De notre correspondante au Liban. – Selon les premiers résultats des élections, les « principalistes », une alliance formée par l’ensemble des courants conservateurs et ultra-conservateurs, dominent le scrutin (voir « Le tour du monde de Phileas Fogg », Présent d’hier). Une avance favorisée par une très faible participation due, selon les observateurs, à la peur d’une propagation du coronavirus dans les bureaux de vote et surtout à la disqualification de milliers de candidats, réduisant quasiment le scrutin à une bataille entre les courants proches des Gardiens de la Révolution. En effet, c’est près de la moitié des 16 000 candidatures qui ont été invalidées par le Conseil des Gardiens dans les jours précédant le scrutin, essentiellement celles de plusieurs milliers de réformateurs et de modérés.
A Téhéran, selon le porte-parole du comité électoral national Esmaïl Moussawi, l’alliance islamiste des « principalistes » a pris une avance non négligeable dès les premières heures du scrutin. La majorité des votes s’est portée sur les trois premiers noms de cette liste menée par Mohammad Baqer Qalibaf, ancien patron de la Police Nationale, membre des Gardiens de la révolution, ex-maire de Téhéran (2005-2017) et déjà trois fois candidat malheureux à la présidentielle. Du fait de la quasi-absence de candidats modérés et selon l’agence Fars, c’est surtout le boycott qui a prévalu avec moins de deux millions d’électeurs sur neuf millions d’inscrits qui se sont déplacés pour mettre un bulletin dans les urnes de la capitale. Toujours selon l’agence Fars, avec un taux de participation qui peine à atteindre les 43 %, soit le taux le plus bas depuis 1979 et l’instauration de la République Islamique, la coalition conservatrice a remporté plus de 80 des sièges, ce qui va rendre la fin du mandat du Président modéré Rouhani particulièrement difficile à gérer et provoquer un net durcissement de la politique intérieure et régionale de Téhéran.
Zohre Nosrat Kharazmi, professeur d’études américaines au sein de l’Université de Téhéran l’affirme : « La majorité qui se profile dans le nouveau parlement signifie un durcissement de la politique étrangère iranienne, notamment vis à vis des Etats-Unis. Les conservateurs islamistes ne soutiendront aucune négociation avec l’Occident. » Mohammed Hashemi, un analyste politique, abonde dans ce sens : « On peut affirmer sans crainte de se tromper que le 11e Parlement sera sous le contrôle des conservateurs, ce qui va considérablement compliquer le reste du mandat de Rouhani et conduira sans doute à de nouvelles tensions tant au niveau local qu’international. Ce nouveau parlement sera composé d’une grande majorité d’élus qui ont pris position contre l’accord sur le nucléaire de 2015. »
Enfin, selon le site internet du quotidien gouvernemental Iran, 17 femmes ont été élues dès le premier tour, et une 18e serait en ballotage favorable au second tour qui devrait avoir lieu dans au moins 11 circonscriptions, le 17 avril prochain. Le fort taux d’abstention n’a pas empêché le Guide Suprême de la Révolution, l’Ayatollah Ali Khamenei, de se féliciter « de la participation massive de la population aux élections. » •
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On peut douter dans ce pays totalitaire du respect du vote des iraniens. Quelles possibilités ont les iraniens de savoir s’il n’y a pas eu de fraude électorale?. C’est le propre des tyrannies. C’est très étrange dans ce pays où l’imposante jeunesse conteste de plus en plus que les islamistes remportent la partie.
De braves jeunes femmes iraniennes expliquaient sur la chaîne LCP comment la population pouvait supporter cette tyrannie. La réponse peut paraître étrange : “grâce à la poésie” ont-elles répondu. Mais en même temps on pouvait penser que le soutien de la poésie était préférable à
l’emprise ou la fascination que peut exercer la religion.