Premier test pour Trump : le nucléaire nord-coréen

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De notre correspondant permanent aux Etats-Unis. – Kim Jong-un, le dirigeant de la Corée du Nord, annonça au début de cette semaine que son pays mettait au point les ultimes préparatifs devant conduire au premier essai d’un missile balistique intercontinental porteur d’une bombe nucléaire qui pourrait frapper le cœur des Etats-Unis. C’est la première fois que le dernier Etat stalinien de la planète parle de mettre à l’épreuve un missile balistique intercontinental. On atteint, là, le dernier stade des engins apocalyptiques. L’annonce de Kim, troisième du nom, inquiète les spécialistes militaires à Washington qui ont dû noter, une fois de plus, les progrès de Pyongyang dans la sophistication de son arsenal destructeur. Quelle est la part du bluff dans ce coup de cymbales ? Ici, on reste prudent. Mais on sait maintenant que le dossier nord-coréen figurera en bonne place sur le Bureau ovale après le 20 janvier, c’est-à-dire après l’entrée en fonction officielle de Donald Trump.

La conférence de presse de mercredi

Au cours de la conférence de presse qu’il a tenue mercredi devant 250 journalistes – la première depuis sa victoire – le New-yorkais avait autre chose en tête que les obsessions vengeresses d’un totalitaire asiatique. Il voulait régler quelques comptes avec les représentants des médias, dont deux en particulier, la chaîne CNN et le site internet BuzzFeed, qui affirmèrent que les services secrets américains avaient remis à Trump un rapport ultra-confidentiel soulignant que les autorités russes possédaient désormais des moyens de pression sur lui potentiellement ravageurs pour sa présidence.

Il y serait question d’une rencontre ultra-secrète entre un avocat de Trump, Michael Cohen, et des officiels du Kremlin en août dernier à Prague. Seul problème : Cohen n’a jamais mis les pieds à Prague… Il y serait question également de photos montrant le futur président dans une chambre d’hôtel de Moscou en douteuse compagnie. Le fameux dossier, qui se voulait explosif, semble plutôt un révoltant montage ficelé dans le plus vil des mensonges. Le représentant de CNN à la conférence de presse eut le bec cloué par un Trump ulcéré qui lui lança : « Vous êtes les infos bidon ! »

Est-ce le dernier ou l’avant-dernier exemple de cette tentative de délégitimation dont le milliardaire est victime depuis son couronnement partisan à la convention républicaine de juillet ? Il reste moins d’une semaine à ses ennemis avant le couronnement, national cette fois, de Trump. Six jours, c’est beaucoup pour des subversifs haineux à qui tous les moyens de salir et d’intoxiquer sont bons. Conscient d’être une cible pour les vaincus, Trump bouillonne d’activités et trouve le temps de ferrailler pour sa dignité et de défricher pour prévoir. Les défis et les tests s’accumulent. Parmi eux, ceux initiés par l’insaisissable joufflu au nord du 38e parallèle. Trump vient de dire que jamais un engin catastrophique nord-coréen n’atteindra les Etats-Unis. On veut bien croire que le nouveau président utilisera les moyens dont il dispose pour placer sa riposte à la hauteur de sa promesse. Une promesse qui devra, tout de même, tenir compte du missile Taepodong 3, dont le rayon d’action est de 10 000 kilomètres, et du missile Taepodong 2, dont le rayon d’action est de 8 000 kilomètres. Traduction : l’Alaska et Hawaï sont d’ores et déjà à portée du feu de Pyongyang.

Comment l’éteindre ou le détourner ? Trump pourrait avoir à sa disposition trois leviers qui se situent bien au-delà de l’aide alimentaire et des sanctions économiques, deux scénarios dont l’inefficacité fut amplement prouvée au cours des mandats de Bill Clinton, George Bush et Barack Obama. Avec pragmatisme et lucidité, Trump évitera sans doute d’être le quatrième président à tomber dans ce double panneau.

– Premier levier : la Chine. La Corée du Nord dépend de la Chine comme un pendu dépend de sa corde. Kim ne pourrait s’engager dans une voie cruciale sans l’accord de Pékin. L’ouverture d’un front avec les USA est précisément une de ces voies. D’où l’idée de pressions sur la Chine pour qu’elle bride son protégé. Mais chaque pression a son coût. Trump acceptera-t-il des concessions sur les tarifs douaniers, l’expansionnisme céleste ou l’indépendance de Taïwan ? Tout le problème est là.

– Deuxième levier : les alliés. Surtout la Corée du Sud et le Japon. Trump aurait trois options. Il pourrait déployer une couverture antimissile qu’Obama avait promise à Séoul en plus des 30 000 soldats qui stationnent au sud du 38e parallèle. Il pourrait aussi multiplier les exercices navals avec les deux marines alliées et – troisième option – engager quelques escadrilles supplémentaires de B-52, bombardiers stratégiques, au-dessus du territoire de la Corée du Nord.

– Troisième et dernier levier : la frappe. « Si Trump veut couper la tête du serpent, il n’a qu’une chose à faire », estime Robert Kelley, ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique. « Bombarder Pyongyang. A court terme, l’opération montrera son utilité : une réaction de grande puissance dont la patience est à bout. Trop, c’est trop. Mais à long terme, le résultat de ce coup de force pourrait se révéler décevant. Car le serpent n’a pas qu’une seule tête. Kim a éparpillé son dispositif nucléaire. Chaque région du pays a sa part de missiles. La riposte des néostaliniens risquerait donc de déboucher sur une terrible escalade. »

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Kim Jong Un
Kyodo News via Getty Images

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