Alors que depuis le début cette révolte des Gilets jaunes, c’est le drapeau tricolore, et souvent aussi le drapeau breton, qui s’affichait dans les cortèges, lundi à l’Arc de triomphe, nous avons eu droit au drapeau rouge. Sur les chaînes d’information continue, il était impossible d’échapper à ces deux drapeaux bolcheviques, décorés d’une faucille et d’un marteau, qu’agitaient deux communistes.
Certes deux communistes ne font pas le printemps du communisme, ni même une récupération de manifestation, en bonne et due forme. Il n’empêche que l’image de ce torchon, qui a été associé à tant de crimes et de génocides du XXe siècle, laisse une impression désagréable. Au moment où tous les médias aux ordres lancent une offensive pour discréditer la révolte populaire des Gilets jaunes, ces deux drapeaux, agités sous le nez des bourgeois des beaux quartiers, jouent sans doute leur rôle de repoussoirs, afin que les classes moyennes cessent de soutenir les mots d’ordre de la révolte « gauloise ».
L’offensive était relayée par Le Journal du Dimanche qui, dans sa dernière livraison, sous le titre « Mélenchon : la dérive qui inquiète », s’en prend, sur huit pages, à la collusion supposée entre Mélenchon (qui se refuserait à critiquer « les violences et les dérives antisémites et racistes » des rassemblements protestataires) et les Gilets jaunes, ainsi que le RN. Avec cette fable d’une récupération des Gilets jaunes par l’extrême gauche, et d’un ralliement de ladite extrême gauche aux thèses des Gilets jaunes, eux-mêmes infiltrés par la pire des extrêmes droites, le JDD pense procéder habilement : effrayer le bourgeois, en utilisant l’épouvantail Mélenchon. Affoler le bobo en brandissant le spectre d’un « front populiste » des extrêmes.
La vérité est plus simple : l’extrême gauche, qu’elle soit mélenchoniste ou communiste orthodoxe, n’a pas, dans la boîte à outils marxiste, la grille d’analyse pour comprendre ce qu’est cette révolution des ronds-points. Mais les adeptes du Grand Soir sont bien conscients que le moment est historique, et qu’ils risquent de disparaître, s’ils ne sont partie prenante en rien de ce qui se joue actuellement.
Que faire alors de ces deux drapeaux rouges ? Les jeter vite fait dans la poubelle de l’histoire, d’où ils n’auraient jamais dû sortir.
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