Corinne Maier, psychanalyste: Ô le beau cas!

 

Je ne la connaissais pas. J’avais déjà vaguement entendu son nom mais ne savais rien de ses écrits qui plaisent tant aux étudiants en sociologie de Paris-VIII. Mme Corinne Maier m’est apparue pour la première fois dans l’émission “C Ce soir” sur France 5. Je la trouvai immédiatement antipathique. Ses arrogants et méprisants propos sur la famille, d’une bêtise confondante, confirmèrent cette première impression.


Voici les propos en question : « La famille signifie repli sur soi. C’est des gens qui sont chez eux, ils ont un 4X4 et y’a que leurs enfants qui comptent. C’est la norme. Alors quand on me dit “la famille c’est l’ouverture et le lien”, pas du tout en fait, c’est quelque chose de resserré sur les parents et les enfants. » Le discours est tellement stupide et caricatural que j’ai eu envie d’en savoir un peu plus sur cette psychanalyste. J’ai cherché, lu sa prose, écouté quelques interviews et, finalement, me suis vu dans l’obligation d’approuver l’adage revu et corrigé par Henri Jeanson selon lequel « la première impression est toujours la bonne… surtout quand elle est mauvaise ».

Plomber le système de l’intérieur sans en avoir l’air 

Mme Maier est diplômée de l’IEP de Paris, économiste et titulaire d’un doctorat en Psychanalyse obtenu à l’université Paris-VIII. Née en 1963, trop jeune donc pour avoir participé activement à la révolution libertaire de 68, Mme Maier en a pourtant acquis les fondamentaux grâce à des lectures ciblées de tracts situationnistes et gauchistes. Anticapitaliste et lectrice de Paul Lafargue, elle a écrit un petit livre intitulé Bonjour Paresse : De l’art et de la nécessité d’en faire le moins possible en entreprise. Elle y cite Guy Debord, bien entendu : « Ne travaillez jamais. » Elle y ambitionne de « plomber le système de l’intérieur sans en avoir l’air » et demande par conséquent aux salariés de « plomber leur entreprise par leur passivité ». Cela lui a valu un papier dans le New York Times où elle a été qualifiée d’« icône de la contre-culture », écrit-elle modestement sur son blog ; tandis que la BBC, ajoute-t-elle en toute humilité, l’a fait entrer en 2016 dans le club des « cent femmes les plus influentes et les plus inspirantes du monde ». L’inefficacité au travail doit, d’après Mme Maier qui s’en réjouit, faire advenir une nouvelle société où « chacun cultivera son jardin » et travaillera uniquement en vue d’obtenir le petit salaire indispensable à sa survie. Sans le savoir, croyant bousculer le système, la soi-disant icône de la contre-culture fait l’éloge d’une société que l’élite davosienne et gafamesque juge idéale et qu’elle aimerait voir répartie comme suit : 20 % de « travailleurs cognitifs » vivant (très) confortablement et 80 % de prolos ubérisés ayant tout juste l’argent nécessaire pour s’abrutir devant des écrans et consommer ce qu’il faut pour affermir la position des premiers.  

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Ne pas travailler, c’est bien, mais ne pas faire d’enfants, c’est encore mieux, a décidé Mme Maier. Elle a par conséquent gribouillé un petit guide intitulé No Kid dans lequel elle fournit « 40 raisons de ne pas avoir d’enfants ». Extrait : « En fait, la famille moderne est une prison repliée sur elle-même, basée sur l’enfant, ce sont des engueulades sous le sapin de Noël, des « minutes de vérité » pénibles avec votre belle-mère alors que vous n’avez rien demandé, des haines recuites sur plusieurs générations, des secrets de famille honteux que personne n’ose évoquer mais qui pèsent sur tous. La plupart des meurtres et des actes pédophiles ont lieu dans le cadre familial, c’est tout de même à méditer. Toute famille est un nœud de vipères inextricable. » Pourquoi « la famille moderne » ? Les moments de vie familiale choisis et décrits pour certains avec un profond mépris par Mme Maier remontent à la plus haute Antiquité (sauf pour le sapin de Noël !). Il en est d’autres qui remontent aussi loin et semblent avoir totalement échappé à l’observation de notre psychanalyste : moments de joie, de bonheur à Noël, et pas seulement pour les cadeaux, ou lors de grands événements comme la naissance d’un enfant justement, de tristesse aussi, de deuil qu’on ne supporte que grâce à la présence et à l’amour des proches. La vie humaine est, à l’instar des symphonies mahlériennes, une composition titanesque de tumultes, de joies, d’instants tragiques, d’échecs, d’enchantements, de tentatives de réconciliation avec le sacré et d’espoirs souvent déçus, jamais abandonnés. La famille, l’enfance, la vieillesse, l’amour, l’amitié, l’affection, les larmes et les rires, et, tout au long de la vie, au milieu des inévitables malheurs, le souvenir des moments heureux, telle est l’existence humaine dans toute son humanité – tandis que celle imaginée par Mme Maier est un cauchemar continu, inhumain, une plaine funèbre où rien ne pousse, un désert où ne souffle que le vent de la désolation et de l’amertume. « Les souvenirs heureux constituent un soutien psychologique indispensable aux individus ayant atteint la maturité ; ceux qui ne peuvent se rattacher au temps écoulé par l’amour et la tendresse en souffrent terriblement », écrit Lasch dans La culture du narcissisme. Pauvre Mme Maier !.. À propos, en parlant de narcissisme…

