Zoltan Lomnici Jr. - juriste constitutionaliste hongrois
De réfugiés à PDG
"La propriété c'est le vol", écrivait le philosophe socialiste français Pierre-Joseph Proudhon, dans son livre Qu'est-ce que la propriété ?(1840).
À l'automne 2022, Karl von Rohr, vice-président de la Deutsche Bank, a déclaré au Handelsblatt, un grand journal économique allemand, que la DB entendait concurrencer les banques en ligne en forte croissance avec une nouvelle offre.
La plus grande institution financière d'Allemagne souhaitait mettre sur le marché une offre indépendante, numérique et basée sur des applications pour les clients ayant des besoins d'investissement en 2024, et selon lui, elle devait s'adresser aux personnes qui souhaitent gérer leurs actifs de manière professionnelle, négocier des titres en ligne et faire leurs opérations bancaires de manière purement numérique.
De plus, contrairement aux banques et courtiers en ligne classiques, la Deutsche Bank offrirait également une opportunité par téléphone ou avec une licence de chat. L'objectif était d'acquérir de nouveaux clients, mais – comme l'a dit le vice-président – l'offre serait également ouverte aux clients existants.
Il ne s'agissait pas de fonder une nouvelle banque pour cela, mais de s'arrimer aux structures existantes du premier établissement financier allemand, et de construire l'offre par dessus, en générant des intentions claires et sérieuses des clients pour conclure les contrats espérés.
En fait, les détails ne sont pas encore clairs, c'est plutôt un nouveau type d'orientation des investissements qui a été stimulé l'année dernière par le fait qu'après la hausse des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne sous influence allemande à l'époque, la Deutsche Bank a de nouveau voulu verser des intérêts positifs sur certains dépôts sélectionnés de ses clients privés.
Selon Rohr, la raison derrière cela est que l'activité de dépôt redevient plus intéressante, mais qu'en raison de la hausse des taux d'intérêt, le marché immobilier sera plus faible non seulement à court terme, mais aussi à moyen terme dans toute l'industrie.
Dans le contexte des récents processus économiques et du marché du crédit, de nombreuses personnes voient également les effets de la Grande Réinitialisation.
La Great Reset Initiative est un plan de revitalisation économique lancé par le Forum économique mondial de Davos à l'été 2020, en réponse à la pandémie de Covid-19 qui explosait alors.
L'objectif déclaré du projet est, en principe, de faciliter la reprise après la crise mondiale et de relancer l'économie d'une manière qui donne la priorité au développement durable.
Selon le PDG du Forum économique mondial, Klaus Schwab, la Grande réinitialisation signifie la création de conditions économiques, une construction plus flexible, plus juste et plus durable prenant en compte les aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance, ainsi que la nécessité d'utiliser les innovations de la quatrième révolution industrielle.
Kristalina Georgieva, directrice du Fonds monétaire international, a énuméré trois aspects clés, et sans aucun doute sonnant bien dans l'abstrait, de la réponse durable au Covid : croissance verte, croissance plus intelligente, croissance plus juste.
Fin 2020, Joe Biden a annoncé la nomination de John Kerry en tant qu'envoyé spécial des États-Unis pour le changement climatique, et Kerry occupe ce poste depuis le 20 janvier 2021.
En lien avec le Great Reset, il a expliqué comment, selon lui, la pandémie était un grand moment, offrant l'opportunité de repartir à zéro ; il a également déclaré que le Forum économique mondial jouerait un rôle important dans l'affinement des réponses au changement climatique et aux inégalités révélées par le Covid-19.
Mais que faut-il entendre par là ?
La redistribution des revenus, la lente réorganisation des rapports de propriété.
Le Great Reset offre également de grandes opportunités en termes d'ingénierie sociale. Il n'est donc pas étonnant que depuis 2020, de nombreuses théories aient vu le jour selon lesquelles l'élite mondiale envisage désormais de transformer les sociétés. Il est presque certain que ce n'est pas seulement une idée philanthropique née de la pandémie pour rendre la vie de chacun d'entre nous heureuse, de même que ce n'est pas sans raison que certains gouvernements et organisations internationales mondiales dépensent des milliards de dollars non seulement pour garder l'économie vivante mais aussi pour la repenser en profondeur.
