En dehors de sa messagerie Twitter @tchetchene_270, d’un accès à Facebook, à WhatsApp et Telegram (messageries chiffrées), le djihadiste disposait aussi de deux comptes Instagram et d’un compte Snapchat, en lien avec une dizaine d’adresses e-mail. Sur Snapchat, Anzorov appartenait à cinq groupes de discussion, regroupant chacun entre trois et une quinzaine de membres. En majorité des jeunes hommes de son âge, vivant en France et majoritairement d’origine tchétchène. L’intitulé de deux de ces groupes était sans équivoque : « Jundullah » (« soldats d’Allah »), et « Chasseurs de Murtad/Mushrik » (« apostats » et « idolâtres »). Un autre, au nom anodin, « Étudiant en médecine », créé le 31 août 2020, véhiculait selon l’enquête « la rhétorique des djihadistes », regorgeant de termes comme « mécréants », « excommunication », « tyran impie », …
En fait, l’activité numérique d’Anzorov était presque exclusivement consacrée à son obsession pour le djihad. Et à la promotion, photos et vidéos sanglantes à l’appui, des combattants russophones – Tchétchènes, Tadjiks, Ouzbeks… – morts en « martyrs » au Caucase, en Syrie ou en Afghanistan.
Plus troublant encore, sa radicalisation violente est antérieure à ce qui en a souvent été rapporté jusqu’à présent. « Abdoullakh Anzorov avait déjà la volonté, dès la fin du mois d’avril 2020, de rejoindre une zone de combat et de faire la hijra [l’émigration en terre d’islam] », relate une pièce du dossier judiciaire que le JDD a pu consulter.
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La multitude des messages déposés par Anzorov sur les réseaux sociaux et, plus encore, leur contenu appelant au djihad contre l’Occident et les musulmans « hypocrites » ou « apostats » posent question : comment le terroriste en puissance a-t-il échappé à la vigilance numérique des policiers spécialisés ? Certes, Abdoullakh Anzorov était inconnu des services antiterroristes, et la plupart de ses messages alarmants étaient rédigés en russe, donc en alphabet cyrillique. Mais les images accompagnant certains d’entre eux étaient explicites. À tel point que son compte Twitter avait été signalé à plusieurs reprises auprès de Pharos, la plateforme gouvernementale en ligne chargée de recenser les messages contrevenant à la loi, en particulier ceux relevant de l’apologie du terrorisme. Ainsi, le 12 juillet 2020, puis à la fin du même mois, le compte d’Abdoullakh Anzorov était signalé à deux reprises. Sans effet.
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Le JDD – 11 Avril 2021
Via Fdesouche
Les experts qui ont signalé à 2 reprises à Pharos les contenus djihadistes violents n’ont peut-être pas averti les groupes antiterroristes ?
L’administraaaation est quelquefois prise en défaut !!