L’orgueil blessé de la Genève internationale
Contrairement à ce que Nicolas Copernic a pu affirmer, la terre ne tourne pas autour du soleil mais autour de Genève. Plus précisément autour de la Genève internationale, astre suprême sans lequel les planètes dévieraient de leur course. C’est du moins ainsi qu’on voit les choses au bout du Léman. La panique s’est emparée de la coterie multilatéraliste depuis que Donald Trump a suspendu les versements américains. Cette décision a d’emblée eu un effet majeur, mettre en évidence la générosité dont les Etats-Unis font preuve à travers le monde.
L’Agence de l’ONU pour les réfugiés est ainsi financée à hauteur de 40,7% par l’Oncle Sam, l’Onusida à 44,6%. Ces deux institutions étant basées à Genève, on comprend l’inquiétude du microcosme local. Pour compenser, les autorités entendent faire passer le contribuable à la caisse, trouvant miraculeusement l’argent qui manquait pour octroyer la treizième rente aux bénéficiaires de l’AVS. Le rayonnement de Genève n’a pas de prix et tant pis pour ceux dont les fins de mois sont difficiles.
Avant de reprendre ses versements, Donald Trump souhaite s’assurer que les fonds ne servent pas à lutter contre les intérêts US. Un questionnaire a été envoyé aux bénéficiaires afin de savoir si par exemple une organisation ne travaille pas avec des entités associées au communisme, au socialisme, au totalitarisme ou à n’importe quelle autre entité partageant des convictions antiaméricaines. Selon Le Temps, le questionnaire révèle une « méconnaissance inquiétante du secteur du multilatéralisme ». Et donc une méconnaissance inquiétante du rôle que Genève joue dans les affaires du monde. C’est vexant.
Le président des Etats-Unis ne s’intéresse pas au multilatéralisme simplement parce qu’il n’y croit pas. Il privilégie les contacts personnels, les échanges directs. Il ne va donc pas continuer à financer une pratique diplomatique qu’il rejette. Donald Trump n’a que faire de l’orgueil blessé de la Genève internationale si chère aux amateurs de petits fours. La Suisse n’est plus l’endroit où le monde règle ses problèmes.
Yvan Perrin, 12.03.2025
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