Frigide et barjot

… Mme Maier, psychanalyste, passe son temps à se regarder le nombril. Elle ne conçoit et ne juge le monde qu’à travers sa propre existence. Ainsi, lorsqu’elle déconseille aux parents d’apprendre à leurs enfants à lire, le fait-elle avec un argument autobiographique qui vaut son pesant de cajous : « En fait, la lecture est la meilleure ennemie de la réussite. Le malentendu est total : les enfants qui aiment vraiment lire deviennent des barjots, j’en suis la parfaite illustration. Quand j’étais enfant, rien ne m’intéressait, ni l’école, ni la musique, ni les promenades, ni les vacances. Résultat : je suis asociale et incapable de travailler en équipe. » Barjot, ce n’est pas moi qui le dis… (si ça avait été moi, j’aurais sans doute ajouté « braque », « cintrée », « dingotte », « timbrée », etc.)

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« L’état de la planète » justifie une nécessaire dénatalité, d’après Mme Maier qui colle au plus près des thèses écologistes radicales. Mais cela ne vaut que pour les pays riches, là où demeurent « les pique-assiettes planétaires ». Elle écrit : « Chaque enfant né dans un pays développé est un désastre écologique pour la planète tout entière ». Avoir des enfants « est immoral quand on vit en Europe ou en Amérique », dans ce monde « toujours plus assoiffé de carburant, toujours plus destructeur de l’environnement ». Et, à une journaliste de la Radio Télévision Suisse qui s’inquiète de cette dénatalité que prône la psychanalyste, elle répond : « Oui, mais uniquement dans les pays riches ! Donc on peut imaginer qu’on fasse venir des enfants d’ailleurs ou de la main-d’œuvre jeune d’ailleurs. » Mme Maier souhaite le remplacement d’une population vieillissante par une autre, plus jeune, venue d’ailleurs et à laquelle elle prête, semble-t-il, les vertus de consommation mesurée et de respect de l’environnement qui feraient défaut aux actuels habitants des pays occidentaux et à leurs progénitures. Une fois de plus, à contre-courant de la rébellion affichée contre le système, son projet concorde parfaitement avec celui d’une oligarchie mondialiste et immigrationniste qui se régale d’avoir des alliés involontaires comme Mme Maier, des révolutionnaires croyant tout bouleverser alors qu’ils ne font que conforter son programme de destruction des nations et leur remplacement par un conglomérat de provinces peuplées d’individus interchangeables et contrôlées par une haute administration technocratique mondialisée.

Bavardage décroissant branché

Mme Maier compte, semble-t-il, de nombreux lecteurs parmi les étudiants, surtout en sociologie, surtout à Paris-VIII et à Sciences Po. Ce n’est pas étonnant. Sa « critique sociale » vole au niveau des pâquerettes, son seul but étant de « tourner en dérision le travail, la famille et la patrie », écrit-elle sur son blog.

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Son bavardage sur la décroissance est le même que celui des militants radicaux écologistes et autres zadistes ayant conduit des étudiants en agronomie ou en architecture à dénigrer leurs professeurs et leurs écoles et à renoncer aux métiers pour lesquels ils ont été formés. Interrogée sur CNews par un Frédéric Taddeï s’inquiétant de la dénatalité et de son impact économique et social en France et en Europe, Mme Maier a répondu : « Là il faut être très clair, je m’en fous, ce qui m’importe c’est de faire des choses qui ont un sens pour moi et de ne pas trop travailler. […] Je m’en fiche complètement de l’économie. […] Après moi le déluge. » Voilà qui a, effectivement, le mérite d’être clair. Moi, mon jardin, ma gueule, mon nombril, il ne faut pas chercher beaucoup plus loin les sujets de réflexion, appelons ça comme ça, de Mme Maier… « Il y a tant de romans, tant d’essais qui reflètent un autre univers que celui dans lequel ils paraissent – la plupart ne reflètent d’ailleurs que le nombril de l’auteur et sa toute proche banlieue », écrivait Philippe Muray. Avec Mme Maier nous touchons à la quintessence du nombrilisme voulant se faire passer pour une réflexion critique sur l’Occident. Malheureusement, ce spécimen de jeanfoutre politico-médiatique égocentré, s’il commande aux autres de ne pas avoir d’enfants, a tendance, lui, à faire des petits et à se répandre dans toutes les sphères de la société – il n’est malheureusement pas difficile de deviner à quelles tristes figures de la vie politique, médiatique et culturelle nous faisons ici allusion.

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