Robert Spencer, 23 septembre 2021
La prière dans les écoles publiques est un sujet brûlant aux États-Unis depuis que la Cour suprême a statué contre elle dans la décision historique de 1962 Engel contre Vitale. Mais la voici de retour, au moins dans un district scolaire de Californie. EdSource a rapporté lundi que « le district scolaire unifié d'Elk Grove en Californie a commencé à offrir des repas culturellement appropriés et à réserver des salles dans bon nombre de ses collèges et lycées pour la prière lors des jours de fêtes musulmanes en raison des étudiants réfugiés afghans supplémentaires qu'il attend le mois prochain ».
Ironie de l’histoire, comme l'a noté Daniel Greenfield, le même district scolaire « était devenu célèbre pour le cas District scolaire unifié d'Elk Grove contre Newdow, dans laquelle un athée avait intenté un procès à l'école parce que le serment d'allégeance comprend les mots ‘Under God’ (sous l’autorité de Dieu). L'affaire a été un sombre cafouillage qui est allé jusqu’à la Cour suprême, mais n'aurait jamais dû aller jusque-là et la plainte a fini par être rejetée parce que Newdow n'avait pas vraiment la garde de sa fille. »
Il y a eu, cependant, un précédent important au Texas en 2017 pour ce que Elk Grove va faire maintenant. Le lycée Liberty à Frisco, Texas, avait créé une salle de prière pour les étudiants musulmans et s'était attiré un reproche du procureur général adjoint du Texas, Andrew Leonie, qui avait déclaré : « La politique de la Liberty High School devrait être neutre vis-à-vis de la religion. Or il semble que les étudiants soient traités différemment en fonction de leurs croyances religieuses. Une telle pratique est évidemment contraire à l'engagement durable de notre nation envers la liberté religieuse. »
Ou comme l’a exprimé un parent d'élève lors d'une réunion du conseil scolaire de Frisco en 2017 :
« Le lycée Liberty n'est pas une mosquée. Ce n'est pas une synagogue. Ce n'est pas un tabernacle. Ce n'est pas un temple. Ce n'est pas une église. C'est une école. C'est une école publique soutenue par les contribuables dans le but d'éduquer nos enfants. »
Cependant, le lycée avait pu apaiser les craintes. Plusieurs semaines après la déclaration d'Andrew Leonie, Marc Rylander, chef de la communication du bureau du procureur général du Texas, avait publié une autre déclaration, disant : « Nous sommes reconnaissants pour la réponse rapide du district scolaire de Frisco et avons été en contact avec leurs avocats. Ils nous ont assuré aujourd'hui que les étudiants de toute religion, ou sans religion, peuvent désormais utiliser cette salle pendant les périodes non pédagogiques selon le principe du premier arrivé, premier servi pour des activités dirigées par les étudiants. La liberté religieuse est une pierre angulaire de notre société et nous sommes heureux que les étudiants de Frisco puissent pratiquer leur foi conformément à leurs croyances. »
Premier arrivé, premier servi ? Donc que se passerait-il si un groupe d'étudiants non musulmans arrivait dans la salle avant les musulmans ? Comment les responsables du lycée Liberty géreraient-ils le conflit ? Hélas, ni Rylander ni les responsables du district scolaire n'ont apporté de réponse à cette question. Cependant, Joy Baskin, directrice des services juridiques de la Texas Association of School Boards, a expliqué que tout était fait dans le respect de la Constitution parce que c'était volontaire et organisé par les étudiants eux-mêmes : « On entend dire parfois que la prière a été bannie des écoles publiques. En fait, la décision des tribunaux, c'est que les écoles ne peuvent pas imposer la prière. » Elle a ajouté : « C'est un concept que les tribunaux examinent depuis des années. C'est ce qu'on appelle le "temps de libération", et c'est l'idée que pour suivre un principe de foi, l'étudiant est brièvement excusé. C'est l'occasion d'avoir une absence excusée afin de suivre un principe de foi. »
Fort bien, mais le problème était qu'une seule foi était réellement suivie. Bien que l'autorisation s'adresse aux étudiants de toute religion, ce qui se déroulait dans la salle de prière de Liberty était une prière musulmane. Il n'y avait pas de salle de prière juive, ni hindoue ou bouddhiste au lycée Liberty. Y aura-t-il des salles de prière réservées aux étudiants d'autres religions dans le district scolaire d'Elk Grove ? Les étudiants musulmans seront-ils dispensés des cours aux heures de prière islamiques prescrites ? Les autres étudiants seront-ils de la même manière dispensés pour leur propre prière ou méditation ou que sais-je ?
Et que se passera-t-il si un étudiant afghan d'Elk Grove ne veut pas dire les prières islamiques obligatoires ? Après tout, ce sont des réfugiés qui sont censés fuir les talibans. On peut imaginer que certains ne voudront pas du tout prier, mais pourraient se retrouver, dans leur nouvelle école en Californie, dans une ambiance résolument talibane. Seront-ils poussés à prier par la perspective que d'autres étudiants réfugiés afghans les dénoncent à leurs parents ? La direction de l'école les poussera-t-elle à aller prier afin de pouvoir se vanter de son engagement pour la diversité et le multiculturalisme ? Et que feront les autorités scolaires si des étudiants chrétiens ou autres demandent une salle de prière et du temps également en dehors des cours ?
Les autorités merveilleusement diverses du district scolaire d'Elk Grove sont sans doute tellement occupées à démontrer leur engagement envers le multiculturalisme et empressées à accueillir les réfugiés qu'elles n'y ont pas mûrement réfléchi. Leur salle de prière islamique risque de créer plus de problèmes qu'elle n'en résout, mais lorsque cela deviendra évident, il sera trop tard, et les responsables de cette décision, chargés de récompenses et d'honneurs, jouiront d'une paisible retraite, laissant à leurs successeurs le soin de recoller les pots cassés.
Traduction libre Albert Coroz pour LesObservateurs.ch
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