Avions de combat. Pourquoi achèterions-nous des avions français ?

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Avions de combat. Pourquoi achèterions-nous des avions français ?

Thucydide disait que l’histoire n’est qu’un éternel recommencement. Comment en douter après avoir entendu la Ministre française des Armées venue hier en visite à Berne pour faire l’article du Rafale. Le ton des élus français ne changera-t-il donc jamais ?

Selon Mme Florence Parly « L’avion de combat Rafale comme le système de défense aérienne  SAMP/T ont fait leurs preuves. L’industrie de défense et les armées française proposent aujourd’hui ce qu’elles savent faire de mieux pour protéger les citoyens suisses ».

Comme c’est gentil ! Mais Mme Parly, nous, ce que nous aimerions, c’est que la France cesse ses représailles contre notre pays par le biais de l’Union Européenne, qu’elle cesse de nous faire chanter pour nous forcer à abandonner notre souveraineté.

Ici, à quelques mois de la décision finale sur le choix du nouvel appareil on se demande encore comment il se fait que l’origine nationale de l’avion n’ait pas été soumise à la volonté du peuple. Parce qu’au vu de nos relations avec l’UE et du rapport de force qu’elle ne cesse d’exercer sur le peuple suisse, acheter ou non un avion d’origine européenne posait clairement une question politique. Pourquoi achèterions-nous des avions à de tels pays ? Qui n’ont aucun respect pour notre souveraineté.

Thucydide disait que l’histoire n’est qu’un éternel recommencement, en ce qui concerne l’achat des avions de combat il a à la fois tort et raison. Il a raison si l’on considère avec quelle arrogance et mépris nous traita la France lors des pourparlers qui précédèrent l’achat des Mirages en 1964. Il a tort si l’on compare la manière dont la presse traita l’affaire à l’époque et cette presse d’aujourd’hui si policée qu’on la croit aux ordres du Conseil fédéral. Tout un monde de différence dans lequel on pourrait croire que quelque chose a changé. Et certainement pas pour le mieux.

Mme Amherd notre Ministre de la Défense et le Conseil fédéral jouent gros sur cette affaire. Si l’on devait acheter un avion français ou européen sans que ne cessent les représailles de ces pays européens sur la Suisse, sans qu’il y ait une contrepartie politique tangible, nul doute que nombreux citoyens dans la population ne le comprendraient pas.

Voici ce que le citoyen suisse pouvait lire dans les journaux à propos des pourparlers sur l’achat des Mirages dans les années soixante, à une époque où les journalistes avaient encore à cœur la défense du peuple et de l’intérêt national.

 

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  1. Bates, dans la chronique "Optique genevoise" de la Tribune de Genève (Ndt. On croit rêver… !) du 17.11.1960, écrivait:

"II est clair que, dans ses démêlés avec les grands  pays, il n'y a qu’un terrain sur lequel la Suisse peut se défendre et au besoin riposter, c'est celui de l’économie. Le seul fait que nous ayons une monnaie intangible et que nous importons beaucoup plus que nous n'exportons nous donne un excellent tremplin de négociation. Si on ajoute à cela la force des capitaux (étrangers en grande partie) dont nous avons la gestion et l’attribution, on peut constater que nous disposons de certaines armes. Mais nous n'avons presque jamais su nous en servir. " Puis : "Cette passivité, cette sorte d 'humilité résignée ne sont certes pas approuvées de toute L’opinion publique. On voudrait le gouvernement plus ferme." Et encore : "On se demande si nous devons éternellement subir toutes les rebuffades sans riposter."

La chronique du 4 janvier 1961 reprenait le thème :  "Depuis plusieurs semaines le bruit courait de démarches suisses à Paris pour obtenir, en récompense de ce gros contrat, certains avantages économiques du côté français. Mais voici que les déclarations catégoriques de M. Petitpierre sont venues démentir ces rumeurs. De sorte que l’on ne comprend plus très bien, car cela semble signifier qu’on a passé cette énorme commande à une firme française sans obtenir en échange le moindre "quid proquo".

Sous le titre "Les Objections économiques sont-elles levées ?", le "Journal de Genève" du 30.12.1960 donnait les appréciations suivantes du choix de nos plus hauts magistrats : "Certains milieux français ont laissé entendre que la Suisse avait reçu des compensations commerciales importantes contre le contrat d'achat de cent avions "Mirage". On faisait en particulier état d'un abaissement des droits de douane sur les montres, d'une commande qui aurait été passée à une grande entreprise suisse et enfin de contingents supplémentaires pour nos exportations de fromage. Ces affirmations faisaient partie d'une propagande commerciale destinée à vaincre les scrupules de la Suisse. On n’arrive pas à en obtenir confirmation. Cette incertitude rend problématique la commande passée par la Suisse." Par ailleurs : "Si la décision du Conseil fédéral a provoqué des remous, c’est que la commande a été passée à un pays qui n'a jamais manifesté jusqu’ici de sympathies commerciales particulières à notre égard" et … "Dans le cas de la France, il s'ajoute à une série de désillusions qui faisait écrire à la Chambre de commerce suisse en France, dans son dernier bulletin : 'En cette fin d 'année il y a surtout un aspect des relations franco-suisses que nous désirons commenter, car il nous paraît essentiel pour leur développement. Ce climat n’est pas bon.' Si dans toute polémique les torts sont partagés, la balance des torts a penché jusqu'ici du côté de la France. C'est pourquoi il serait hautement souhaitable qu'on nous explique avec quelque précision ce qui a justifié le choix du Conseil fédéral. "

