A Washington, l’armée a sifflé la fin de partie

post_thumb_default

 

La force contre les violences

De notre correspondant permanent aux Etats-Unis. – Les incendiaires, les vandales, les pillards sont encore à l’œuvre ici et là aux Etats-Unis, mais les différents brasiers qui enflammèrent le pays pendant plusieurs jours sont désormais en voie d’extinction. Les gouverneurs, les maires, les chefs de la police semblent avoir repris la situation en main même si des débordements peuvent encore surgir avec leurs cortèges d’affrontements et de violence. La loi et l’ordre ont récupéré leurs droits et finiront par avoir le dernier mot. La Garde nationale les a aidés en étant d’un précieux secours pour des policiers souvent débordés. L’armée également a contribué à cet apaisement. Près de 2 000 soldats de la 82e division aéroportée prirent position avec 14 hélicoptères autour de Washington durant 48 heures au cas où la Garde nationale ne suffirait pas. Ils repartirent pour leur base en Caroline du Nord sans être intervenus. Leur seule présence a servi de dissuasion : quand la force placée au bon moment et au bon endroit dispense d’utiliser la force.

Choc psychologique

Ce vieux dicton fut répété aux oreilles du président Donald Trump par Tom Cotton, sénateur républicain de l’Arizona, au moment où l’on avait l’impression, samedi et dimanche derniers, que tout le pays pouvait brûler. Cotton avait précisé que la Garde nationale ne serait peut-être pas suffisante et qu’il faudrait un « choc psychologique ». Ce fut l’armée. Trump engagea l’une et l’autre et encouragea tous les gouverneurs à garder la première opérationnelle jusqu’à ce que les cendres refroidissent. Il fut traité de dictateur et taxé de fascisme par une gauche plus haineuse que jamais qui, une fois de plus, voyait fondre un champ de manœuvre idéal dont les effets chaotiques auraient pu s’ajouter aux retombées pernicieuses du Covid-19. Dans ce travail de sape, la gauche ne resta pas seule. Elle fut indirectement approuvée par Mark Esper, l’actuel ministre de la Défense, et par quelques parlementaires républicains. Tous estimèrent que la montée en ligne de l’armée était de trop. Or, c’est précisément la décision qui a fait basculer la nature de l’embrasement initial. On sentit alors que la partie devenait très sérieuse.

Si les différents bilans de ce drame national, né d’une brutalité policière à Minneapolis, dans le Minnesota, ne peuvent encore être dressés, il est cependant possible d’en examiner les conséquences politiques. A chaud, un échantillon de 2 500 personnes a été interrogé par Morning Consult. En gros, trois Américains sur quatre soutiennent Trump et son emploi de la force, essentiellement représentée dans l’esprit des sondés par la Garde nationale. Proportion énorme qui confirme une vieille règle : au milieu des périls, une nation se regroupe autour de son chef à condition qu’il prenne des risques et fasse preuve de détermination. Mais ce sondage comporte deux autres indications dont la résonance pourrait durer jusqu’aux élections de novembre. Une majorité de démocrates (63 %) se montrent favorables à l’engagement de la Garde nationale et se rangent donc, en l’occurrence, derrière Trump. Une majorité d’hispaniques (54 %) se déclarent également partisans de l’utilisation de la Garde nationale dans de pareilles circonstances. Or, notons ceci : les démocrates (modérés) d’une part et les hispaniques (indécis) de l’autre constituent deux beaux terrains de chasse du trumpisme électoral.

Deux lieux de culte

Mais Trump ne pouvait rester au niveau strictement politicien. Il se devait d’aller plus haut, de dominer ces contingences, d’appeler au symbole. Et en même temps, il lui fallait capter les imaginations par le théâtral. Il choisit le spirituel, deux lieux de culte. Le premier fut la petite église épiscopalienne qui se trouve à deux pas de la Maison-Blanche. C’est la paroisse des présidents. Elle fut incendiée dimanche par l’émeute. Trump quitta à pied la Maison-Blanche, traversa le square Lafayette et se plaça devant les gravats calcinés, une bible à la main. Trois messages forts : le chaos n’a pas entamé le pouvoir légitime ; le sacrilège s’impose comme une atteinte à une liberté fondamentale ; enfin, la Bible : les Américains sont un peuple du Livre. L’autre geste eut lieu au sanctuaire catholique national de Washington. Trump y entra et s’y agenouilla avec Melania, la First Lady. Wilton Gregory, archevêque de Washington, en fut outragé : « démagogie », « indécence » et « politisation ». Connu pour son soutient aux groupes LGBT, Gregory ferait partie de la puissante mafia de prélats homosexuels. L’ancien nonce à Washington, l’archevêque Carlo Maria Vigano, l’a dénoncé vigoureusement comme un « faux berger ». •

Cet article A Washington, l’armée a sifflé la fin de partie est apparu en premier sur Présent.

 

Extrait de: Source et auteur

Suisse shared items on The Old Reader (RSS)

2 commentaires

  1. Posté par antoine le

    ” M. Trump visite la petite église épiscopalienne qui se trouve à deux pas de la Maison-Blanche. C’est la paroisse des présidents. Elle fut incendiée dimanche par l’émeute. Trump quitta à pied la Maison-Blanche, traversa le square Lafayette et se plaça devant les gravats calcinés, une bible à la main. Trois messages forts : le chaos n’a pas entamé le pouvoir légitime ; le sacrilège s’impose comme une atteinte à une liberté fondamentale ; enfin, la Bible : les Américains sont un peuple du Livre.”
    Les symboles ont une surprenante puissance !
    D’un côté vous avez des manifestants qui brulent, pillent et détruisent et de l’autre vous avez un Président qui fait tout pour être légitimement et légalement réélu !
    Il a tout mon soutien car le genre de manipulation des démocrates me fait penser à de mauvais jours tricheurs et menteurs … La gôche US est un repère de looser ! Elle-a-rit en tête !
    Rien de constructif pour le Pays, tout dans les magouilles avec les Antifas !!

  2. Posté par JDV le

    Super excellent, rien à rajouter, sauf que c’est un cauchemar pour tous ceux et celles qui ont souffert de ces émeutes.

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.