Correspondant permanent à Varsovie. – C’était le maillon manquant de la chaîne avec laquelle les souverainistes se préparent à ceindre l’Europe lors des élections européennes de mai, alertait le journal italien La Repubblica le 2 janvier. Le 9 à Varsovie, ce maillon sera construit par « les deux leaders des seuls partis de la droite populiste qui sont au gouvernement : Matteo Salvini avec la Ligue et Jarosław Kaczyński qui, avec le PiS, Droit et Justice, guide la Pologne depuis déjà quatre ans à la tête de la formation la plus conservatrice et la plus illibérale que ce pays ait jamais connue ». Affolés comme ils l’étaient, les gauchistes de La Repubblica en ont même oublié, outre le FPÖ qui gouverne avec l’ÖVP en Autriche, le terrible Viktor Orban, que le même Salvini rencontrait à Milan en août dernier et qui dirige, lui aussi, un pays à la tête d’un parti jugé par leur caste comme étant populiste, illibéral et ultra-conservateur.
Si cette rencontre varsovienne de Salvini n’a pas fait l’objet d’une confirmation officielle de la Ligue, elle a bien été confirmée en Pologne par la porte-parole du PiS. D’après les informations données dans la presse polonaise et italienne, c’est l’Italien Matteo Salvini qui aurait insisté pour rencontrer le Polonais Jarosław Kaczyński. Celui-ci, après certaines réticences dues aux bonnes relations de Salvini avec le président russe Vladimir Poutine, aurait finalement accepté l’idée d’un sommet informel après la venue à deux reprises, jusqu’ici tenue confidentielle, d’une délégation de la Ligue. Après tout, le Fidesz hongrois et son leader Viktor Orban entretiennent, eux aussi, de bonnes relations avec Poutine, ce qui n’empêche pas Pologne et Hongrie d’être les meilleurs alliés sous la direction des deux partis conservateurs.
L’objectif de la rencontre entre Salvini et Kaczyński, d’après les informations parues dans les médias, c’est de négocier une éventuelle alliance des droites conservatrices et patriotes pour les élections au Parlement européen du 26 mai prochain et, pourquoi pas, constituer après ces élections un groupe commun qui pourrait peser presque autant que le Parti populaire européen (PPE). Pour le moment, le Fidesz hongrois n’en serait pas puisqu’il appartient encore au PPE, mais cela pourrait changer avec la grande coalition probable entre PPE, libéraux, socialistes et extrême gauche pour continuer de dominer le Parlement européen avec un programme fédéraliste et progressiste. A moins que l’Autrichien Sebastian Kurz, dont le parti ÖVP est, lui aussi, membre du groupe PPE, et le Hongrois Viktor Orban ne parviennent à créer des ponts entre le centre-droit traditionnel et ce nouveau bloc des droites afin de renverser la majorité au Parlement européen en faveur des patriotes.
Dans ce contexte, une évolution se fait sentir au sein du PiS quant à l’attitude vis-à-vis du Mouvement national français et de Marine Le Pen. Alors qu’une victoire de la droite nationale française était jusqu’ici considérée, en raison de son tropisme pro-russe, comme contraire aux intérêts vitaux de la Pologne, on entend de plus en plus souvent des leaders du parti Droit et Justice expliquer que le Mouvement national n’est pas plus pro-russe que les autres grands partis français et que tout compte fait, étant donné l’évolution de Marine Le Pen et de son parti sur les questions européennes, il est sans doute possible de s’entendre sur l’essentiel, ce qui n’est pas le cas avec l’actuel gouvernement français et le président Macron.
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