaine génération.
Lui montrer à cette génération future à ne pas céder devant le diktat de Bruxelles, que le peuple est souverain, que l’UE est une richesse mais qu’elle n’est pas l’unique partenaire économique surtout qu’elle sombre en ce moment. L’Asie, l’Amérique Latine et du Nord, voilà aussi des partenaires qui peuvent faire tourner notre économie.
Merci M, Windish pour vos articles, c’est tellement bien de savoir que tout le monde ne se fait pas piégé par l’oligarchie médiatique à la solde des gouvernements.
Bonne continuation.
Pas d’accord!
Le 9 février on votera oui ou non sur un texte précis, pas sur un modèle de société.
Bizarrement, malgré son titre, le texte de l’initiative ne contient rien qui montre que l’immigration serait réduite. Il y est seulement dit qu’un système de contingents et d’autorisations préalables serait instauré (comme avant, et comme pour les ressortissant hors UE aujourd’hui). Mais il est aussi indiqué que les besoins de l’économie devront être considérés (comme avant la libre circulation). Donc si les emplois sont là les permis d’établissement seront issus (comme avant).
On en reviendra à des débats répétitifs sur le niveau des contingents et la “Rosinenpickerei”, et aux petites corruptions locales pour en dévier et accorder un permis par ci et un autre par là.
Par ailleurs croire qu’en réduisant l’immigration le pays continuera de fonctionner comme si de rien n’était relève de l’ingénuité ou de la malhonnêteté. Je te coupe un bout de jambe mais rassure-toi, tu marcheras aussi bien. Dans quels domaines les partisans de l’initiative proposent-il de boiter: santé et soins à la personne, tourisme, construction, agriculture, technologie?
Ce n’est pas seulement la Suisse qui ressent des problèmes avec la libre circulation, il y a aussi à l’intérieur de l’UE un besoin de révision de ces mécanismes. Mais dénoncer le traité sur la libre circulation peut mener l’Europe à dénoncer les autres traités bilatéraux (clause couperet). S’il est vrai que c’est cela que bien des membres UDC et ASIN désirent il faut quand même se poser la question si ce jeu en vaut la chandelle. Et croire que l’UE acceptera de manière débonnaire de tout renégocier selon des termes dictés par l’UDC tient de l’illusion.
Et enfin on oublie que plus de 400’000 Suisses sont établis dans l’UE (et environ 300’000 dans le reste du monde). Quel sera leur statut si la libre circulation est abrogée?
L’initiative a pour but de redonner à la Suisse un élément de souveraineté. Mais malgré son titre elle ne résout rien tout en remettant en cause l’édifice des bilatérales construit depuis plus de vingt ans sans donner de vision claire des conséquences.
Merci Uli, c’est 1 bilan précis… on ne peut mieux dessiné. Je m’inquiète encore + ayant vu hier sur Léman Bleu que les juristes français ont pris l’habitude de venir faire des joutes oratoires à Genève, donc ça fricote le Barreau suisse et parisien… et de qui est formé NOTRE Barreau? de double nationalités?… bref on n’est pas sorti de “l’auberge espagnole” : l’UE chez nous parmi hôtes et convives. Evidemment : la Romandie ce ne sont que des gros lourdauds refermés sur eux-mêmes qui sans la France se feraient bouffer par les Allémaniques ou gruger par les mafieux Tessinois!
Vous avez fort bien résumé ce que je ressens et je ne suis bien évidemment pas seul.
Cette pression continuelle de la Kommandantur de Bruxelles, selon le principe “dès que nos angelots du CF ont cédé sur une question, elle enchaine immédiatement la suivante” est totalement détestable et s’apparente aux techniques de ventes à l’arraché.
Et c’est le coup de grace quand cette grosse dinde de Viviane Reding vient mettre de l’huile sur le feu en disant “il faut que la Suisse se bouge”; ce qui émarge complètement au langage diplomatique et à tout le moins de qqun ayant un semblant d’éducation.
Cette Europe fatigue et agasse plus que hier et moins que demain.