C’est sous un ciel épais et gris que la session de la Cour d’assises de Paris s’ouvrait, mardi matin, à 9 heures 30 pour dix jours d’audience en vue de faire la lumière sur une affaire qui, en d’autres temps, aurait été ravalée au rang d’un triste mais banal fait divers. Mais voilà, les trois accusés, Esteban Morillo, Samuel Dufour et Alexandre Eyraud, à cause de leur proximité avec les Jeunesses nationalistes révolutionnaires et du mouvement Troisième Voie (tous deux dissous aujourd’hui), se présentent sous un jour politique qui colore ce procès d’une tonalité singulière.
Si Esteban Morillo, principal accusé, très sobre dans son costume sombre, est bien présent à la barre du tribunal à l’heure dite, encadré de ses conseils, Me Maisonneuve, père et fils, son comparse, Samuel Dufour, est absent. Les minutes semblent s’égrener lentement sur les murs rénovés du tribunal jusqu’à ce que la présidente du tribunal, Xavière Siméoni, décide de suspendre l’audience dans une indescriptible confusion, imprimant un tour pour le moins rocambolesque à ce procès balbutiant. Ce n’est qu’en début d’après-midi que le procès put reprendre, Samuel Dufour, suivi par son avocat et deux policier, se présentant enfin devant les magistrats. Le troisième accusé, Alexandre Eyraud est également présent. Commence alors l’étude de la personnalité des accusés. Celle de Morillo occupe la majeure partie de l’après-midi. Le jeune homme qui confesse avoir « changé » répond posément aux questions du magistrat sans se défiler. Du côté des parties civiles, représentées par Cosima Ouhioun et Christian Saint-Palais, on sent poindre une agressivité retenue qui donne une idée de la suite des débats. L’avocat général, Rémi Crosson du Cormier, n’est pas en reste qui reproche à Morillo de ne pas « assumer » ses actes.
La présidente de la cour (qui, naguère, enverra Chirac en correctionnelle dans l’affaire des marchés truqués de la ville de Paris) entend bien mener les débats sans s’en laisser compter par quiconque et surtout pas par les nervis « antifas » qui circulent entre l’extérieur du tribunal et la salle des pas perdus. C’est ainsi qu’elle insistera, malgré leurs absences dûment justifiées, pour entendre des témoins capitaux comme Serge Ayoub (souffrant), Stéphane Calzaghe (ex-mis en examen en vacances en Corse) ou Katia V., ancienne compagne d’Esteban Morillo (retenue professionnellement).
Après ces préalables procéduraux rituels, ce funeste 5 juin 2013, « le jour où cet antifascisme radical a rencontré le principe de réalité », selon les mots cinglants du politologue Christophe Bourseiller, va être enfin disséqué. Après le sang, hier, les larmes et peut-être la rage demain.
Aristide Leucate
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