Michel Garroté -- Un vieux souvenir me revient à l’esprit : en 1983, à l’occasion d’un reportage au Liban, plus précisément, lors d’un périple de nuit, depuis Beyrouth-Est jusqu’à Rosh Hanikra, j’ai vu et humé la ruine, les décombres, les cratères d’obus et une odeur persistante de poudre à canon et de cadavres. J’ai mis six heures pour parcourir une distance ridicule, un peu plus de 100 km.
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Six heures à cause des innombrables barrages de miliciens qui contrôlaient les véhicules à Beyrouth et dans ses faubourgs, à Tyr, à Saïda, et, encore ailleurs, dans le Sud-Liban. Je ne me souviens même plus des milices tant elles étaient nombreuses : les Forces Libanaises, la milice Amal du chiite Nabih Berri, les Druzes de Walid Joumblatt, l’Armée du Sud-Liban de Haddad, l’OLP, sans compter les soldats inutiles de la Force multinationale et ceux de l'inutile Finul.
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Aujourd’hui, en 2017, je reste persuadé d’une chose qui me semble capitale : les chrétiens libanais étaient, à l’époque déjà, trop divisés pour gagner. Ce vieux souvenir me revient à l’esprit quand je songe à la France d’aujourd’hui face à l’islam. Car les Français ne s'éveillent toujours pas. Ils râlent. C'est tout.
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Les Français, tous, râleurs et pas râleurs -- athées de culture à la fois judéo-chrétienne et gréco-romaine ; juifs et chrétiens croyants ou croyants et pratiquants -- sont à leur tour trop divisés pour gagner. Je me pose donc légitimement la question : la France de 2017, trop divisée, ressemblera-t-elle, bientôt, au Liban de la période 1975-1990 ?
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Il ne s’agit pas de me faire mousser, mais d’analyser un problème que j’étudie et que je traite depuis plus de trente ans et après avoir sillonné -- en prenant des risques concrets -- des pays musulmans, ni libres, ni démocratiques. Et je crois qu’il est nécessaire et urgent d’appréhender d’une part, l’islam en terre d’islam ; et d’autre part, l’islam en Occident. Car il s’agit, dans les deux cas, du même islam et du même coran.
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Le discours islamophile officiel ne changera rien à cette réalité et ne changera rien au bien réel syndrome "islamophobe" (islamophobie : inquiétude légitime face à l'islam conquérant et violent). En Occident, l’islam doit respecter l’ordre constitutionnel et laïc. Les zones de non-droit sont à remettre au pas, par la force légale et par le droit. Il semblerait que désormais, les Français dans leur grande majorité, pensent cela, comme en témoignent de nombreux sondages.
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Ainsi, selon un sondage Ifop, 60% des sondés pensent que cette l'islam a désormais trop d’importance en France. En 1989, 33% des sondés se disaient favorables à la construction des mosquées. Ils ne sont plus que 18% depuis 2012. Pour le voile dans la rue, les personnes opposées passent de 31% à 60%. Quant au voile à l’école, on passe de 75% opposés à 89%. Question : qu'attendent les Français, râleurs et pas râleurs, pour descendre dans la rue ?
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Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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Et vous, qu'en pensez vous ?