De notre correspondant permanent aux Etats-Unis. – La célèbre université Harvard, près de Boston, capitale de la Nouvelle Angleterre, vient de gagner un retentissant procès contre une association d’étudiants asiatiques qui l’avait accusée de « partialité raciale » dans sa politique d’admission. Dans ses attendus, le juge souligna en substance que, loin de tomber dans l’ornière des quotas de préférence raciale, l’université prend soin au contraire d’équilibrer les origines des candidats afin de conserver une diversité bienfaisante. La plaignante affirme, au contraire, qu’Harvard a fait preuve d’une évidente sélection basée sur la race et non sur le mérite. Sous prétexte que les Asiatiques représentent un quart des élèves d’Harvard alors qu’ils ne constituent que 6 % de la population des Etats-Unis, le responsable des admissions a cru bon d’en rejeter d’emblée quelques dizaines au profit de Noirs qui eux, avaient été rejetés après examen de leur dossier. D’où l’indignation des victimes.
La direction d’Harvard se fait certainement des illusions si elle croit, par cette victoire judiciaire, avoir enterré une bonne fois pour toutes le problème des quotas réservés, appelé ici Affirmative Action. D’abord, parce que cette pratique, que beaucoup traduisent idiotement par « discrimination positive », est devenue par ses débordements un véritable abcès au flanc de l’Amérique. Ensuite, parce que ce procès gagné à l’échelle du district fédéral pourrait être perdu en appel puis à la Cour suprême, car celle-ci a changé d’orientation politique depuis l’arrivée de deux juges désignés par Donald Trump. Donc, Harvard a joué aux apprentis sorciers : elle a exhumé un brûlot en pensant l’anéantir. Mais en quoi consiste cette Affirmative Action ? Dans les années soixante, les activistes ont estimé que la lutte contre le « racisme institutionnel » exigeait un appareil de même nature mais dont les objectifs seraient diamétralement opposés.
Ainsi, à l’hostilité des Blancs, on répondrait par une préférence pour les Noirs. A une discrimination supposée, on riposterait par une discrimination légale. A une injustice combattue par les textes, on répliquerait par un favoritisme établi par l’Etat. Cet appareil antiraciste par abus de langage s’est mué en instrument raciste par abus de politique. Affirmative Action touche tous les secteurs de la société. Dans le public, le privé, l’éducation, l’armée et jusqu’à la moindre association, les quotas se sont installés et triomphent. Le savoir et l’expérience se trouvent subordonnés à la couleur de la peau. On embauche 30 % de Noirs parce que la ville où se trouve l’usine compte 30 % de Noirs. C’est aussi absurde que cela. Les qualités personnelles se voient soumises au nombre. La proportion anéantit la compétence. Mais alors, que viennent faire les Asiatiques d’Harvard ? C’est une Affirmative Action au second degré. Ils avaient fait d’abord des Blancs leurs victimes. Ils sont à leur tour, par une implacable logique, victimes des Noirs. •
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