Dans I’article déjà cité de F. Bates, de la "Tribune de Genève" du 17.11.1960, ce journaliste reprenait en partie à son compte le réquisitoire dressé par R. Barde contre la politique d'intégration économique française :

"Par la seule volonté de la France, de nombreux secteurs de l’économie suisse sont menacés de ne plus pouvoir exporter à des conditions normales dans des pays tels que l’Allemagne et la Hollande. Ceux-ci seront en effet obligés, dès le 1er janvier 1961, d’élever souvent très fortement leurs tarifs douaniers. Rappelons, à titre d’exemple, que dans moins de deux mois le chocolat, traditionnel produit d’exportation suisse, devrait payer près de 30 % de douane pour entrer dans les pays du Marché commun, alors que le chocolat hollandais ou allemand n’acquittera aucune taxe douanière lorsqu’il sera importé en France, en Belgique ou en Italie."

"Tous les négociateurs qui se sont usés à chercher un terrain d 'entente ou de rapprochement avec la France ont abouti à cette conclusion unanime : qu'il s’agisse d’un traité de commerce de la zone de libre-échange ou d'un arrangement douanier, les représentants de ce pays sont plus intraitables que ceux d'aucune autre nation au monde."

L'éditorialiste de la "Feuille d'Avis de Lausanne" écrivait le 28.12.1960 (et résumait une situation qui pourrait sembler pareille à la nôtre aujourd’hui) : "La Suisse - comme la Suède - étant membre de l’AELE, le choix qu' elle fera aura immanquablement des incidences multiples dans un sens ou dans un autre. En s'arrêtant au "Mirage III" c'est de L’eau que la Suisse apporte au moulin de la CEE, alors qu'en choisissant le "Draken" (Ndt. avion suédois qui était alors en concurrence avec le Mirage français), aucun problème économique ne se pose, puisqu’il ne s'agirait que de la cession d'une licence de fabrication d’un pays de la zone de libre-échange à un autre pays de la même zone. C'est presque une affaire de famille, venant donner au monde la preuve que l’AELE n’est pas une vaine formule."

»

Amherd et le Conseil fédéral apporteront-ils (encore une fois) de l’eau au moulin de l’UE ? Plutôt que de raisonner en terme purement politique et de souveraineté conclueront-ils en sous-main des accords secrets dont nous ne saurons la vérité que dans 30 ans ?

On rappelle qu’en 1964 ce sont les Mirages français d’une France peu sympathique qui furent choisis, et au détriment d’un de nos alliés d’alors, la Suède, avec qui nous étions dans l’AELE et qui n’était pas encore entrée dans l’UE. Un même problème se posa à l’époque avec le Danemark qui refusa une usine Volvo de son partenaire suédois de l’AELE pour une usine Volkswagen d’un pays de la CEE. C’est sur des questions comme celles-ci que l’AELE a peut-être perdu ses chances de devenir une association de pays libres et véritablement indépendants. Le Danemark finira par entrer dans l’UE en 1973 et la Suède en 1995.

La question de savoir avec qui nous traitons ces énormes contrats de dépenses militaires est une question politique qu’on le veuille ou non, et le choix de la nationalité du fournisseur aurait dû être posée dès le départ aux citoyens de notre pays. Mais circulez cela ne vous regarde pas vous n’êtes que des citoyens.

Le Conseil fédéral et le parlement vont jouer gros dans les mois à venir. Entre l’accord cadre dont personne ne veut et ses représailles prévisibles par l’UE le peuple comprendrait assez mal que dans le même temps on passe commande à un de ses principaux états-membres, des avions de combat français en même temps que des mesures de rétorsions du fait du refus de l’accord cadre ne seront pas acceptés par beaucoup de monde.

Ou peut-être est-ce le moment de recommencer à s’ouvrir sur d’autres horizons ? Et d’aller chercher plus loin des fournisseurs et des partenaires commerciaux qui ne nous mettront pas le couteau sous la gorge, ni n’exigerons l’abandon de notre souveraineté, en même temps qu’ils souhaitent devenir nos fournisseurs !

Nul doute en tout cas que les conséquences seront bien différentes selon ce qui sera choisi. Et là, vu les circonstances avec cette UE qui nous menace sans cesse, on ne comprend toujours pas que ce choix de la nationalité du fournisseur ne soit pas véritablement entre les mains du peuple.

Michel Piccand

 

 

P.S.

En passant, une donnée souvent ignorée du grand public. La Suisse à le troisième taux d’attrition (nombre d’avions de chasse perdus par 100'000 heures de vol) le plus bas du monde après les USA et le Danemark.

