L'Italie a préparé un nouveau plan pour réduire l'immigration clandestine qui touche le pays de plus en plus durement chaque année. Le ministre italien de l'intérieur, Matteo Piantedosi, a proposé que les autorités italiennes et tunisiennes patrouillent conjointement le long des côtes de Tunisie, ce pays étant le principal point de passage des migrants arrivés en Europe ces dernières années.

"Plus de 400 000 migrants illégaux devraient arriver en Tunisie d'ici la fin de l'année", a prévenu le ministre italien de l'intérieur, Matteo Piantedosi, lors d'une récente réunion du Conseil des ministres, selon le quotidien italien La Stampa. Le ministre a également présenté au Conseil un plan d'action qui, selon lui, pourrait contribuer à atténuer les risques posés par la vague migratoire estivale attendue.

Les survivants d'un naufrage survenu à une centaine de kilomètres des côtes libyennes arrivent au port de Pozzallo, en Sicile, le 13 mars 2023. (Photo: Francesca Ruta/MTI/EPA/ANSA)

Le plan de M. Piantedosi prévoit une surveillance conjointe des côtes tunisiennes par les autorités italiennes et tunisiennes, à la fois sur terre et en mer, ainsi qu'un renforcement des activités de renseignement dans la ville de Sfax.

La ville portuaire tunisienne est le siège de nombreuses organisations criminelles qui tirent profit du trafic d'êtres humains, notamment en construisant et en équipant des bateaux pour aider les personnes qui tentent de rejoindre l'Europe. Selon le quotidien britannique The Guardian, la situation à Sfax s'aggrave de jour en jour, les migrants arrivant dans la ville essayant de monter sur des bateaux et de quitter le continent pour l'Europe le plus vite possible. Plusieurs migrants ont rapporté que leurs maisons avaient été prises d'assaut et qu'ils avaient été expulsés de force, tandis que d'autres ont été attaqués au couteau, après que le président tunisien Kaïs Saïed a déclaré, fin février, que l'arrivée massive de migrants en provenance de pays subsahariens faisait partie d'un complot visant à modifier la composition démographique du pays.

M. Piantedosi a aussi proposé de collaborer avec les pays d'origine des migrants clandestins pour faciliter leur retour. Le ministre italien de l'Intérieur, lors d'une réunion du Conseil des ministres, a envisagé de déclarer l'état d'urgence sur les îles de Lampedusa et de Pantelleria, ce qui permettrait de créer de nouveaux centres d'accueil et d'accélérer l'expulsion des migrants.

Mais il souhaite également coopérer avec la Libye, et pas seulement avec la Tunisie, et propose de verser aux gouvernements des deux pays une subvention de 500 euros pour chaque migrant renvoyé.

Banksy's migrant rescue ship seized by Italy's coast guard in Lampedusa https://t.co/a72lG6IHF7 pic.twitter.com/UhGOT3PxC0

— Reuters (@Reuters) March 26, 2023

Les garde-côtes italiens ont saisi le navire de sauvetage des migrants de Banksy à Lampedusa.

La nécessité d'un plan d'action et la pression migratoire croissante sont confirmées par les statistiques des Nations unies. Selon celles-ci, le nombre d'arrivées par la mer a augmenté de 317 % entre le 1er janvier et la fin du mois de mars de cette année, avec près de 27 000 migrants enregistrés sur les côtes italiennes au cours des trois premiers mois de l'année, contre seulement 6 440 l'année dernière à la même époque.

La plupart de ces migrants viennent de Côte d'Ivoire, de Guinée, du Bangladesh, de Tunisie et du Pakistan. Toutefois, la plupart transitent par la Tunisie et la Libye, et ce n'est donc pas un hasard si Piantedosi travaille avec ces deux pays. Selon les chiffres des Nations unies, 15 340 personnes ont atteint les côtes italiennes cette année via la Tunisie et 10 315 via la Libye. En comparaison, seules 199 personnes sont arrivées en Europe via l'Algérie et 993 via la Turquie.

Non seulement les gardes-frontières, mais aussi l'administration italienne est soumise à une pression croissante, car l'afflux de réfugiés s'accompagne d'une augmentation du nombre de demandes d'asile en attente de traitement. En janvier, 8866 demandes ont été reçues, contre 5072 en janvier de l'année dernière.

"Une série de mesures sont prévues pour réduire le nombre de migrants et augmenter leur retour dans leur pays d'origine. Le gouvernement italien s'est engagé à relancer un dialogue stratégique avec les autorités tunisiennes, tant au niveau politique qu'opérationnel, avec la participation de la Commission européenne, afin d'intensifier les patrouilles conjointes sur les côtes tunisiennes et d'empêcher la construction de bateaux et d'embarcations utilisés pour des opérations de migration", a déclaré M. Piantedosi en présentant son plan d'action. Le ministre de l'Intérieur a également envisagé dans son discours le déploiement de forces militaires pour contrôler la côte et réduire la migration.

Image mise en avant: Un bateau transportant quelque 500 immigrés clandestins se dirigeant vers l'Europe, secouru par les garde-côtes italiens dans une mer agitée, dans le port de Crotone, sud de l'Italie, le 11 mars 2023. (Photo: MTI/EPA/ANSA/Giuseppe Pipita)

Source: Magyar Nemzet

Traduction: Albert Coroz