Pourquoi Israël a décidé d’interdire l’UNRWA sur son sol ?

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La décision a été prise par une large majorité de 92 voix contre 10. Ce lundi, le parlement de l’Etat d’Israël a adopté l’interdiction pour l’UNRWA, l’office des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, d’exercer ses activités sur le territoire israélien. Une mesure justifiée par le rapporteur de la loi en raison de l’existence d’« un lien profond entre l’organisation terroriste (Hamas) et l’UNRWA ». Le projet de loi est composé de deux volets : le premier, interdit les activités de l’agence de l’ONU dans la partie orientale de Jérusalem, et le deuxième, entrave le fonctionnement de l’UNRWA en bloquant les transferts de fonds pour les salaires et le paiement des fournitures. 

« C’est un désastre, notamment en raison de l’impact qu’elle aura probablement sur les opérations humanitaires à Gaza et dans plusieurs parties de la Cisjordanie », a déploré la porte-parole de l’UNRWA, Juliette Touma, qui précise que l’agence est « la principale responsable, (….) notamment en matière d’abris, de nourriture et de soins de santé de base ». « Ces projets de loi accroissent les souffrances des Palestiniens et ne constituent rien de moins qu’une punition collective », a réagi quant à lui le président de l’UNRWA, Philippe Lazzarini. La diplomatie française a joint sa voix à celle des défenseurs de l’UNRWA : « La France déplore très vivement l’adoption par le Parlement israélien de deux lois visant à interdire en Israël les activités de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). »

90 jours de délai

Benjamin Netanyahu a annoncé un délai de 90 jours avant que les lois ne soient mises en vigueur et indiqué que cette mesure ne nuirait pas à l’aide humanitaire. « Nous sommes prêts, avec des partenaires internationaux, à assurer qu’Israël va continuer à faciliter la fourniture de l’aide humanitaire  aux civils de la bande de Gaza, mais de telle façon que cela ne mette pas en danger la sécurité d’Israël », a déclaré le président israélien.

Malgré de nombreuses réactions négatives à l’international, l’interdiction de cette branche de l’ONU a pourtant fait une quasi unanimité au sein des députés israéliens, quelle que soit leur couleur politique. L’Etat hébreu, qui se montre critique depuis longtemps à l’égard de l’agence onusienne, accuse certains de ses employés d’avoir participé au massacre du 7 octobre. « L’UNRWA collabore avec le Hamas », affirmait Benyamin Netanyhu en février dernier, avant de faire part de sa volonté de la remplacer par d’autres organisations « qui ne seraient pas entachées par leur soutien au terrorisme ». En août, une enquête du bureau des services du contrôle interne de l’ONU avait mollement reconnu que neuf employés de l’UNRWA « pourraient avoir été impliqués dans les attaques armées du 7 octobre », avant de les licencier.

Des milliards qui financent les tunnels terroristes

Sans occulter la question humanitaire, d’autres observateurs affirment que l’UNRWA n’est pas la solution. C’est le cas d’Hillel Neuer, spécialiste du droit international public et directeur de UN Watch, une ONG qui veille à ce que l’ONU respecte sa propre charte et que les Droits de l’Homme soient accessibles à tous. « À court terme, les Gazaouis doivent obtenir l’aide dont ils ont besoin. Mais ceux qui aiment vraiment les Palestiniens ne les enfermeront pas dans un cycle de dépendance et de rêves de répétition du 7 octobre. Les milliards destinés aux tunnels terroristes devraient aller aux écoles, à la santé, etc. », a-t-il écrit sur son compte X le 30 octobre, en réaction à la décision du parlement israélien.

Depuis plusieurs mois, d’autres éléments sur les liens problématiques entre l’UNRWA et le Hamas ont continué de faire surface. Le 30 septembre dernier, à la suite de l’élimination par Tsahal de Fathi al-Sharif, directeur d’une école secondaire de l’UNRWA et chef du Syndicat des enseignants de l’UNRWA au Liban, le Hamas a publiquement reconnu ce que UN Watch disait depuis des mois : Fathi al-Sharif est un dirigeant du groupe terroriste. Les chaînes officielles du Hamas telles que la télévision Al-Aqsa et le télégramme du groupe le décrivent ouvertement comme le chef de la branche libanaise.

Le 16 octobre, lorsqu’Israël annonce la mort de Yahya Sinouar, le chef du Hamas et le cerveau à l’origine des massacres du 7 octobre, Tsahal découvre l’endroit où l’homme s’est terré pendant plus d’un an. Dans ces tunnels sous la ville de Khan Younès, à Gaza, l’armée découvre tout un complexe avec des douches, des cuisines, mais également des armes et des sacs estampillés de logos de l’UNRWA

Le 12 juillet dernier, un stock d’armes et de drones tueurs du Hamas ont été découverts au siège de l’UNRWA dans la ville de Gaza : drones tactiques, roquettes, mitrailleuses, mortiers, explosifs et grenades… Face à cette découverte accablante, le président de l’UNRWA Philippe Lazzarini a évidemment déclaré que « l’UNRWA ne savait pas ce qui se cachait sous son quartier général à Gaza » et que le personnel avait abandonné les lieux depuis des mois.

Une enquête biaisée ?

A l’occasion de cette décision d’Israël d’interdire les activités de l’UNRWA sur son sol, Hillel Neuer rappelle que les dirigeants de l’ONU et les partisans de l’agence de défense des Palestiniens ne pouvaient pas ignorer les liens entre celle-ci et le terrorisme. Plus que de l’ignorance, UN Watch accuse l’ONU de fermer les yeux sur la réalité. L’ONG conteste par exemple l’enquête menée par l’ONU sur l’UNRWA en février 2024. Cette commission menée par l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, avait alors conclu que « l’UNRWA a mis en place un nombre important de mécanismes et de procédures pour garantir le respect du principe humanitaire de neutralité ». Un rapport qui n’avait en réalité que pour seul objectif de rassurer les pays qui financent l’UNRWA et menaçaient de retirer leurs fonds après le licenciement de certains employés début 2024. C’est ce que confirment les propos du porte-parole de l’UNRWA Chris Gunness : « J’espère que le rapport externe de l’ancien ministre français des Affaires étrangères, qui sera bientôt disponible, fournira aux donateurs une garantie supplémentaire si c’est ce dont ils ont besoin au sein de leurs propres groupes internes pour reprendre le financement de l’UNRWA. » 

En 2024, l’Union européenne a financé l’UNRWA à hauteur de 82 millions d’euros. Tandis qu’Israël a adopté une posture claire, certains députés européens conservateurs appellent le parlement à mettre un terme à leur financement. « Il est inacceptable qu’année après année l’Union européenne continue de consacrer des centaines de millions d’euros à une organisation qui non seulement abrite des membres du Hamas, mais promeut également la haine d’Israël », a déclaré Martin Frias, député espagnol du parti Vox, qui a demandé à la commission européenne de faire preuve de « clarté » et de « détermination ».

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