Michael Lauber, le caillou dans la chaussure de la justice suisse

Yvan Perrin
Ancien Conseiller national
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Michael Lauber, le caillou dans la chaussure de la justice suisse

Au fil du temps, il est devenu de plus en plus évident que Michael Lauber n'était pas à la hauteur de la fonction qui est la sienne, procureur général de la Confédération. Les fiascos se suivent et se ressemblent, le dernier datant de hier 21 avril 2020 avec la prescription dans un des nombreux dossiers ouverts en matière de corruption au sein de la FIFA. Les présumés innocents aux mains pleines n'auront pas à rendre de comptes quant à leur créative façon de gérer les millions du football. Tant mieux pour eux, tant pis pour notre pays qui maintient avec délice sa vieille indulgence face au crime en col blanc. On se souvient à ce propos qu'en pleine enquête au sujet de sa façon de conduire le Ministère public de la Confédération, Michael Lauber avait été réélu l'automne passé par le Parlement. Manifestement, ses compétences sont jugées suffisantes sous la coupole. Le secret du bonheur étant de se contenter de peu, on peut imaginer que la Suisse dispose de nombreux élus heureux. Chic !

Aujourd'hui, on apprend que Michael Lauber a fait recours contre la baisse de salaire que lui avait infligée l'autorité de contrôle du Ministère public eu égard à ses manquements. L'homme ne l'entend pas ainsi. Il a certes "délibérément" choisi de ne pas dire la vérité au sujet de ses rencontres avec le patron de la FIFA mais ce n'est que péché véniel. Il n'y avait pas eu de procès-verbal et la mémoire, ça joue des tours, comme nous le savons. En terme moins cire-pompes, on peut simplement dire que l'autorité de poursuite judiciaire suprême de notre pays a menti. Quel crédit peut-on lui attribuer aujourd'hui ? Mystère. On peut prendre cinq minutes pour se demander quelle pourrait être notre réaction face à des accusations soutenues par un menteur avéré. Pour ma part, je pense que cela ne passerait pas trop bien. Pourtant, notre homme considère qu'il fait son travail comme il se doit et conteste donc toute retenue de salaire.

Nous allons devoir subir Michael Lauber durant plusieurs années encore. Cela doit réjouir les autres prévenus concernés par les enquêtes menées dans le milieu du foot. Ils disposent de tous les arguments nécessaires pour faire traîner les procédures afin d'atteindre le jour bienvenu où il sera trop tard pour les juger. On espère que ces personnes auront le bon goût de manifester leur gratitude par l'octroi d'un passe VIP lors de la prochaine Coupe du Monde. En attendant, le contribuable continuera de financer une institution qui couvre la Suisse de honte parce que son patron a été réélu et est donc indéboulonnable tout au long de son nouveau mandat. Financer l'institution mais pas que, il faudra aussi régler les indemnités dues aux personnes que l'incurie de Michael Lauber a mis en droit d'en exiger. Finalement, on peut se demander si cet homme n'est pas un argument en faveur de l'adhésion de la Suisse à Bruxelles; on pourrait l'expédier à la Cour de justice de l'Union européenne. Au vu des jugements que ce cénacle rend, Michael Lauber présente toutes les qualités requises.

Yvan Perrin, 22.04.2020

 

 

 

Un commentaire

  1. Posté par Rikiki le

    C’était tellement prévisible que la justice suisse ferait tout pour disculper cette putain de mafia du foot qui génère tellement de millions. Qui peut donc être étonné ? Rien a changé depuis 2000 ans, les jeux du cirque sont tellement adorés par la populace que pas grand monde ne bouge.

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