RTS: les mères de famille comparées à du bétail

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Le “famille je vous hais” intéressé de la radio d’Etat qui cherche à monter de toutes pièces une opposition exclusive et rédhibitoire entre crèche et vie de famille. Comme si les deux ne pouvaient pas être encouragées de concert… Une analyse incomplète qui reproche à l’UDC de sortir de nulle part un système qui existe pourtant dans plusieurs cantons où il existent encore quelques familles.

« Anciennement, la Suisse subventionnait ses vaches, comme UGB, unités de gros bétail. Aujourd'hui l'UDC veut faire à peu près la même chose avec les mères au foyer. Certes, la comparaison est excessive mais... » La RTS s'est une nouvelle fois fourvoyée dans sa vision étriquée et gauchisante d'un féminisme typiquement années 80. Alors que les femmes sont revenues depuis belle lurette des mimiques autoritaires d'une Mélanie Griffith dans Working girl, il y a encore des gens pour oser penser que les femmes, toutes les femmes, n'ont qu'un seul désir, abandonner leur gamin pour s'abîmer huit heures par jour derrière un écran d'ordinateur dans un working space aux relents de moquette usagée, entre deux méchantes plantes vertes et une photo de leurs gosses, pour se faire harceler à la machine à café par un feldweibel de sous-administration portant mulet et moustache grise sur la traditionnelle et inénarrable chemise rayée à manches courtes jaune et caca d'oie; et encore vous fait-on grâce de la description de la cravate. Et tout ça pour quoi, on vous le donne en mille, pour gagner suffisamment d'argent pour payer quelqu'un de cent fois moins qualifié que vous pour s'occuper de vos propres enfants, pouah !

Seulement voilà, comme à certaines époques il n'était pas permis de remettre en cause la magnanimité du grand timonier pour le travail qu'il vous imposait, il n'est pas permis de questionner le modèle de la femme qui bosse et du moutard casé dans une crèche dès les premières heures de sa vie, attendant tristement, entre deux crises de larmes, la scolarité et, accessoirement, la varicelle. Et après l'on s'étonne qu'ils nous poussent dans des EMS à 66 ans...

"Salaire" maternel

Il aura fallu au moins trois décennies à l'UDC pour comprendre que sa lutte contre l'immigration passait aussi par la natalité (les vases communiquant forcément entre eux) et que son combat pour le peuple devait passer par la famille. Or la crèche, ce n'est pas la famille, c'est son exact contraire, c'est l'usine. C'est précisément ce qui fera perdre au PDC, à terme, sa position privilégiée sur la famille: c'est que jamais la masse déductible des frais de garde d'enfants ne pourra suivre la montée vertigineuse des frais de crèche, conséquence de toute une succession d'exigences légales et des diplômes afférents. Soyons francs, la crèche coûte, dans les faits, beaucoup plus cher qu'elle ne rapporte. L'effondrement du marché du travail et du plancher salarial va pousser un nombre croissant de femmes à rester à la maison nonobstant la concurrence fortement déloyale entre la défiscalisation, au niveau fédéral, de la garde des enfants du fait de leurs parents ou de mercenaires, laquelle s'avère être... 10'000 fois supérieure; une paille. Pour ce qui est de l'impôt cantonal, dans un canton pourtant favorable à la famille comme le Valais, elle est la même, 3'000 francs. Ainsi le travail d'un mère, 365 jours par an, ne vaut pas plus de 3'000 francs, et, bien sûr, une crèche à temps plein ne coûte pas plus de 3'000 francs par an; bienvenue dans le monde de Oui-oui.

Vieux féminisme et nouvelle modernité

Au-delà de la vue très basse de Pascal Jeannerat, marteler que les mères au foyer sont du bétail à agrariens et qu'il faut à tout prix des places de crèches, comme on réclame des places de travail, des places dans les centres de requérants ou des place dans les prisons, est certes habile politiquement mais peu inspiré et surtout peu efficace. M. Jeannerat peine à masquer son rejet de la "famille traditionnelle", laquelle relèverait du "mythe" - un atterrissage dans le vrai monde s'impose d'urgence - de même que son dégoût et le mépris qu'il semble éprouver pour les mères de famille dont le dévouement est qualifié ni plus ni moins que d'activité propre à engendrer des "frais fictifs"; le tout dans une vision du monde qui confronte père et mère, mari et femme, comme deux ennemis héréditaires. Il faut avoir été particulièrement malheureux en famille pour partager pareil sentiment.

