Viticulture valaisanne. L’IVV nie la crise pour mieux cacher son incompétence

 

L’IVV nie la crise pour mieux cacher son incompétence

 

Bienvenue dans le petit monde des médias valaisans libres qui s’acoquinent avec l’association faîtière de la filière vitivinicole valaisanne!

 

Rhône FM a annoncé hier que les statistiques des ventes viennent contredire l’inquiétude ambiante quant à la santé de la viticulture valaisanne. Sur les six premiers mois de 2019, les ventes de vins blancs AOC Valais ont augmenté de 6,7%, les rouges de 3,1%. Yvan Aymon, le Président de l’interprofession de la Vigne et du Vin du Valais (IVV), à qui Rhône FM tend le micro de manière complaisante, en profite pour annoncer urbi et orbi que tout va bien dans le meilleur des mondes et que l’on aurait tort de s’inquiéter et de croire les « rumeurs » qui circulent en Valais depuis quelque temps sur « la crise des vins valaisans ». Il se réjouit en particulier du succès actuel du Fendant, qui a le vent en poupe. Cette couverture médiatique mérite plusieurs commentaires:

 

- Ces statistiques semestrielles portent uniquement sur les ventes en grandes surfaces, qui représentent certes un volume important, mais ne comptent néanmoins que pour 60% des ventes totales, le reste étant écoulé chez les privés et dans la restauration. Sans statistiques sur ces 40% restants du marché, toute interprétation est abusive et faussée.

 

- Il est de notoriété publique que les stocks actuels de 60 millions de litres mettent de facto la viticulture valaisanne dans la crise. L’augmentation très faible signalée pour les ventes en grande distribution du premier semestre 2019 ne change pratiquement rien à cette situation extrêmement inquiétante.

 

- Il est pour le moins curieux d’entendre le Président de l’IVV se vanter de la bonne santé du Fendant alors que, comme lesobservateurs.ch l’a expliqué dans son article du 18 août dernier (https://lesobservateurs.ch/2019/08/19/crise-de-la-viticulture-valaisanne-comment-livv-a-plonge-la-viticulture-valaisanne-dans-la-crise/), la politique de l’IVV depuis une dizaine d’années n’a eu de cesse de tuer le marché du Fendant pour le remplacer par des cépages alternatifs que le Valais n’arrive plus à écouler aujourd’hui, alors même que, simultanément, on ne produit plus assez de Fendant pour couvrir les besoins du marché.

 

- Il est également intéressant de noter que le Fendant est le vin qui se vend le moins cher en grande distribution depuis des années. Cela illustre le besoin de proposer aux consommateurs des produits répondant à leurs attentes en matière de prix plutôt que de vouloir, comme le fait l’IVV, maintenir à un niveau artificiellement élevé les prix payés aux producteurs de raisin.

 

- Il serait bon que les acteurs valaisans du vin se réunissent pour analyser la situation et trouver des solutions pour sortir d’une crise qui va laisser de nombreux acteurs sur le carreau. Au lieu de jouer à l’autruche, l’IVV ferait bien de jouer un rôle actif dans la recherche de solutions.

 

- On peut tout faire dire aux chiffres, comme le disait si bien Churchill (« Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées. »). En l’occurrence, l’IVV cherche à anticiper les critiques qui vont pleuvoir après les prochaines vendanges pour cacher ses erreurs stratégiques historiques et son incompétence.

 

- L’IVV et les médias valaisans manquent de clairvoyance sur le fonctionnement du cycle économique qui va du raisin au consommateur en passant par la bouteille. Chaque année, l’IVV recommande des prix planchers et des quotas pour le raisin vendangé en voulant faire croire que cela permet de réguler efficacement le marché. En réalité, comme les observateurs.ch l’a expliqué dans un article fruit d’une longue enquête sur le terrain (https://lesobservateurs.ch/2019/08/19/crise-de-la-viticulture-valaisanne-comment-livv-a-plonge-la-viticulture-valaisanne-dans-la-crise/), les deux seuls facteurs déterminants sont le prix  finalement payé par les consommateurs pour chaque bouteille vendue, ainsi que les volumes de bouteilles écoulées. A l’incompétence de l’IVV, qui ne comprend pas cette réalité économique de base, vient s’ajouter son hypocrisie puisque, selon nos informations, les professionnels de la branche savent parfaitement que certains membres de l’IVV eux-mêmes ne respectent pas les prix indicatifs, en particulier ceux qui n’ont toujours pas fini de payer la vendange 2018.

 

En conclusion, on attendrait des médias valaisans qu’ils accueillent avec un peu de sens critique les déclarations tonitruantes du Président de l’IVV pour mieux coller à la réalité du marché du vin valaisan.

La rédaction, 10.9.2019

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