 

8 commentaires

  1. Posté par Pépé Le Moko le

    Pourquoi achèterions nous des avions ?
    Nous n’avons plus rien a défendre, la plupart de nos industries sont en mains étrangères, nous sommes le paradis pour toutes les mafias criminelles et financières mondiales, nous abritons les diasporas les plus criminogènes, le peuple suisse disparait et bientot 10 millions d’habitants serrés comme des sardines qui se saignent a vie pour un trois pièce a 1 million en terre vaudoise.
    Si j’avais 20 ans je refuserais de défendre ce pays qui a tout bradé au nom du fric et des intérets des mondialistes, gauchistes et féministes .

  2. Posté par aldo le

    Les dés sont-ils déjà pipés pour le Rafale ? Puisque: https://www.lenouvelliste.ch/articles/suisse/surveillance-de-l-espace-aerien-la-suisse-choisit-le-systeme-skyview-du-francais-thales-867846 Espérons que le système n’est pas bridé parce que conçu exclusivement pour l’interception par le Rafale et qu’en plus les Français ne vont pas nous surveiller grâce à leur informatique. On se rappelle que lors de la guerre des Malouines les français vendeurs de matériel de guerre aux Argentins avaient fourni aux Anglais les instruments de neutralisation à distance de ce matériel.

    Toute cette gabegie est directement la faute du lobby Suisse sans armée. Sinon on pourrait tout développer en Suisse. Et si les fournisseurs étrangers de matériel militaires arrosaient ces imposteurs ? Voilà bien une question qu’il serait nécessaire d’approfondir avant de ne pouvoir plus vendre et fabriquer que des arbalètes. N’oublions pas que le matériel de guerre demande des compétences qui vont au-delà des activités routinières de l’industrie. Donc il apporte des progrès et profite même pour le civil, donc pour l’emploi très qualifié autres que les parasites de l’immigration de masse.

  3. Posté par freeman le

    En tant que citoyen français asservi à la sociale-démocratie européenne qui n’est ni sociale ni démocratique, j’admire les Suisses qui ont la meilleure démocratie du monde et la meilleure conscience citoyenne qui en est la condition première. Je les encourage à conserver leur identité et leur indépendance à l’heure où les pressions de l’EU.RSS soviétoïde, satellite du “Nouvel Ordre Mondial” totalitaire, écrase les identités libres et donc la démocratie même. Ne cédez pas à leurs pseudo bons sentiments et bonnes intentions dont leur enfer est pavé.
    Paul Claudel disait “Chaque fois que l’homme a cherché à créer un paradis sur terre, cela a toujours donné un enfer très convenable”.

  4. Posté par Gaston Davel le

    L’arrogance française n’a pas de limite. La France nous em…de par tout ou elle peut. La maffia Lyonnaise vient faire ses emplettes/casses chez nous, les frontaliers bloquent nos routes. Ont leurs paient le transport urbain et les parking en France ….! Elle detruit nos banques. Et quoi encore!?

  5. Posté par BullDetector le

    Quelle que soit l’issue de ce choix, il sera de toute façon très mauvais, dès lors que la meilleure solution, Sukhoï, n’est même pas envisagée…

  6. Posté par Anti-gaspi le

    La question principale: “avons-nous vraiment besoin d’avions de combat dans les circonstances actuelles ? ” Comme toujours ceux qui savent (ou croient savoir….) se rempliront les poches par les commissions qu’ils vont recevoir et que le bon peuple paiera sans sourciller.
    Puisque l’on parle de ces avions, en faisant abstraction de toute colère politique, le Rafale est de loin le meilleur. Néanmoins, je suis convaincu de l’inutilité d’un tel achat, alors que le gens se meurent du covid sans que toutes les mesures soient réellement prises pour lutter contre la pandémie. les intérêts politicomilitaires passeraient-ils avant tout le reste ?

  7. Posté par Arcesilas le

    Question: Vu l’état de ses finances publiques, vu l’état de son économie, vu les effets de l’euro sur ses grands équilibres, combien de temps la France demeurera-t-elle dans l’UE…?

  8. Posté par Chris le

    La France a besoin de vendre ses Rafales pour développer son nouvel avion de combat. C’est déjà un vieux modèle, certes un très bon avion mais connu pour sa voracité en maintenance. En bref, c’est un vieux clou. Il a 19 ans (mise en service). C’est un avion développé dans les années 80. Et je suppose que cela induira d’acheter le très coûteux et très inefficace armement français. La France est un pays déclassé, en voie de tiers-mondisation. C’est plié pour ce pays. De plus la France n’a jamais été un pays ami, bien au contraire. Le timing est extrêmement mauvais pour l’achat de ces avions: l’Eurofighter c’est le même problème que le Rafale, en pire et de plus il est moche, le F35 est actuellement un prototype avec énormément de problèmes. Reste le Hornet, c’est pas sexy mais cela fonctionne. Et autant acheter US, à choisir.

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