L'idée était de suggérer aux gens, avec pas mal de pression, de réfléchir à leurs propres considérations patrimoniales et investissements.
Conformément à tout cela, prenant modèle, par exemple, sur le vice-président de la Deutsche Bank, les gens devraient, au lieu d'acheter un bien immobilier, dépenser leur argent pour des biens à long terme qui aident à lutter contre le changement climatique, à se recycler professionnellement et à planifier leur avenir dans l'esprit de toutes sortes de défis lointains plus grands, à long terme, presque intangibles.
Pour regarder au-delà de leurs propres objectifs, accepter l'environnement social en évolution rapide, accepter le plus d'immigrés possible, repenser la réalité économique et sociale.
A partir de là, il n'y aurait plus qu'un pas à franchir pour que la population native de certaines sociétés occidentales, composée de tranches d'âge plus âgées - ou du moins une partie d'entre elle - cède progressivement son patrimoine immobilier aux nouveaux venus qui constituent les couches les plus jeunes et sont capables de présenter des taux de fécondité plus élevés, c'est-à-dire aux immigrés.
Le Forum économique mondial lui-même a prédit en 2016 que d'ici 2030, la propriété individuelle, c'est-à-dire l'institution de la propriété privée, pourrait essentiellement disparaître. Si les idées de Davos devaient se réaliser, les gens devraient en fin de compte louer et emprunter ce dont ils ont besoin à l'État, voire à des entreprises publiques hybrides annoncées sous le slogan du partenariat public-privé, dans lesquelles coexisteraient d'une part le monopole de l'État sur l'usage de la force et d'autre part le profit des entreprises.
Ainsi, l'État et les entreprises d'État hybrides seraient les seuls propriétaires de tous les actifs. L'idée résonne avec la question de l'immigration, avec le positionnement des nouveaux arrivants, selon la formule : « Les réfugiés syriens seront les PDG des années 2030 ».
Il n'y a pas besoin développer le fait que l'abolition de la propriété privée des gens, sa prise en propriété sociale, puis son exploitation, seraient la réalisation des vieilles idées du système communiste.
Les effets de la politique de sanctions en temps de guerre confirment le bien-fondé des critiques liées à la Grande Réinitialisation, puisqu'une partie importante des dépôts bancaires des ménages et de l'épargne antérieure est érodée par l'inflation.
Et tandis que les prix augmentent et que les emplois disparaissent en masse, la classe moyenne occidentale s'amincit également de plus en plus, une partie d'entre elle n'étant plus en mesure de maintenir son niveau de vie antérieur.
Les citoyens qui perdent leur moyen d'existence ne pourront même plus soutenir, surtout financièrement, les partis et mouvements politiques contre les forces locales qui serviront « l'élite mondiale » dominante et mondialiste.
En d'autres termes, les citoyens perdront leur capacité de déterminer la vie publique, leur possibilité d'assurer leur véritable indépendance et leur liberté,
Le chercheur en éthique Steven Umbrello critique l'agenda politique de Davos dans son étude synthétique où il décortique le redémarrage qui a suivi l'épidémie de Covid. Il affirme qu'il s'agit d'une transformation socio-politico-économique importante (sinon complète) et que cet agenda constitue un faux dilemme, qui préfère utiliser des mots populaires à la mode tels que l'équité, la durabilité, même si fonctionnellement il menace plutôt la réalisation de ces objectifs nécessaires.
En résumé : l'élite économique, qui joue un rôle important en influençant les processus politiques et économiques mondiaux actuels, aurait encore beaucoup à faire pour faire taire les voix de suspicion et d'inquiétude concernant les idées ci-dessus qui entourent le Great Reset ou même sont à sa base. Parce que tout ce qui s'est fait jour entièrement ou partiellement à partir des idées formulées jusqu'à présent, invite à adopter plutôt la vision contraire, celle de la résistance de groupes, de partis et même d'États et de gouvernements courageux.
Source: https://magyarnemzet.hu/velemeny/2023/03/menekultekbol-vezerigazgatok
Traduction: Albert Coroz
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