Ils ont moins de 30 ans et sont des Suisses d’ici. Depuis quatre mois, deux Romands sont en Syrie pour participer à la révolution socialiste de leurs «camarades kurdes».
Ici, ils devront tirer. Tuer. «On le sait, explique Benjamin. On ne s’engage pas dans une guerre sans être prêt à le faire. Je vais devoir tirer sur des gens, des ennemis. Qui vont mourir sous mes balles.» Venu du désert, l’aveu est glaçant. Et tout à fait raisonné. Et les rafales de kalachnikovs sifflant dans les deux sens, les deux camarades seront peut-être morts au bout de la bataille. «Cela aussi, on y pense, on en est conscient.»
Hors-la-loi en Suisse
Et s’ils survivent, leur retour en Suisse, ils y ont pensé? «Il est programmé, dans le courant de cette année.» Il faudra alors reprendre la route, marcher des heures pour passer la frontière à la merci des soldats la gardant, rouler des heures jusqu’à un aéroport. Puis rentrer. Sans se faire arrêter, puisque leur activité est, au sens de l’article 94 du Code pénal militaire, tout à fait illégale. Les précautions, le cryptage, l’anonymat, les réponses vagues sur l’aller comme le retour, c’est d’ailleurs surtout pour éviter les ennuis… en Suisse. Eux qui risquent ici jusqu’à 3 ans de prison ou une peine pécuniaire. «On sera discret, mais nous nous sommes également préparés à cette éventualité.»
Et puis il faudra se réhabituer à la Suisse, à l’Occident, après des mois dans le désert, au combat pour la dernière des révolutions socialistes. «Beaucoup de camarades internationalistes sont revenus sur le front. Chez eux, ils n’ont pas tenu. Nous, on verra bien…»
Révolutionnaire ou pas, ils risquent trois ans de prison… alors que le moindre pelé djihadiste retour au bercail ne risque pratiquement rien. Où est la logique ?