Des politiciens qui se remplissent les poches démasqués par Roger Koeppel
Le conseiller aux États Jositsch (socialiste) a 22 mandats supplémentaires qu’il n’a obtenus qu’une fois élu. En tant que conseiller aux États, il perçoit environ 145 000 francs bruts. Il touche, en outre, environ 150 000 francs pour un poste de professeur de droit pénal à l’Université de Zurich. Cependant – coïncidence curieuse –, il s’est mis en disponibilité pour un semestre pendant sa campagne électorale, « pour faire de la recherche », comme il l’a expliqué à la télévision. Le contribuable zurichois paie ce semestre de « recherche », pendant lequel il fait sa campagne électorale. Également président de la Société suisse des employés de commerce, Josotsch touche par ailleurs 102 700 francs bruts pour un travail à 30% seulement.
Le collègue de Jositsch au Conseil des États, Ruedi Noser (libéral-radical), a récemment déclaré à la Limmattaler Zeitung : « Être conseiller aux États du canton de Zurich est presque un travail à plein temps ». Mais cela ne l’empêche pas de s’imposer aussi 22 autres mandats, parfois extrêmement lucratifs.
Roger Koeppel, dans la Weltwoche, revient sur le cas de ces deux profiteurs et critique cette « charité bien ordonnée », qui commence par soi-même. Elle pervertit le système de milice et les personnes qui la pratiquent sapent la démocratie.
Politiciens achetés
Éditorial
Par Roger Köppel
Daniel Jositsch (PS) et Ruedi Noser (PLR) utilisent leur mandat de conseiller aux États pour se remplir les poches. Leur chasse aux petits postes nuit à la Suisse.
J’ai probablement donné un coup de pied dans la fourmilière. La semaine dernière, j’étais de nouveau invité à l’émission «Arena». Elle portait sur les élections du Conseil des États de Zurich où j’affronte les deux sortants, Daniel Jositsch et Ruedi Noser. L’émission menaçait de déraper lorsque j’ai exprimé mon étonnement que Noser et Jositsch aient respectivement accepté 22 postes supplémentaires, parfois fort bien rémunérés, en plus de leur mandat de conseiller aux États. Ils doivent uniquement à leur mandat politique la plupart, si ce n’est la quasi-totalité, de ces postes lucratifs qu’ils n’avaient pas avant.
L’atmosphère de bavardage auparavant badine est devenue bien vite glaciale lorsque la chasse aux postes s’est imposée au cœur des débats. Bien sûr, l’animateur m’a reproché d’avoir chamboulé le déroulement de son émission. Et à l’évidence, les quelques faits avancés mettaient mal à l’aise les deux personnes interpellées. Deux jours plus tard, nous avons disputé une autre manche dans la salle des chevaliers du Schloss Laufen am Rheinfall. Les petits postes ont redonné du grain à moudre. Et une fois de plus, Noser et Jositsch ont refusé de faire la transparence sur les revenus qu’ils tirent de leurs mandats supplémentaires, bien que le public le leur ait demandé.
Face à leur silence, la seule solution est de les estimer sur la base de recherches et de faits connus. Le conseiller aux États Jositsch a 22 mandats supplémentaires qu’il n’a obtenus qu’une fois élu. En tant que conseiller aux États, il perçoit environ 145 000 francs bruts. Ce mandat est considéré comme un travail à 70-80%. Il touche, en outre, environ 150 000 francs pour un poste de professeur de droit pénal à 60% à l’Université de Zurich. Cependant – coïncidence curieuse –, il s’est mis en disponibilité pour un semestre pendant sa campagne électorale, «pour faire de la recherche», comme il l’a expliqué dans «Arena». Bref, le contribuable zurichois paie le semestre de recherche pour campagne électorale de Jositsch dispensé de faire cours.
Le conseiller aux États Jositsch, également président de la Société suisse des employés de commerce, empoche à ce titre nettement plus qu’initialement supposé. Le Tages-Anzeiger a été obligé de faire des recherches. Pourquoi Jositsch ne publie-t-il pas de lui-même ses revenus? Il perçoit 102 700 francs bruts pour un travail à 30% seulement. C’est plus que ce que gagnent en un an de nombreux employés du commerce à temps plein. Le pré-prédécesseur de Jositsch, Alexander Tschäppät, semble presque modeste avec ses 80 000 francs par an. Tschäppät avait déclaré à la Confédération ne consacrer qu’un seul jour de travail par mois à sa présidence de la SEC. En dehors de cela, Jositsch exerce son métier d’avocat dans son propre cabinet. Il touche aussi, entre autres, des honoraires pour une affaire de 800 millions de francs concernant une fille du dictateur ouzbek. À cela viennent s’ajouter des expertises lucratives, estimées à quatre à cinq par an, rémunérées entre 30 000 et 50 000 francs.