Avantages incontestables de la diversité

L'augmentation de la quote-part déductible des frais de crèche est une bonne chose, une excellente chose même pour les femmes qui souhaitent travailler, mais la crèche est très loin d'être la panacée. Encourager la construction personnelle, du père, de la mère, de l'enfant n'a que des avantages en termes d'épanouissement personnel, d'ancrage affectif, d'efficacité de l'éducation vers un meilleur équilibre de la psyché collective, laquelle tend par trop à s'étioler aujourd'hui. Les parents sont les plus à même d'offrir à leur enfant le taux d'encadrement et le degré d'attention dont il a le plus besoin pour se construire et se réaliser. Ce taux et ce degré sont inaccessibles, même en rêve, aux mamans de jour et autres stagiaires formées sur le tas, perdues au milieu d'enfants braillards et qui ne sont pas les leurs. Loin de nous l'idée de dénigrer le travail des professionnels de l'enfance, mais Salomon a déjà prouvé la différence viscérale d'approche entre la vraie mère d'un enfant et une personne qui ne l'est pas.

Encourager fiscalement le soin à l'enfant par un salaire maternel ne représente, là aussi, que des avantages et il faut avoir une bien curieuse vision du féminisme pour ne pas les voir: Valoriser le travail de celles qui ont fait le choix de se consacrer pleinement à leur enfant et à leur vocation de mère, surtout face à un mari qui pourrait s'avérer peu compréhensif, participer à l'épanouissement personnel d'un nombre incalculable de femmes qui, nonobstant les difficultés, ne veulent pas renoncer à vivre cette expérience intime, limiter fortement la pression sur des emplois à temps partiels dont le dénominateur commun est souvent la précarité, libérer des places de travail, alléger la fréquentation des transports pendulaires, encourager la formation continue à domicile et par conséquent augmenter le niveau d'éducation global des femmes, participer au regain de vie sociale de villages ou de petites communautés autrefois désertés, renouveler la démographie. Il y a quelques années, Pascal Couchepin, alors président de la Confédération, se plaignait des 13'000 naissances annuelles qui manquaient à l'économie et au maintien de l'AVS. Enfin, la chose est dûment démontrée, un enfant ayant fait l'objet de toute l'attention qui lui était nécessaire est moins enclin à sombrer dans la délinquance, les troubles psychologiques et la précarité, autant de problèmes pesant chaque jour plus lourd sur les frais de justice et police, de santé, sur les assurances sociales. Pour qu'un être soit fort, il faut qu'il ait été aimé, or l'amour, cela s'apprend en famille.

Etat-mère

Dans le monde de M. Jeannerat, la famille est un concept dépassé, l'Etat-providence doit suppléer à toutes les étapes de l'éducation et les parents doivent partir turbiner pour nourrir le grand Baal fiscal à grandes pelletées d'or. En effet, un couple dont les deux membres travaillent sera bien plus enclin à changer de tranche fiscale pour échapper à la subvention de l'assurance-maladie et surtout bien plus enclin à sortir du minimum pour jouir enfin du privilège de payer plus d'impôts. Que l'UDC prenne les mères pour du bétail ne semble pas exclure que la pensée qui lui fait face veuille à tout prix en faire des bêtes de sommes pour les changer enfin en vaches à traire.

La Suisse doit combler son retard abyssal dans la reconnaissance de plein droit de l'effort fourni, dans le secret de leur foyer, par ces milliers de travailleuses qui n'en sont pas moins femmes pour avoir décidé d'être mères. Si l'on peut déduire les prestations bénévoles aux œuvres d'utilité publique, au nom de quoi peut-on exclure celles qui se dévouent à l'oeuvre la plus utile et la plus essentielle qui soit, la création d'une société.

Dans moins d'un mois, c'est la fête des mères, que M. Jeannereat aille trouver la sienne et lui dise: « Maman, tout ce que tu as fait pour moi, ça ne vaut rien, ce sont des "frais fictifs"; bonne fête ! ».

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Un commentaire

  1. Posté par Laurent Zimmerli le

    De zéro à 10’000, ce n’est pas 10’000 fois supérieur, mais infiniment supérieur 🙂

Et vous, qu'en pensez vous ?

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