En amont des discussions avec son homologue russe Vladimir Poutine, qui l'a convié à Sotchi ce 5 août, le chef d'Etat turc Recept Tayyip Erdogan avait dit espérer l'ouverture d'une nouvelle «page très différente dans les relations» entre leurs deux nations.
A l'issue de leurs échanges, le Kremlin a indiqué que les deux dirigeants s'étaient accordés pour «augmenter le volume des échanges commerciaux» russo-turcs et «faire preuve de compréhension à l’égard des attentes [de chacun] dans les domaines économique et énergétique». Les deux chefs d'Etat, selon la même source, ont prôné la mise en place des «mesures concrètes» visant à renforcer la coopération dans les domaines du transport, de l'agriculture, de la construction, de l'industrie et des finances, ainsi que dans celui du tourisme.
En matière énergétique précisément, les deux présidents se sont entendus pour que les livraisons du gaz russe à la Turquie soient «partiellement payées en roubles», selon des informations transmises à la presse par le vice-Premier ministre russe, Alexandre Novak, saluant une «nouvelle étape et de nouvelles opportunités». Une avancée pour la Russie, qui souhaite que sa devise soit utilisée dans les règlements internationaux face à l'euro et au dollar, sur fond des sanctions économiques occidentales contre la Russie liées à l'opération militaire russe en Ukraine.
Sur le dossier épineux de la Syrie , les deux leaders se sont contentés de confirmer leur attachement à «l'avancement du processus politique», au maintien «de l'intégrité territoriale» du pays et à la lutte «contre toutes les organisations terroristes». Le président turc menace depuis mai de conduire une offensive dans le nord-est syrien pour établir une zone de sécurité à sa frontière visant à éloigner les combattants kurdes du PKK, considérés par Ankara comme des terroristes. Or, Moscou ne partage pas l'enthousiasme turc pour ce projet – ce 5 août encore, avant la rencontre des deux chefs d'Etat, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait martelé qu'il était «très important de ne permettre aucune action qui pourrait déstabiliser la situation en Syrie».
Sur un plan plus symbolique enfin, Vladimir Poutine et Recept Tayyip Erdogan ont souligné ce 5 août «l'importance cruciale des relations sincères, franches et de confiance entre la Russie et la Turquie pour assurer la stabilité régionale et internationale», d'après le Kremlin.
La Turquie au carrefour des enjeux diplomatiques
L'étroite coopération entre la Russie et la Turquie – membre de l'OTAN – s'est notamment illustrée lors de la participation des deux nations à un sommet tripartite avec l'Iran, le 19 juillet, lors duquel les parties avaient souligné l'importance de leur travail commun en matière, notamment, d'énergies et de lutte antiterroriste.
Ankara, qui entretient de bons rapports tant avec Moscou qu'avec Kiev, a en outre récemment validé avec les Nations Unies des accords permettant de débloquer les exportations de céréales d'Ukraine, dans le contexte de conflit. Au sujet de ces accords, le Kremlin rapporte ce 5 août que Poutine et Erdogan ont «mis l’accent sur la nécessité d’assurer [leur] mise en œuvre complète».
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