Défendre autant d’intérêts est un délicat mélange des genres. Jositsch est membre du CA de deux sociétés immobilières privées et siège – en sa qualité de conseiller aux États de Zurich – aussi au CA de la société Stadtwohnung Bern AG. Par ailleurs, conseiller de l’Association des banques zurichoises, il représente les intérêts de la place financière de Zurich que combat son parti, le PS désireux de dépasser le capitalisme.
Le politicien PS Jositsch, capitaliste chasseur de postes, fait aussi son miel partout dans le secteur éducatif. Comme professeur d’université, le canton est son employeur. Membre du conseil d’administration d’universités et de collèges privés, il est aussi bien placé. Est-ce lucratif et à quelle hauteur? Mystère! Ce que lui rapporte son travail de membre du comité consultatif auprès de la société Comparis peut se chiffrer de manière précise: il y perçoit à chaque fois 2000 francs pour quatre séances par an, toujours le premier jour de la session, jour où il perçoit également son indemnité journalière complète de conseiller aux États. Une coiffeuse zurichoise, dont le PS de Jositsch défend les intérêts, doit couper les cheveux pendant 15 jours pour gagner l’équivalent de ce jeton de présence.
Au doigt mouillé, le conseiller aux États, président de la SEC, membre de multiples CA, avocat, spécialiste de la place financière et expert Jositsch arrive à une charge de travail d’au moins 250% pour tous ces petits postes.
Le collègue de Jositsch au Conseil des États, Ruedi Noser (PLR), a récemment déclaré au Limmattaler Zeitung: «Être conseiller aux États du canton de Zurich est presque un travail à plein temps». Mais cela ne l’empêche pas de s’imposer aussi 22 autres mandats, parfois extrêmement lucratifs. Lors d’un débat public organisé par la NZZ, Noser s’est félicité de ses nombreux postes «honoraires». Le fait est que depuis son élection au Conseil des États, le non-banquier Noser émarge, grassement payé, au CA du Credit Suisse Asset Management (Suisse) SA. Il siège, aussi avec jeton de présence, au CA de l’Association des sociétés anonymes zurichoises dont il représente les intérêts. Le Glaronnais polyvalent occupe également les fonctions de vice-président de la société allemande AMC International qui commercialise des ustensiles de cuisine, casseroles et poêles. Et il est président du CA de la société Naturli Zürioberland AG «La passion du fromage au lait cru».
Citons quelques autres postes rémunérés de Noser: membre du CA du fabricant de vélos électriques Mystromer SA, de Farmy SA, du cabinet de conseil en gestion Worldwebforum Beecom AG et de nombreuses filiales du groupe Noser. Si l’on fait le total des heures, y compris les mandats non rémunérés, l’hercule du PLR arrive à un volume de travail proche de 300%.
Entendons-nous bien, nous n’avons rien contre les politiciens engagés dans l’économie. Mais pourquoi doivent-ils se faire payer pour cela? Le problème n’est pas celui des parlementaires qui, en plus de leur fonction, continuent d’exercer leur métier et acceptent éventuellement l’un ou l’autre mandat dans un CA. Le problème, ce sont les politiciens qui améliorent à prix d’or leur charge politique avec des mandats supplémentaires tous azimuts, qui proposent délibérément leurs services et se laissent acheter comme des mercenaires dociles par de riches groupes de pression.
Le fléau des parlementaires achetés concerne tous les partis de gauche à droite. Mais comme l’a écrit à juste titre la NZZ, les politiciens coutumiers du consensus, agiles, au centre, toujours à la recherche de solutions, appréciés des médias, ont particulièrement la cote comme mercenaires. Les personnalités bien trempées et offensives font moins l’affaire.
La charité bien ordonnée qui commence par soi-même fait des dégâts. Les personnes qui la pratiquent sapent la démocratie. Elles pervertissent le système de milice. Ce qu’il faut, c’est de la transparence. Les chasseurs de petits postes doivent divulguer leurs rémunérations, indemnités journalières, notes de frais et indemnités forfaitaires. Les électeurs ont le droit de savoir si une personne doit son mandat lucratif dans un CA à sa compétence ou à sa fonction politique. Les politiciens qui pensent d’abord à leur porte-monnaie sont corrompus. Le plus grand ennemi de la corruption est la transparence. Que lumière soit enfin faite!
Ah quel plaisir !!! La gauchiasse-bobo caviar dans toute sa splendeur, un régal ! Un Picsou communiste :-), suis sûr qu’il roule à vélo pour aller à l’uni . Mouarffff qu’est-ce qu’on se marre.
Juste magnifique, évidemment, beaucoup se doutaient mais avaient de la difficulté à se faire entendre.
Comment nommer ces dérives ? Pourriture ?
Oui mais en bon homme de gauche, il consacre tous ses énormes revenus à aider plein de pauvres, et comme il ne lui reste presque rien, il vit dans un modeste appartement dans une zone pleine de diversité et ses enfants vont à l’école du quartier, les seuls Suisses de leur classe…..
Mais non, je plaisante !