Blagues grossophobes, femmes qui se sacrifient pour les hommes, quasi-absence de diversité… Revoir la comédie romantique de Noël 2003, c’est revenir au monde d’avant – et pas celui que l’on regrette !
C’est devenu LE rituel doudou de Noël : visionner Love Actuallyentre copains, en amoureux ou en famille, chaussés de pantoufles lapin et une bouillotte en forme de cœur sur les genoux. De génération en génération la comédie feel good de 2003 n’a jamais cessé de faire fondre les cœurs d’artichaut. Il faut dire que ce film à sketchs, patchwork coloré de variations sur l’amour, brasse suffisamment large pour fédérer : une dizaine de personnages et de situations – de l’épouse trompée au petit garçon amoureux pour la première fois – et un casting ébouriffant (Hugh Grant, Andrew Lincoln, Emma Thompson, Liam Neeson, Alan Rickman, Keira Knightley…).
Que reste-t-il vingt ans après ? Quelques morceaux de bravoure (Bill Nighy en rocker sur le retour), des pointes d’humour so british. Pour le reste, la sucrerie a pris un bon coup de pelle. Même le réalisateur Richard Curtis a fait son mea-culpa. Épinglé par sa fille, qui reproche à son œuvre son manque de diversité et sa grossophobie, le scénariste de Quatre Mariages et un enterrement, Bridget Jones et Coup de foudre à Notting Hill a reconnu qu’il faisait des films de boomers ! Revoir la comédie romantique à l’occasion de son vingtième anniversaire, c’est revenir au monde d’avant, et pas celui qu’on regrette le plus : diversité quasi nulle, romantisme réac et ultra genré, et léger relent de xénophobie en prime. Petit florilège.
(…) Ce veinard de Jamie s’est dégoté une femme quasi muette, qui en plus récure ses casseroles, tout en n’hésitant pas à se jeter dans un lac en petite tenue pour repêcher les pages envolées de son manuscrit (moment tee-shirt mouillé)… Sexy, dévouée et pas bavarde, le rêve du macho de base.
(…) Bon, on était au début des années 2000, mais à l’époque, déjà, ce film choral, se voulait un reflet de la société, un miroir générationnel, dans laquelle chacun pouvait se retrouver. Côté diversité ethnique, Chiwetel Ejiofor, dans le (tout petit) rôle d’un jeune marié, coche vaguement la case. Mais vingt ans après, difficile de ne pas voir que le film a oublié un autre truc. L’amour entre personnes du même sexe… Oups !
Télérama explique pourquoi Love Actually (2003) est un film rétrograde qui construit un imaginaire problématique.
Ce genre d’articles doit être pris au sérieux: ils dévoilent les critères de pureté morale qui prévalent aujourd’hui dans la productionhttps://t.co/DvI76JzrMj
— Samuel Fitoussi (@SamuelFitouss10) December 26, 2023
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