Le gouvernement allemand envisage d’interdire l’AfD, le parti nationaliste à 21 % dans les sondages

 

Alice Weidel et Tino Chrupalla, co-présidents de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD).

 

Les partis de gauche appellent à « défendre la démocratie » alors que le parti AfD progresse à 21 % dans les sondages d’opinion.

Les partis traditionnels allemands débattent de l’opportunité d’interdire l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), alors que le parti nationaliste atteint 21 % dans les sondages.

 
La plupart des instituts de sondage placent l'AfD à 21 % des intentions de vote

Frank-Walter Steinmeier, le président allemand, a averti dans un discours à l’agence de renseignement intérieur du pays que « nous avons tous entre nos mains la possibilité de remettre à leur place ceux qui méprisent notre démocratie ».

Son discours au château où la constitution allemande d’après-guerre a été créée a été largement perçu comme un soutien à une interdiction après que Thomas Haldenwang, le chef de l’espionnage intérieur, a mis en garde contre « l’influence croissante de l’extrême droite » au sein du parti.

M. Haldenwang a déclaré : « Nous voyons un nombre considérable de protagonistes dans ce parti qui répandent la haine contre tous les types de minorités ici en Allemagne ».

Cette déclaration intervient alors que l’influence croissante de Björn Höcke, chef de file de l’AfD dans l’État de Thuringe, à l’est du pays, a suscité des mises en garde. 

M. Höcke, un ancien professeur d’histoire, est connu pour son langage proche de celui d’Hitler. Lors de la conférence du parti qui s’est tenue à Magdebourg en août, ses alliés ont balayé l’ensemble des listes européennes.

Fait rare, le respecté magazine d’information Der Spiegel s’est immiscé dans le débat en publiant un éditorial intitulé : « Bannissez les ennemis de la constitution ! » (voir ci-dessous).

 

Le codirigeant des sociaux-démocrates d’Olaf Scholz a également déclaré qu’une interdiction devrait être envisagée si l’AfD est classée comme un groupe « d’extrémistes de droite avérés » par l’Office fédéral pour la protection de la Constitution.

Friedrich Merz, chef de file de l’Union chrétienne-démocrate, a toutefois averti que « l’interdiction des partis n’a jamais résolu les problèmes politiques ».

L’AfD en pleine ascension

L’Institut allemand des droits de l’homme, une organisation non gouvernementale de gauche, a déclaré la semaine dernière que « l’AfD a atteint un degré de dangerosité tel qu’il peut être interdit en vertu de la Constitution ».

L’Allemagne a une histoire mouvementée en matière d’interdiction de partis, Otto von Bismarck, premier chancelier du pays, ayant interdit les sociaux-démocrates pour déloyauté à l’égard du Kaiser. Le terme social-démocrate recouvrait une réalité plus radicale que le terme actuel, Karl Marx était notamment un membre fondateur de la social-démocratie (au centre de l’illustration ci-dessous).

Fondateurs et dirigeants du Parti social-démocrate, Marx au centre, Lassalle en bas à droite (lire ce qu'en pensait Marx)

Lorsque les nazis (le Parti national-socialiste des travailleurs allemands de son nom officiel) sont arrivés au pouvoir, ils ont interdit tous les autres partis.

La République démocratique allemande (Allemagne de l’Est communiste) a également interdit les partis qui n’étaient pas affiliés au parti de l’unité socialiste au pouvoir.

La constitution allemande d’après-guerre, soucieuse d’éviter cet excès d’autoritarisme, a rendu difficile l’interdiction d’un parti sur le plan juridique. Les tentatives d’interdiction du parti néo-nazi NPD en 2003 et en 2017 ont toutes deux échoué devant la plus haute juridiction.

Volker Boehme-Nessler, politologue, a déclaré qu’il ne pensait pas que le parti remplissait les critères juridiques stricts pour procéder à une interdiction.

Il a averti qu’une tentative ratée ne ferait que donner à l’AfD un élan supplémentaire dans la campagne électorale, a-t-il déclaré au radiodiffuseur de l’est de l’Allemagne, MDR (Mitteldeutscher Rundfunk, le diffuseur de l’Allemagne « centrale » à noter qu’il y a bien un diffuseur de l’Allemagne occidentale [WDR], du Nord [NDR], du Sud-Ouest [SWR], mais aucun diffuseur de l’Allemagne orientale, peut-être parce qu’elle est occupée par la Pologne ?)

« On ne peut pas simplement interdire un parti qui obtient 20 à 30 % d’approbation dans plusieurs États, a-t-il ajouté.

Les Allemands sont également divisés sur la question de l’interdiction du parti, 47 % d’entre eux étant favorables à une telle mesure et 47 % y étant opposés.

L’interdiction est plus populaire à l’Ouest et parmi les Verts libéraux.

 

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3 commentaires

  1. Posté par Roland le

    Le pluralisme en politique allemande est un leurre.

  2. Posté par Poulbot le

    « Nous avons tous entre nos mains la possibilité de remettre à leur place ceux qui méprisent notre démocratie » .
    Cette déclaration du président Allemand est nettement un déni de démocratie puisqu’elle interdit de facto aux allemands ayant une autre idée de pensé politique sur l’avenir de l’Allemagne de l’avoir.
    En ce qui concerne la constitution Allemande , elle a été dicter par les Anglo-saxon (Américains-Anglais) .

  3. Posté par antoine le

    « nous avons tous entre nos mains la possibilité de remettre à leur place ceux qui méprisent notre démocratie »
    Comme (mauvaise) habitude les personnes ou les partis concernés ne sont pas nommés.
    On pourrait supposer que cela concerne:
    – les Antifas casseurs
    – les verts pastèques communiste
    – les verts de gris qui se collent les mains
    – les marxistes
    – les léninistes
    – les anarchistes
    – etc …
    Que nenni, cela ne concerne ”que” l’AfD !!
    La PEUR commence à se propager dans les rangs de la gôche … il faut qu’ils brandissent les réminiscences anciennes, celles que les Allemands veulent oublier !!

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